Rechercher
Rechercher

À La Une - Association

Embrace, pour mieux comprendre les maladies mentales

À l’occasion du lancement de l’association Embrace, affiliée à l’AUBMC, une campagne média, un gala et une importante exposition auront lieu jusqu’à la fin du mois d’octobre. Sous le slogan « Fikko el-3e2de », intraduisible en français, Embrace s’est fixé pour objectif de dépasser les tabous, sensibiliser, et plus encore, installer une véritable prise de conscience concernant les maladies mentales, encore sous-estimées, tues ou mal comprises au Liban.

Ara Azad (à gauche) et Ziad Nahas.

Il est 18h30 à Zaitunay Bay. L’heure incertaine où, en ce mois d’octobre, entre automne et hiver, le soleil commence à se retirer plus tôt, faisant souffler un petit vent agréable sur ce bord de mer chargé de promeneurs. Dans un magnifique espace brut, inattendu parmi tous ces cafés, deux hommes, les mains et les vêtements recouverts de taches de peinture, s’affairent à mettre le lieu en état de recevoir l’exposition «Embrace», éponyme de l’association qui vient de voir le jour. Le premier, peintre au grand cœur et talent, Ara Azad, en est le curateur. Le second, Ziad Nahas, l’un des fondateurs de l’association, n’est autre que... le chef du service de psychiatrie à l’Université américaine de Beyrouth.


Informel, tout en faisant son métier avec la précision exigée, le Dr Nahas, qui a pris cette responsabilité en août 2011, a donc retrouvé le Liban qu’il avait quitté en 1992 après avoir obtenu un diplôme en médecine à l’USJ. Son parcours a été jalonné d’arrêts, longues parenthèses où il tente de combler sa soif d’apprendre: 4 ans en tant que résident au Baylor College of Medicine, et des années de recherches inassouvies en imagerie fonctionnelle, stimulations cérébrales et neuropharmacologie à la Medical University of South Carolina. Ses recherches sur la stimulation cérébrale magnétique y ont été essentielles et ont permis d’aboutir à une méthode nouvelle et non agressive pour soigner les troubles dépressifs réfractaires. Une technique qu’il a importée au pays, le Liban devenant ainsi le premier au Moyen-Orient à la pratiquer. Depuis deux semaines, il a également introduit l’électroconvulsion focale, une technique qui ne se pratique que dans 2 endroits au monde, Beyrouth et son ancien laboratoire de sciences cliniques aux États-Unis.


Avec 300000 cas de dépression par an recensés chez les adultes libanais et la prévision qu’en 2020 la dépression deviendra la deuxième cause d’incapacité au monde, Ziad Nahas tente de réagir et d’imposer cette maladie, qui est à l’évidence bien plus qu’un simple trouble de l’humeur. Pour mieux la comprendre et mieux la guérir.

 


Faire avancer les choses
«Embrace, dit-il, a été fondée pour que plus aucun patient ne souffre de manque de soins ni de tous les silences qui entourent la maladie mentale, et qui sont souvent plus lourds que la dépression, l’anxiété ou la schizophrénie. Les maladies mentales, au même titre que celles qui concernent le corps, le cœur, doivent être soignées avec la même importance. Ces maladies touchent toutes les catégories sociales, tous les âges, et un Libanais sur 4 les subira durant sa vie, ce qui est énorme... Elles peuvent être dangereuses, voire mortelles, si elles sont mal ou pas traitées. Il faut modifier le regard sur ces maladies, d’un point de vue social et médical.»


La campagne médiatique, sous le thème «Fikko el-3e2de», lancée le 10 octobre, Journée mondiale de la santé mentale, à l’initiative du département de psychiatrie de l’AUBMC et en collaboration avec le ministère de la Santé, est la première campagne nationale de prévention des maladies mentales. La présence de Nayla Abou Haïdar Seikali, cofondatrice d’Embrace, elle-même victime de ce mal et surtout de l’incompréhension de son entourage, représente un précieux témoignage de l’état des lieux.


Nahas, également passionné par la peinture depuis de nombreuses années, a imaginé un événement à la fois médical, social et artistique. Une soirée de gala est ainsi prévue le mercredi 23 octobre, au Yacht Club de Zaitunay Bay, avec, pour les invités, la possibilité de visiter en avant-première l’exposition qui se tiendra dans le même lieu et qui sera officiellement lancée le lendemain. Ziad Rahbani fera également partie de la fête.

Intensité
«C’est par amour pour les beaux-arts, pour l’intensité du contexte et du sujet, pour la charge de travail et d’émotions qui y sont impliqués, et par amitié pour Ziad, que j’ai voulu mettre sur pied cette exposition», confie Ara Azad, les mains, presque naturellement, empêtrées dans sa palette de couleurs. Complicité évidente entre les deux hommes, ravis de finaliser ce projet commun. Vingt participants y prendront part, dont Nahas et Azad, et présenteront des œuvres très personnelles, tableaux, photos, ou encore installations: Rita Adaïmy, Hovig Afarian, Krikor Avessian, Melkan Bassil, Fulvio Codsi, Gilbert Hage, Rim el-Jundi, Maria Kassab, Ani Khatcherian, Semaan Khawam, Nathalie Labaki, Rafik Majzoub, Rita Saadé, Nadia Safieddine, Kabalan Samaha, Georges Zouein et les collaborateurs Feras et Amine.


La nuit tombée sur Zaitunay Bay, les deux amis, rejoints par nombre de volontaires et d’artistes, poursuivent la transformation des lieux, à la lumière d’un immeuble projecteur. Rien ne les arrêtera, pas même l’immense fatigue de ces dernières semaines. Il aura suffit d’un mot, «Embrace», tellement évocateur d’un geste et d’une cause, pour que cette fatigue soit vite balayée.

* L’exposition « Embrace » se tiendra jusqu’ au 7 novembre. Vernissage le 24 octobre à partir de 18 heures.



Lire aussi
Dramathérapie à l’hôpital pour maladies mentales et nerveuses de Fanar (Réservé aux abonnés)


Il est 18h30 à Zaitunay Bay. L’heure incertaine où, en ce mois d’octobre, entre automne et hiver, le soleil commence à se retirer plus tôt, faisant souffler un petit vent agréable sur ce bord de mer chargé de promeneurs. Dans un magnifique espace brut, inattendu parmi tous ces cafés, deux hommes, les mains et les vêtements recouverts de taches de peinture, s’affairent à mettre le...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut