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À La Une - Naufrage

Fuyant une Syrie "horrible", il perd sa femme enceinte et son fils dans les eaux maltaises

Ban souhaite "des mesures qui soient centrées sur la vulnérabilité et le respect des droits de l'homme des migrants".

La Méditerranée s'est à nouveau transformée en cimetière après le naufrage au sud de Malte qui a coûté la vie vendredi à des dizaines de migrants, en majorité syriens, huit jours après le drame de Lampedusa. REUTERS/Darrin Zammit

Pleurant à chaudes larmes et serrant dans ses bras sa fille de deux ans, Achour, l'un des survivants du naufrage survenu vendredi soir dans les eaux maltaises, a raconté samedi à l'AFP sa douleur après avoir perdu sa femme enceinte et leur fils.

 

"J'ai perdu presque tout ce que j'avais. Ce qu'il me reste, c'est ma fille dont je ne veux plus jamais qu'elle quitte mes bras", confie le Syrien à La Valette, dans les locaux de la police où il a été conduit après avoir été secouru en mer par un navire maltais.

 

Il explique que sa femme, enceinte de jumeaux, et lui, avaient décidé de quitter leur pays afin de s'assurer ainsi qu'à leurs deux premiers enfants - des jumeaux déjà - de deux ans, un avenir meilleur en Europe.

"Nous voulions que nos enfants aient un avenir. La situation en Syrie est vraiment horrible et ce n'est pas de cette vie que je voulais pour mes enfants, donc nous avons décidé de prendre le bateau", raconte Achour, dans un anglais approximatif.

 

Il ne s'explique pas ce qui s'est passé tout d'un coup une fois en mer, le bateau qui chavire et les passagers qui se retrouvent dans l'eau. "J'avais ma fille dans mes bras, je ne pouvais pas la lâcher. J'ai pu voir ma femme tenter de se maintenir à la surface mais elle ne savait pas nager. Et je n'ai vu mon fils nulle part", affirme-t-il en se remettant à sangloter.

 

"Maintenant, je n'ai plus qu'elle"

Achour a réussi à rester en vie en montant à bord d'un canot de sauvetage jeté à la mer par un navire maltais d'où il a tenté d'apercevoir sa femme et son fils qu'il avait perdus de vue, mais en vain.

"Maintenant, je n'ai plus qu'elle", dit-il en regardant sa fille dans les yeux.

 

Achour et sa fille font partie des 146 survivants du naufrage survenu au centre d'un triangle entre Malte, la Libye et Lampedusa, à 60 milles (environ 110 km) des côtes maltaises, et ramenés à la Valette par un bateau des forces armées maltaises. Cinquante-six autres réfugiés ont été secourus par un bateau de la Marine militaire italienne, qui faisait route samedi soir vers Porto Empedocle (Sicile).

En tout, ce sont entre 300 et 400 personnes, en majorité syriennes et palestiniennes, qui se trouvaient à bord de ce bateau, selon le haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR). Selon les chiffres officiels maltais, 33 corps, dont beaucoup de femmes et d'enfants, ont pour l'instant été récupérés, mais les recherches se poursuivaient samedi soir.

 

A la tête du HCR, Antonio Guterres a affirmé être "choqué" de voir que "des Syriens, après avoir échappé aux bombes et aux balles, puissent périr en mer alors qu'ils auraient pu demander l'asile" en Europe.

 

 

La Méditerranée se transforme en cimetière

Les réfugiés qui se trouvaient dans ce bateau se dirigeaient vers la petite île italienne de Lampedusa, près de laquelle des centaines de migrants, en majorité érythréens, ont retrouvé la mort huit jours plus tôt. 

Samedi, vingt nouveaux corps ont été remontés à la surface, portant le bilan à 359 morts et faisant de ce naufrage la pire tragédie de l'immigration en Italie depuis plus de 10 ans.

 

Selon les ONG, près de 20.000 migrants et réfugiés ont péri en tentant de traverser la Méditerranée ces 20 dernières années. Le Premier ministre maltais, Joseph Muscat, a ainsi déploré samedi que la "Méditerranée soit en train de devenir un cimetière".


Interrogé par le journal Times of Malta, le capitaine du bateau ayant secouru les réfugiés a confié qu'il faisait ce "travail depuis environ 10 ans et que cette opération avait été la plus difficile de toute sa carrière", "plus dramatique que toutes celles du même type" auxquelles il avait participé.

"Il y avait des centaines de personnes à la mer, certaines flottant sans vie", a raconté le major Russel Caruana à sa descente à terre. Il a ajouté que trois réfugiés, trop faibles pour supporter les dix heures de voyage en mer jusqu'à La Valette, avaient été héliportés vers Lampedusa.

 

Selon la marine maltaise, le bateau a été déstabilisé et s'est renversé lorsque les immigrants se sont agités pour attirer l'attention d'un avion militaire le survolant, en se déplaçant tous ensemble du même côté.

Des navires de secours et des hélicoptères ont été rapidement dépêchés sur place, et plusieurs navires commerciaux ont été déroutés sur les lieux de l'accident, tandis que les autorités italiennes envoyaient deux navires militaires et des hélicoptères qui ont pu lancer des canots de sauvetage pneumatiques.

 

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a souhaité samedi soir "des mesures qui traitent les causes profondes (de ces naufrages, ndlr) et qui soient centrées sur la vulnérabilité et le respect des droits de l'homme des migrants".

De son côté, le chef du gouvernement italien Enrico Letta a annoncé samedi soir à Mestre (nord-est), lors d'un débat organisé par le quotidien La Repubblica, l'envoi lundi "d'une mission humanitaire navale et aérienne italienne qui devra faire de la Méditerranée la mer la plus sûre possible".

 


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commentaires (2)

TRISTE HISTOIRE... COMME TOUT CE QUI SE PASSE EN SYRIE...

SAKR LOUBNAN

11 h 41, le 13 octobre 2013

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Commentaires (2)

  • TRISTE HISTOIRE... COMME TOUT CE QUI SE PASSE EN SYRIE...

    SAKR LOUBNAN

    11 h 41, le 13 octobre 2013

  • Dans son grand désarroi, ce pauvre Syrien a oublié de dire "cent fois sois-tu maudit Bachar le chimique" !

    Halim Abou Chacra

    10 h 17, le 13 octobre 2013

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