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À La Une - Sécurité

Le rétablissement du calme à Baalbeck, objet d’une nouvelle « coopération » entre l’armée et le Hezbollah

Une délégation du parti de Dieu s’est rendue hier à Yarzé.

La délégation du Hezbollah, présidée par le ministre Hussein Hajj Hassan, a été reçue à Yarzé par le commandant en chef de l’armée. Photo ANI

La ville de Baalbeck a repris son train de vie normal, après une fin de semaine troublée par des violents accrochages entre les deux familles sunnites Chiyah et Rifaï d’une part, et des éléments du Hezbollah, d’autre part. Ces affrontements avaient fait quatre morts et plus de dix blessés. Les échanges de tirs près du souk de Baalbeck étaient intervenus à la suite de l’arrestation mercredi dernier d’un Syrien à un point de contrôle routier du Hezbollah, qui avait suscité le vif mécontentement des deux familles Chiyah et Rifaï.


L’armée, qui maintient son déploiement dans la ville, a inhumé hier le soldat Mohammad Ali Solh, né en 1990 à Baalbeck. Blessé samedi par des balles de francs-tireurs, il avait succombé le lendemain à ses blessures. Le commandant en chef de l’armée, représenté à la cérémonie par le colonel Mouaffaq Machmouchi, a promis de « suivre l’affaire jusqu’à ce que justice soit faite ».
Le calme a été rétabli à Baalbeck à l’issue d’un accord entre les notables de la ville et son mufti cheikh Bakr Rifaï, prévoyant de confier le maintien de la sécurité à l’armée et de lui remettre tous les barrages sécuritaires établis à l’entrée et à l’intérieur de la ville.
Une étroite coopération entre l’armée et le Hezbollah a fait suite à cet accord.


Une délégation du Hezbollah, regroupant notamment le ministre démissionnaire de l’Agriculture Hussein Hajj Hassan et les deux députés de Baalbeck Ali Mokdad et Hussein Moussawi, s’est rendue à Yarzé pour examiner la situation avec le commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi. Les représentants du Hezbollah ont salué les efforts de l’armée pour rétablir la stabilité dans la grande ville de la Békaa. Le député hezbollahi Kamel Rifaï a fait état de « démarches sécuritaires et judiciaires en cours, qui visent à empêcher toute récidive ».

 


L’édification de l’État, « une règle du Hezbollah »
Pour sa part, le secrétaire général adjoint du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a qualifié d’ « incident personnel par excellence » les accrochages de Baalbeck, rappelant « la coexistence sunnite, chiite et chrétienne dans le pays ». « Même si le Hezbollah a été victime d’injustice dans ce cas précis, ayant été agressé à l’un de ses barrages, nous avons immédiatement jugulé la discorde », a-t-il souligné, se désolant de l’attitude de ceux qui « tentent d’attiser la discorde à partir de rien ». « Le Hezbollah continuera de faire de son mieux pour empêcher la discorde, en vertu de ses trois règles : la libération du territoire ; l’unité du pays ; l’édification de l’État ».


Sur ce point, des sources proches du parti de Dieu ont affirmé à al-Markaziya que leur commandement compte entièrement sur les services de sécurité officiels depuis les deux explosions ayant visé la banlieue sud, « d’abord pour éviter que la présence d’éléments du parti dans la rue ne serve de moyen de provoquer une discorde, et ensuite pour permettre à l’État de compenser ses manquements au niveau sécuritaire ».


S’agissant précisément des accrochages de Baalbeck, ces mêmes sources ont refusé de leur donner une dimension confessionnelle, liée à quelque tentative de liquider l’autre.
« Ces méthodes ne font pas partie des valeurs du Hezbollah ni de celles des habitants de Baalbeck », ont-elles insisté, faisant remarquer que les députés de la ville qui se sont rendus chez le commandant de l’armée ont transmis l’entière disposition du Hezbollah à coopérer avec l’armée pour traquer et arrêter les coupables.

 


Baalbeck n’est pas la banlieue sud
Ce déploiement militaire dans un bastion du Hezbollah rappelle le plan sécuritaire en banlieue sud, à quelques différences près. Le ministre démissionnaire de l’Intérieur Marwan Charbel a déclaré que « le plan sécuritaire mis en œuvre dans la banlieue sud sera élargi afin d’inclure les villes de Baalbeck et de Tripoli, grâce aux parties politiques qui appuient les services de sécurité ».
Mais le schéma n’est pas si simple.


Par exemple, certains observateurs du terrain tripolitain rapportent le scepticisme des responsables de la ville du Nord quant à l’efficacité du plan sécuritaire. Hier soir, un officier a été blessé par des échanges de tirs à Tripoli.
S’agissant de Baalbeck, l’avocat Hassan Rifaï, originaire de la ville et membre du bureau politique du courant du Futur, n’a pas caché ses doutes quant à la levée définitive des barrages du Hezbollah. « L’on peut voir des voitures garées au bord des routes et qui observent les passants, en guise de barrages », a-t-il souligné, signalant que les postes de contrôle du Hezbollah « n’avaient aucun but sécuritaire, à part celui de provoquer les citoyens, toutes communautés confondues ».

 


 « Les armes de la résistance vendues aux rebelles »
Rejetant en outre l’argument du parti de Dieu selon lequel Baalbeck est un couloir pour les rebelles syriens, Hassan Rifaï a affirmé que « celui qui a vendu les armes de la résistance à la révolution syrienne est un cheikh du Hezbollah : il n’est ni sunnite ni même habitant ordinaire de Baalbeck ». « Lorsque c’est le Hezbollah qui réprime une tribu chiite, ce n’est pas la situation sunnite qu’il faudrait examiner », a-t-il encore affirmé, rejetant tout propos sur une discorde sunnite-chiite.


En outre, des sources sécuritaires citées par le quotidien al-Liwa’ ont relevé la spécificité de Baalbeck par rapport à la banlieue sud. Dans la Békaa, le parti s’efforcerait à dépouiller de leurs armes les habitants qui ne lui prêtent pas allégeance et écarterait ceux qu’il suspecte d’être de mèche avec les rebelles syriens, ou ce qu’il appelle « les organisations terroristes ». C’est ce qui expliquerait la série d’arrestations opérées par le Hezbollah à Baalbeck à l’issue des accrochages, ainsi que les informations véhiculées en même temps sur une présence présumée de membres du Front al-Nosra dans la ville.


D’ailleurs, des sources sécuritaires ont affirmé au quotidien al-Joumhouriya que le parti de Dieu ne prévoit pas de se retirer de Baalbeck, d’autant qu’il s’apprêterait à l’heure actuelle à affronter les répercussions possibles aux frontières-est (Ersal-Baalbeck-Hermel) de combats intenses prévus en Syrie, précisément à Zabadani et Kalamoun, avec la participation du Hezbollah (voir par ailleurs).
Enfin, le 14 Mars, précisément le courant du Futur, a réitéré son appel à dépouiller le parti de ses armes. Pour la rencontre islamique réunie au siège de la Jamaa islamiya dans la Békaa, « il ne saurait subsister aucun doute sur le lien entre les incidents itinérants et les armes du Hezbollah ».

 

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