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À La Une - Liban - Crise

A Beyrouth, un secteur commercial sinistré

La commission parlementaire de l’Économie, du Commerce, de l’Industrie et du Plan s’est réunie hier pour examiner la situation du secteur commercial, qui accuse jusqu’à 90 % de pertes de son chiffre d’affaires dans certaines régions.

Le secteur commercial à Beyrouth a vu son chiffre d’affaires plonger de 30 % en trois ans, selon le président de la commission parlementaire de l’Économie, du Commerce, de l’Industrie et du Plan, le député Nabil de Freige.

« C’était le mur des Lamentations, a résumé hier le président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), Nicolas Chammas, lors d’un entretien avec L’Orient-Le Jour. J’avais tenu à ce que mes collègues régionaux soient présents à la réunion pour fournir en personne un compte rendu de la situation sur les trois dernières années. Ils ont communiqué des chiffres terribles. »


Hier, c’est avec le commerce que la commission parlementaire de l’Économie, du Commerce, de l’Industrie et du Plan a poursuivi sa série de rencontres, après s’être penchée la semaine dernière sur le dossier du tourisme. Le but : se réunir avec ses principaux représentants afin d’examiner diverses propositions et stratégies de soutien au secteur commercial.
Présidée par le député Nabil de Freige, la réunion a eu lieu en présence des membres de la commission, de M. Chammas, du secrétaire général de l’Association des commerçants de Tripoli, Ghassan Abel-Rahman Houssami, du président de l’Association des commerçants de Saïda et ses environs, Ali Charif, de ses homologues de Zahlé, Élie Chalhoub, de Nabatiyeh et ses environs, Wissam Badreddine, et de Baalbeck, Nasri Osman, du président des associations du Mont-Liban, Nassib Gemayel, et du représentant du directeur général du ministère des Finances.



La capitale, Baalbeck et Tripoli dans le rouge
« Les chiffres sont très alarmants. Nous observons une nette dégradation depuis les trois dernières années », a confirmé M. de Freige à L’Orient-Le Jour. « Ainsi, a-t-il poursuivi, les commerces de Tripoli ont vu leur chiffre d’affaires dégringoler de 70 à 90 % sur trois ans ; à noter qu’une étude du Programme de développement des Nations unies (PNUD) a récemment indiqué que près de 40 % des Tripolitains vivent aujourd’hui en dessous du seuil de pauvreté ... ».
« Quant aux commerçants de Baalbeck, ils ont vu leur chiffre d’affaires chuter de 70 %. À Beyrouth, ce chiffre s’élève à quelque 30 %. À Saïda, le recul, amorcé vers la seconde moitié de 2011, s’élève à 25 ou 30 % ; un centre commercial situé là-bas a récemment vu 17 de ses boutiques mettre la clé sous la porte », a indiqué M. de Freige.
« Et, pour leur part, les commerçants de Zahlé ont enregistré une chute de leur chiffre d’affaires de 15 à 20 %. Seule la région de Nabatiyeh s’en sort, relativement, avec une contraction de 5 à 7 %, en raison de la forte contribution des transferts des émigrés à leurs familles », a-t-il souligné.

 

(Pour mémoire : Des métiers qui ne payent pas de mine, mais qui payent... bien !)


Des pertes jugées « abyssales », selon M. Chammas. « Contrairement à ce qui a pu être dit, les régions périphériques n’ont pas bénéficié de l’afflux des réfugiés syriens. Elles ont, au contraire, souffert d’une concurrence corrosive », a-t-il dénoncé. Et de déplorer les nombreuses fermetures à Beyrouth et en province, conséquence de la crise politico-sécuritaire que traverse le pays.


Même son de cloche de la part de M. de Freige qui a, en outre, indiqué que la dette totale du secteur commercial auprès des banques s’élève à quelque 10 milliards de dollars et que beaucoup d’entrepreneurs se retrouvent aujourd’hui en difficulté.
« Effectivement, le secteur commercial a investi des milliards de dollars lorsque la conjoncture était prometteuse et s’est retrouvé dos au mur lorsque la situation s’est dégradée, a renchéri M. Chammas. Les commerçants croulent sous les dettes ; ils sont en souffrance. Voilà pourquoi nous avons appelé l’État à l’aide. »



Plus de flexibilité de la part de l’État et des banques
Dans ce but, les commerçants ont proposé une série de mesures pouvant les soutenir, du moins alléger leur fardeau.
Outre la demande, réitérée par tous, de la formation en priorité d’un gouvernement et du retour à la stabilité, les représentants du secteur commercial ont réclamé certains allègements de la part de l’État comme des institutions financières.


Dans les détails, les commerçants ont proposé un rééchelonnement de leurs impôts (dont principalement la TVA), qui s’élèveraient à quelque 2 000 milliards de livres, « ou au moins la suppression des pénalités de retard », a ajouté M. Chammas.

 

(Pour mémoire : La commission parlementaire de l’Économie au secours du tourisme)

 

Ils ont également plaidé pour plus de flexibilité de la part des banques. « Près de 6 à 7 % de taux d’intérêt sur une dette de 10 milliards de dollars représentent une somme significative. À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Nous avons plaidé notre cause auprès de la Banque centrale, qui s’est montrée coopérative ; nous espérons que les banques se montreront compréhensives », a déclaré M. Chammas.

« Il ne s’agit pas d’un traitement de faveur, a-t-il poursuivi, mais simplement d’octroyer au secteur commercial des facilités déjà accordées à d’autres secteurs (tourisme, industrie). Nous ne demandons pas une aide, mais une reconsidération de certains points afin d’être traités avec équité », a-t-il martelé.
« Pour un secteur qui emploie 27 % de la population active du pays et qui contribue le plus au produit intérieur brut (PIB), nous n’estimons pas être si bien lotis », a-t-il déploré.


« Le secteur commercial mobilise aujourd’hui 300 000 à 340 000 personnes. Il faut trouver impérativement des solutions, a affirmé, en conclusion, M. de Freige. Face à l’ampleur de la catastrophe, nous ne pouvons pas rester inactifs. Nous devons aider ces entreprises. »


Il convient de noter que la commission parlementaire de l’Économie, du Commerce, de l’Industrie et du Plan se réunira la semaine prochaine pour aborder, cette fois-ci, le dossier du secteur industriel.

 

 

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