Rechercher
Rechercher

Économie - Liban - Agriculture

L’Union européenne ouvre enfin ses portes à la pomme de terre libanaise

L’achèvement, en mai, du projet EuLebPot, qui a permis aux producteurs libanais de répondre aux standards de qualité européens, ainsi que le renforcement de la coopération entre le Liban, l’UE et l’Italie ont permis de mettre fin à l’ostracisme du Liban en tant que pays exportateur de pommes de terre.

Une conférence de presse a été organisée hier au ministère de l’Agriculture à Beyrouth afin d’annoncer le décollage des exportations libanaises de pommes de terre en direction de l’UE. Photo ministère de l’Agriculture.

Cela faisait des décennies que les agriculteurs libanais s’efforçaient d’exporter leurs pommes de terre en Europe. Maintes fois refoulés, en dépit des demandes réitérées de l’État libanais de lever l’embargo sanitaire de l’Union européenne (UE) sur la production locale, ils ont finalement obtenu gain de cause cette année.
La Commission européenne a, en effet, jugé que les pommes de terre libanaises répondaient aux standards européens en vigueur, et a publié le 30 juillet une décision d’exécution, notifiée sous le numéro 2013/413/UE « autorisant ses États membres à prévoir des dérogations à certaines dispositions de la directive 2000/29/EC du Conseil en ce qui concerne les pommes de terre (...) originaires des régions du Akkar et de la Békaa, au Liban ».
En vertu de cette décision, pour le moment maintenue jusqu’en 2015, le Liban exportera jusqu’à 50 000 tonnes de pommes de terre en Europe « introduites dans l’Union par des points d’entrée désignés, ce qui doit garantir des contrôles efficaces et une réduction du risque phytosanitaire », a souligné la Commission européenne dans la version détaillée de la décision d’exécution publiée dans le Journal officiel de l’UE.

 


La majeure partie des subventions provient de l’UE et d’Italie
À cette occasion, une conférence de presse a été organisée hier au ministère de l’Agriculture à Beyrouth, en présence du ministre de l’Agriculture, Hussein Hajj Hassan, du directeur général du ministère, Louis Lahoud, de l’ambassadrice de l’UE, Angelina Eichhorst, de l’ambassadeur d’Italie au Liban, Giuseppe Morabito, du conseiller du ministre de l’Agriculture, Salah Hajj Hassan, du directeur général du ministère de l’Économie et du Commerce, Fouad Fleifel, et de nombreux experts et responsables.


« Les restrictions imposées en 2000 sur le plan de l’importation visent à protéger la production européenne de pommes de terre des maladies (...). Mais, après un long processus comprenant l’échange d’informations et les visites sur le terrain, les experts européens ont décidé d’octroyer une dérogation exceptionnelle aux productions en provenance du Akkar et de la Békaa », a résumé Mme Eichhorst lors de son allocution.
L’origine des lots libanais devra être certifiée et ils seront soumis à des examens et des échantillons analysés de manière continue, a-t-elle précisé en substance, soulignant que le ministère de l’Agriculture devra, pour sa part, « mettre en place un certificat phytosanitaire à l’exportation ».
Des exigences que le ministre Hajj Hassan s’est dit prêt à remplir. Il a, en parallèle, mis l’accent sur le fait que « la majeure partie des aides financières au secteur agricole libanais provient de l’UE, qui subventionne actuellement nos programmes à hauteur de 14 millions d’euros, ainsi que d’Italie, qui, pour sa part, a financé nos programmes à hauteur de 5 millions d’euros ».

 


Le Liban longtemps inscrit sur la liste noire de l’UE
La décision de l’UE d’ouvrir ses portes aux pommes de terre libanaises intervient après un revirement amorcé en 2005-2006 avec la mise en place d’une commission chargée de se pencher sur le dossier libanais.
Un rapport d’une mission de l’Office alimentaire et vétérinaire de l’UE, effectué en mars 2006 au Liban afin d’évaluer la situation phytosanitaire de la production de pommes de terre, avait constaté « la présence d’un contrôle adéquat des plants de pomme de terre importés, tous originaires de l’UE (...) ainsi que d’un système sûr de contrôle des exportations. En outre, aucune interception de pommes de terre libanaises due à des organismes de quarantaine répertoriés par l’UE n’a jamais été signalée. La combinaison de ces facteurs offre des garanties considérables s’agissant de la situation phytosanitaire des pommes de terre exportées au départ du Liban ».
Précédemment, la pomme de terre libanaise avait longtemps été « blacklistée » par l’Europe en raison d’« une étude totalement erronée publiée en 1970 », qui a durablement porté préjudice à l’agriculture libanaise, selon M. Hajj Hassan, qui avait fait de ce dossier l’une de ses priorités en 2010.
Un an plus tard, le programme EuLebPot pour la mise en place de standards de qualité européens, afin de faciliter l’exportation de la pomme de terre libanaise, était lancé.


Partiellement financé par la coopération italienne à hauteur de 400 000 euros (contre plus de 180 000 euros pour le gouvernement libanais), EuLebPot a été lancé en juillet 2011 par le ministère de l’Agriculture, en partenariat avec l’Institut agronomique méditerranéen de Bari, en Italie (Ciheam-IAMB).
Notons que ce n’est pas la première fois que le ministère collabore avec l’IAM-Bari ; le projet « L’Olio del Libano » pour le soutien aux producteurs d’huile d’olive, lancé en 2009, est également le fruit de la collaboration de ces deux entités.
Plusieurs organismes libanais ont participé à EuLebPot, dont l’Institut de recherches agronomiques (IRAL) et les producteurs de pommes de terre de la Békaa et du Akkar (régions de mise en place du programme). À noter que la région de la Békaa, à elle seule, représente 80 % de la production de pommes de terre, suivie par le Akkar/Liban-Nord pour les 20 % restants.
À l’échelle italienne, le service phytosanitaire de la région d’Émilie-Romagne et les départements d’agriculture de l’Université de Modène et de Bari ont aussi participé au projet.

Cela faisait des décennies que les agriculteurs libanais s’efforçaient d’exporter leurs pommes de terre en Europe. Maintes fois refoulés, en dépit des demandes réitérées de l’État libanais de lever l’embargo sanitaire de l’Union européenne (UE) sur la production locale, ils ont finalement obtenu gain de cause cette année.La Commission européenne a, en effet, jugé que les...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut