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À La Une - Égypte

Retournement de situation : la justice ordonne la remise en liberté de Moubarak

De nouveaux cadres islamistes arrêtés ; le gouvernement égyptien à deux doigts de se retrouver seul face à la communauté internationale.

L’ancien président égyptien Hosni Moubarak est détenu à Tora, la même prison dans laquelle se trouvent également les dirigeants islamistes arrêtés dernièrement. Gianluigi Guercia/AFP

Un tribunal égyptien a ordonné hier la remise en liberté de Hosni Moubarak dans une affaire de corruption ; l’ex-président pourrait sortir de prison, mais son procès pour meurtres doit reprendre dimanche alors que se poursuit la répression féroce de l’armée contre les islamistes.


La date de sa libération éventuelle n’était pas claire hier après-midi et Moubarak, renversé après une révolte populaire début 2011, demeure poursuivi dans trois autres dossiers – dont un pour le meurtre de manifestants – pour lesquels il avait déjà obtenu une libération conditionnelle et doit comparaître libre.
Un tribunal a cependant jugé qu’il ne pouvait plus être gardé en détention préventive dans une dernière affaire, de corruption celle-là, qui le maintenait jusqu’alors derrière les barreaux. Selon la procédure judiciaire, il pourrait être libéré aujourd’hui, sauf si un nouveau chef d’inculpation était retenu contre lui. « Demain, il y aura une concertation avec le parquet général sur la question de savoir s’il est remis en liberté ou poursuivi pour d’autres chefs d’accusation », a précisé Mostafa Baz, chargé de mission du ministère de l’Intérieur pour les affaires pénitentiaires à la fin du procès.


Le jugement concernait un chef d’enrichissement illicite sous forme de cadeaux offerts par le principal organe de presse étatique, al-Ahram. Mais le « raïs » a remboursé la somme qu’il était accusé d’avoir perçue, 1,5 million d’euros, ce qui annule les poursuites, selon des sources judiciaires.

 

(Reportage : Porter la barbe et le niqab peut devenir dangereux en Égypte)

 


Badie et Cie
Ce coup de théâtre ajoute à la confusion dans le pays où près d’un millier de personnes ont péri depuis une semaine, pour l’immense majorité des partisans du président islamiste déchu Mohammad Morsi. Les militaires et les policiers se sont lancés dans une répression sanglante de leurs manifestations et arrêté plus d’un millier d’islamistes, dont les principaux dirigeants des Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi. En effet, au lendemain de l’arrestation du guide suprême de la confrérie islamiste Mohammad Badie, les forces de sécurité ont arrêté d’autres figures islamistes : Mourad Ali, le porte-parole du Parti de la liberté et la justice, vitrine politique des Frères qui avait remporté les premières législatives et présidentielle libres du pays, et Safwat Hegazy, un influent prédicateur islamiste, fervent soutien de M. Morsi.

 

(Portrait : Mohamed Badie, le Guide suprême et pragmatique des Frères musulmans)

 

Le guide suprême et ses deux adjoints, Khairat al-Chater et Rachad Bayoumi, doivent comparaître dimanche pour « incitation au meurtre » de manifestants anti-Morsi qui attaquaient le QG des Frères musulmans au Caire le 30 juin, journée de mobilisation massive contre le président destitué. M. Badie a réfuté les accusations portées contre lui lors de son premier interrogatoire hier. Sa confrérie a nommé pour le remplacer Mahmoud Ezzat, un partisan de la ligne dure.


Des figures politiques et religieuses ont été associées au coup militaire du 3 juillet, mais depuis, la principale figure libérale du nouveau pouvoir, le Prix Nobel de la paix Mohammad el-Baradei, a démissionné de son poste de vice-président et l’imam d’al-Azhar, plus haute autorité de l’islam sunnite, s’est désolidarisé de la sanglante dispersion des rassemblements pro-Morsi au Caire.

 

 

(Lire aussi : Les Européens haussent le ton, mais pas trop, contre le nouveau régime égyptien)


Violences
En une semaine, au moins 970 personnes ont péri dans les heurts entre pro-Morsi et policiers et soldats, selon un décompte de l’AFP, incluant 102 policiers tués, selon une source officielle. En outre, une vague d’attaques d’islamistes a visé de nombreuses églises et des commerces et maisons de coptes, notamment dans le centre du pays. Alors que la féroce répression contre les Frères musulmans fait craindre un retour des islamistes à la clandestinité et une radicalisation de leur frange la plus dure, 45 personnes ont péri depuis une semaine dans le Nord-Sinaï, dont 25 policiers tués lundi, l’attentat le plus meurtrier depuis des années dans cette région instable frontalière d’Israël et de la bande de Gaza. Hier, un dignitaire bédouin pro-armée y a été abattu.


Sur le plan diplomatique, le torchon brûle entre Ankara et Le Caire, qui a prévenu que sa patience était « proche de sa limite » après que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a estimé qu’Israël était derrière la destitution de M. Morsi.
Le secrétaire général adjoint de l’ONU pour les Affaires politiques, Jeffrey Feltman, a de son côté entamé une série d’entretiens avec les autorités égyptiennes et des responsables des Frères musulmans.

 

 

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Commentaire

C’est l’autoritarisme qui pose problème, pas l’islam !

 

Un tribunal égyptien a ordonné hier la remise en liberté de Hosni Moubarak dans une affaire de corruption ; l’ex-président pourrait sortir de prison, mais son procès pour meurtres doit reprendre dimanche alors que se poursuit la répression féroce de l’armée contre les islamistes.
La date de sa libération éventuelle n’était pas claire hier après-midi et Moubarak, renversé après...

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