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À La Une - Éclairage

Un point de vue sur les agissements du parti de Dieu

Des scènes incroyables se sont déroulées ces derniers jours dans une relative discrétion. Les convois de blessés des membres de l’Armée syrienne libre et du Front al-Nosra sont passés par les régions que leurs formations bombardent régulièrement, sans être le moins du monde inquiétés. Ils ont d’ailleurs, à certains moments, croisé – ou presque – les convois formés pour les funérailles des combattants du Hezbollah morts à Qousseir, et les participants à ces funérailles se sont bien gardés du moindre mouvement d’humeur, que ce soit à Hermel ou à Baalbeck, selon le témoignage du député Kamel Rifaï. Plus encore. Le Hezbollah a lui-même assuré le transport de 35 blessés dans ses propres ambulances en raison de l’appréhension de certaines organisations humanitaires concernant le passage dans les régions chiites. Les témoins de ces scènes racontent d’ailleurs la surprise mêlée de crainte des blessés de l’opposition syrienne en se voyant escortés par ceux-là mêmes qu’ils combattaient à Qousseir. Ils ont d’ailleurs cru un instant que le Hezbollah les enlevait pour les massacrer en toute tranquillité, mais ils ont vu clairement qu’il ne faisait qu’assurer leur transport jusqu’aux hôpitaux du Nord. De plus, le convoi des 35 blessés devait passer par la route de Hermel qui mène vers Kobeyate, mais la tribu Jaafar, qui a deux personnes enlevées en Syrie par l’opposition syrienne, a refusé de les laisser passer en bloquant la route, et le convoi a dû emprunter une autre voie qui va de Baalbeck à Denniyé.

 

Interrogés par les organisations humanitaires et par les blessés eux-mêmes sur la raison d’un tel acte, les combattants du Hezbollah se sont contentés de répondre : « Notre religion nous impose d’agir ainsi. Nous n’avons pas le droit de toucher aux blessés. Ils doivent être emmenés vers les hôpitaux. » Certains médias vont sans doute dire que le Hezbollah a fait ainsi un grand coup de communication. Mais en réalité, l’opération s’est déroulée dans la plus grande discrétion et le Hezbollah n’a fait aucun tapage sur le sujet. De plus, il n’a certainement pas agi ainsi dans l’espoir de modifier les croyances des blessés et de les gagner à sa cause, sachant que ces blessés se sont battus en grande partie par conviction. Il s’agit donc, de la part du Hezbollah, d’une opération effectuée en toute connaissance de cause, pour des raisons à la fois religieuses et morales. Par honnêteté, il faut se demander combien d’autres formations sont en mesure d’agir ainsi. Et si la situation était inversée, quelle aurait été l’attitude des combattants de l’opposition syrienne s’il fallait laisser passer des éléments du Hezbollah blessés vers les hôpitaux du Hermel et de Baalbeck ? La question mérite d’être posée dans ce climat de haute tension confessionnelle et face à la campagne de dénigrement du Hezbollah qui connaît actuellement un regain d’intensité.

 

(Pour mémoire: Les blessés syriens de Qousseir affluent vers les hôpitaux de la Békaa)

 

Ses adversaires politiques au Liban ne veulent lui reconnaître aucune qualité et l’attendent au tournant à la moindre faute. C’est sans doute la règle en matière de lutte politique, et quelque part, c’est de bonne guerre, mais certaines vérités doivent quand même être dites, ne serait-ce que pour redonner un peu d’espoir aux Libanais effondrés devant l’ampleur du fossé qui sépare les deux principaux camps du pays.
Le Hezbollah a donc fait preuve, aux moments-clés, d’une rectitude morale certaine. Il faut se rappeler mai 2000 et le retrait des troupes israéliennes du Liban de façon précipitée, laissant derrière eux des alliés qui n’ont pas eu le temps de fuir. Le président de la République de l’époque Émile Lahoud raconte comment le président français Jacques Chirac lui avait proposé l’envoi d’une unité militaire française spéciale, dans le cadre de la Finul, pour protéger les villages chrétiens d’éventuelles représailles ou règlements de comptes, tant il craignait, et avec lui la communauté internationale, le triomphalisme et la vengeance du Hezbollah. Mais les soldats français ne sont pas venus et aucun incident n’a été enregistré...


Aujourd’hui, le Hezbollah est attaqué de toutes parts, localement, régionalement et internationalement, parce qu’il a combattu aux côtés des forces du régime à Qousseir et surtout parce que cette participation a contribué à la victoire de l’armée syrienne dans cette province. Mais comme l’a relevé le ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour, citant l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Lakhdar Ibrahimi, 40 États sont impliqués dans la crise syrienne et envoient des combattants sur place. Pourquoi, dans ce cas, les critiques sont-elles uniquement adressées au seul Hezbollah ? D’autant qu’au début de la crise, le Hezbollah a déployé des efforts pour faciliter un dialogue entre le régime et l’opposition. Il n’est intervenu militairement qu’il y a un mois, lorsqu’il s’est senti visé par la progression des combattants takfiristes à la frontière avec le Liban et alors qu’il a découvert le plan visant à organiser une sorte de bande frontalière (à la manière de celle créée par les Israéliens en 1978 au sud du Liban) qui s’étendrait de Ersal jusqu’au Akkar et qui serait sous le contrôle de l’opposition syrienne, laquelle n’a d’ailleurs pas été avare en déclarations hostiles à son égard. Des sources proches de ce parti estiment aussi que la communauté internationale était favorable au début à la politique libanaise de distanciation, convaincue que le régime syrien s’effondrerait rapidement. Mais lorsqu’il s’est avéré que ce processus prendrait du temps, elle n’en a plus voulu, encourageant les parties favorables à l’opposition syrienne à utiliser le Liban comme base arrière. Mais maintenant que la frontière, du côté syrien, est pratiquement verrouillée par le régime, elle pousse de nouveau vers le retour à la politique de distanciation... Les mêmes sources ajoutent que, comme toujours, c’est la politique des deux poids, deux mesures, mais le Hezbollah, lui, préfère ne pas se sentir concerné, se défendant quand il se sent stratégiquement menacé et cherchant à éviter les confrontations internes.

 

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