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À La Une - Révolte

Londres et Paris n’excluent pas d’armer « vite » les rebelles syriens

Washington « soutient » l’UE pour la levée de l’embargo sur les armes ; pour Damas, c’est « un obstacle » à la paix.

Salqin, dans la région d’Idleb, a été partiellement détruite par les raids aériens des forces du régime Assad.  Muzaffar Salman/Reuters

Dans un contexte d’enlisement du conflit en Syrie, qui a déjà fait plus de 94 000 morts depuis mars 2011 selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), l’Union européenne a décidé de lever l’embargo sur les armes pour les rebelles.
Plus encore : le Royaume-Uni et la France n’ont pas exclu hier d’armer ces rebelles avant le prochain sommet des chefs de la diplomatie européens prévu le 1er août, tout en précisant ne pas avoir encore pris de décision sur la question. Le secrétaire au Foreign Office William Hague a ainsi déclaré que son pays n’avait pas à attendre jusqu’à la date du 1er août pour prendre une décision sur l’armement des rebelles. Il a indiqué que Londres considérait qu’il n’était « pas exclu » d’armer les rebelles avant août, tout en ajoutant cependant que son pays n’agirait pas seul s’il choisissait d’aller dans ce sens.

 

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La France a annoncé peu après qu’elle se réservait elle aussi le droit d’armer rapidement les rebelles syriens avant le prochain sommet des chefs de la diplomatie européens, mais qu’elle n’avait encore pris aucune décision en ce sens. Le porte-parole du Quai d’Orsay Philippe Lalliot a déclaré qu’il espérait qu’une solution politique pourrait être trouvée d’ici là, notamment dans le cadre de la conférence Genève 2. À la question de savoir si la France pourrait livrer des armes avant le 1er août si nécessaire, il a répondu : « Oui. » « La décision de lever l’embargo n’est pas nécessairement une décision de livrer des armes », a-t-il toutefois souligné, ce qui laisse penser qu’une action concertée de la France et la Grande-Bretagne pourrait ne pas intervenir dans des délais proches.
« Le vrai sujet est celui de la traçabilité des armes. Si nous décidions de livrer des armes, ce sera à des groupes que nous voulons voir promus dans la Syrie de l’après-Assad. Ça pose la question de la structure militaire de l’opposition syrienne », a poursuivi Philippe Lalliot.

Approuve vs désapprouve
Les États-Unis, qui refusent de livrer des armes, ont approuvé la décision de l’Union européenne. « Même si la décision en revient en dernier ressort à l’UE, nous soutenons l’assouplissement de l’embargo sur les armes comme une partie des efforts de la communauté internationale pour faire la démonstration de son appui total à l’opposition syrienne », a déclaré le porte-parole adjoint du département d’État, Patrick Ventrell. Un avis qui n’est pas partagé par le Canada.
De leur côté, les rebelles ont accueilli avec circonspection la décision de l’UE. Louay Safi, un porte-parole de la Coalition nationale de l’opposition syrienne réunie à Istanbul, l’a qualifiée de « pas positif » tout en disant craindre qu’elle ne soit « insuffisante et qu’elle n’intervienne trop tard ». « On espère que ce sera une décision effective et non pas des paroles », a de son côté souhaité un porte-parole du commandement militaire supérieur de l’Armée syrienne libre (ASL), Kassem Saadeddine.

 

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Le ministère syrien des Affaires étrangères a en revanche dénoncé cette décision, affirmant qu’elle constituait « un obstacle aux efforts internationaux pour obtenir une solution politique à la crise en Syrie », selon un communiqué publié par l’agence officielle SANA. Le communiqué a également accusé l’UE de « soutenir et d’encourager les terroristes en leur procurant des armes en violation de la loi internationale et de la Charte de l’ONU ».
La Russie a aussi estimé pour sa part que Bruxelles jetait de l’huile sur le feu au moment où l’on tentait d’organiser une conférence internationale de paix censée réunir régime et opposition en juin à Genève. Il s’agit « d’une décision assez controversée car la livraison d’armes à des entités qui ne sont pas des États est interdite par le droit international », a ainsi déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, en visite à Paris, où il a rencontré son homologue américain John Kerry. « C’est une décision illégitime par principe », a-t-il renchéri, cité par les agences russes. La levée de l’embargo par l’Union européenne « porte un préjudice direct à la possibilité d’organiser une conférence internationale » sur le règlement du conflit en Syrie, avait peu avant déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov.
Le Kremlin a également critiqué une décision qui « ne contribue pas » aux préparatifs de la conférence, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, cité par l’agence Interfax.
M. Lavrov a déjà prévenu que l’organisation de Genève 2 ne serait « pas une mince affaire ». De la composition des délégations syriennes à la liste des invités, en passant par le sort de Bachar el-Assad : elle achoppe sur de nombreux désaccords. Cette conférence pourrait se tenir le week-end des 15 et 16 juin, dit-on de source diplomatique.
La Russie a parallèlement de nouveau insisté pour que l’Iran, soutien du régime de Damas, y participe, ce que les Occidentaux refusent. Téhéran a en outre annoncé accueillir aujourd’hui une « conférence internationale » pour trouver une « solution politique » au conflit.

Conseil des droits de l’homme
Sur le terrain, le conflit ne connaît aucun répit, notamment autour de la ville stratégique de Qousseir, près de la frontière nord du Liban, que les forces du régime tentent de reconquérir. Les violents affrontements ont fait « des dizaines de tués parmi les terroristes d’al-Nosra », a rapporté un quotidien proche du pouvoir syrien.

 

(Pour mémoire : A Qousseir, « les rebelles ont tout miné, même les réfrigérateurs... »)


Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU va se pencher aujourd’hui sur un projet de résolution condamnant « l’intervention de combattants étrangers » à Qousseir, un texte déposé par les États-Unis, la Turquie et le Qatar, et qui vise notamment le Hezbollah, sans le nommer. Le régime de Damas a par ailleurs dénoncé « la partialité flagrante » affichée selon lui par la haut-commissaire aux Droits de l’Homme, Navi Pillay, qui s’est dit horrifiée par la situation en Syrie. La délégation syrienne au Conseil des droits de l’homme de l’ONU « dénonce vivement la partialité flagrante affichée par Navi Pillay concernant la situation », a indiqué l’agence officielle SANA.


Parallèlement, au moins 15 détenus ont été tués au cours du week-end dans des affrontements entre rebelles et troupes loyalistes dans la prison centrale d’Alep. Au moins 101 personnes ont été tuées hier.
La Russie a quant à elle livré trente tonnes d’aide humanitaire.


Concernant les armes chimiques, au-delà des témoignages et des vidéos, des analyses en laboratoire sont indispensables pour déterminer à coup sûr si elles ont bien été utilisées en Syrie par le régime de Bachar el-Assad ou par des groupes rebelles, estiment des médecins et des experts. Ils insistent sur la nécessité de pouvoir analyser ces produits en respectant la traçabilité de chaque prélèvement et sa conservation.

 

(Lire aussi: Armes chimiques: Paris analyse les échantillons rapportés de Syrie)


Enfin, l’opposition syrienne est plongée depuis bientôt une semaine à Istanbul dans d’interminables discussions tant elle est affaiblie par les rivalités entre puissances régionales et les critiques sur son inaction. Depuis jeudi, les réunions à huis clos s’étirent jusqu’au bout de la nuit, les conciliabules se succèdent en petit comité et les portes claquent. En vain. Confinés dans un hôtel étoilé de la mégapole turque, les clans de la Coalition nationale de l’opposition syrienne n’ont toujours pas répondu à cette question : faut-il s’asseoir face au régime honni de Damas à la table des discussions dressée à Genève par la Russie et les États-Unis ? De l’avis des participants à la réunion et des observateurs, la guerre d’influence que se livrent les deux principaux soutiens des adversaires de Bachar el-Assad, l’Arabie saoudite et le Qatar, est la principale cause de ce blocage.
(Sources : agences)

 

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