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Culture - Spectacle

« Tout sur Jamel », ou les confessions facétieuses d’un enfant du rire !

Neuf ans après son premier passage au Liban, Jamel Debbouze est revenu présenter, devant plus de 4 000 fans réunis au Forum de Beyrouth, son dernier one-man-show « Tout sur Jamel »*. Drôle, évidemment...

« On est tous le raciste de quelqu’un », affirme Debbouze.

Près d’une décennie plus tard, Jamel n’a pas changé. Toujours le même punch, la même silhouette sautillante, bondissante, « pirouettante » de gavroche insolent en jeans, baskets et blouson. La même vivacité, même gouaille, même « tchatche »... Et cependant, quelque chose en lui a changé ! Il s’est, comme qui dirait, assagi. Moins corrosif, plus consensuel – en tout cas nettement moins sarcastique que son pote D’Jale du Jamel Comedy Club qui, avant l’entrée de la star sur scène, a chauffé la salle à coups de vannes sur la « pilosité » des Libanais et la beauté de leurs « femmes entièrement refaites» –, Jamel ne fait plus du 100 % Debbouze (son précédent one-man-show), mais instaure plutôt avec son public un rapport de plus grande proximité. Tout en confidences et en révélations, sur le mode comique évidemment. Une veine intimiste que cet humoriste, l’un des préféré des Français, avait déjà exploité dans ses précédents sketches sur son enfance de « p’tit beur » issu d’une famille typique d’immigrés, mais dont il creuse encore plus le sillon dans Tout sur Jamel. Il faut dire que les événements survenus dans sa vie au cours de ces dernières années offraient matière à broder. À commencer par sa rencontre avec la femme de sa vie (l’iconique journaliste Melissa Theuriau), son mariage et donc la rencontre de deux univers – « Sa famille est catholique, ma famille est musulmane. Le bordel ! Bref, chez moi, c’était Beyrouth ! » raconte-t-il, saupoudrant sa vanne d’un zeste de couleur locale –, et enfin la naissance de son fils, Léon.
La paternité ! Voilà le secret du changement de Jamel. Voilà ce qui le rend moins caustique, plus émouvant et plus sociologiquement investi. Certes, l’humour de Jamel a toujours véhiculé ses préoccupations politiques, sociales et religieuses. Mais dans ce dernier spectacle, elles vont crescendo, l’avenir de son fils étant maintenant en jeu. C’est pour lui, pour ce « clafoutis tout bleu, rose et violacé » qu’une sage-femme lui a mis dans les bras juste après l’accouchement, ce petit Léon qui a hérité des cheveux soyeux de sa mère plutôt que des « queues de cochon » qui lui couvrent le crâne, que Jamel distille ses messages de tolérance et de rapprochement des cultures. « On est tous le raciste de quelqu’un », philosophe-t-il. Poursuivant : « Il suffit juste de faire connaissance et on n’a plus peur de “les” autres » ; ou encore : « Je n’ai pas de conseils à donner, mais la religion, ça doit rester personnel. »
Plein de bons sentiments, mais le ton reste drôle. Et l’humoriste retrouve vite ses anciens réflexes de sale gosse quand il évoque l’intégration façon équipe de France.

« Vous l’appellerez Léon tous les juuurs ? »
Idem lorsqu’il ironise sur les petits arrangements avec les valeurs de son père (réticent à ce que son fils se produise sur scène « parce que le théâtre, c’est pour les homosexuels et les pédés. Les deux, je te dis », lui assenait-il. « Il a vite changé d’avis quand je lui ai offert sa première voiture ») ou encore, lorsqu’il force sur l’accent maghrébin pour imiter sa mère lui demandant : « Vous allez l’appeler Léon tous les juuurs ? »
Et puis, entre 2 saynètes, cet amuseur public de haut vol n’oublie pas d’établir une interaction avec son auditoire. Un peu d’improvisation avec des jeunes qui lui font bruyamment part de leur enthousiasme, quelques formules adaptées à la sauce – et au hommos – libanaise... Il demande qu’on lui allume les lumières, jette un regard circulaire sur les gradins, s’extasie sur « la beauté du peuple libanais », fait monter sur scène Rayan, un jeune spectateur de 13 ans qu’il charrie gentiment dans un interrogatoire façon « École des fans »...Puis demande son nom à quasiment chaque personne du premier rang pour conclure que « le Liban est le seul pays au monde où on passe de Mohammad à Francis, Khalil, Thierry, Rayan et Franck dans une même rangée ». Là encore, hymne à la coexistence des cultures, des religions, mais aussi des talents, puisqu’il n’oublie pas de faire la promotion de son Jamel Comedy Club en égrenant, avec une fierté non dissimulée, quelques-unes des célébrités (Mika, Justin Beiber ou les Black Eyed Peas, entre autres) qui sont venues assister au show de ses jeunes poulains.
D’accord, ce spectacle moins construit que le précédent ne fait pas se tordre de rire, mais la « tchatche» de Debbouze fonctionne quand même à merveille. Autant quand il s’agit d’amuser que d’émouvoir...Un public jeune, très jeune dans sa grande majorité.

*Présenté à Beyrouth à l’initiative de Clapping Hands.
Près d’une décennie plus tard, Jamel n’a pas changé. Toujours le même punch, la même silhouette sautillante, bondissante, « pirouettante » de gavroche insolent en jeans, baskets et blouson. La même vivacité, même gouaille, même « tchatche »... Et cependant, quelque chose en lui a changé ! Il s’est, comme qui dirait, assagi. Moins corrosif, plus consensuel – en tout cas...

commentaires (1)

Ce type là est juste une bénédiction ...il devrait être breveté...

GEDEON Christian

18 h 00, le 30 avril 2013

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Commentaires (1)

  • Ce type là est juste une bénédiction ...il devrait être breveté...

    GEDEON Christian

    18 h 00, le 30 avril 2013

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