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À La Une - Quatre questions à...

« Pour relancer la croissance au Liban, il faut privatiser les télécoms et EDL »

Mazen Hanna, économiste.

Mazen Hanna : Privatiser les télécoms pour redynamiser la compétitivité et relancer la croissance.

Question - Quel est votre avis sur le débat autour de la grille des salaires, les manifestations de la fonction publique et des instituteurs ?
Réponse - La demande des fonctionnaires et des professeurs est tout à fait légitime. Le dossier a été malmené par le gouvernement en place. C’est un débat qui ne peut être résolu que si les trois parties concernées, à savoir le gouvernement, les syndicats et les organismes économiques, négocient ensemble. Il est vrai qu’un surplus de 1,5 milliard de dollars est un poids important à porter, surtout dans un pays où le ratio de la dette au PIB est élevé. Il faudrait réfléchir à des moyens novateurs pour financer la nouvelle grille des salaires. Le financement ne peut se faire uniquement par une hausse des impôts. Il faut plancher sur des moyens de baisser les taux d’intérêt, et de privatiser les télécoms et EDL, une institution qui coûte près de deux milliards de dollars par an au Trésor. La vente d’EDL au secteur privé pourrait à elle seule financer la réévaluation de la grille des salaires.

 Comment pourrait-on réduire les dépenses publiques ?
La baisse des dépenses publiques passe par une baisse des taux d’intérêt, un objectif que les gouvernements précédents avaient réussi à atteindre suite aux conférences de Paris I, II et III. Le gouvernement en place fait le contraire : il favorise des obligations à longue échéance avec des taux d’intérêt élevés. Les revenus issus des télécoms peuvent être canalisés de manière à relancer l’économie. Le Liban est le seul pays au monde où le secteur public produit encore la totalité du courant électrique. Parallèlement, en 1996, le Liban était le premier pays dans le monde arabe en termes d’infrastructure des télécoms, aujourd’hui nous sommes derniers...

Quelles sont les conséquences de l’absence d’un budget depuis bientôt 8 ans ?
D’une part, l’absence de budget ne permet pas d’avoir et de mettre en œuvre une vision économique à long terme. En revanche, ceci peut avoir des conséquences positives comme par exemple la réduction de certaines dépenses qui peuvent aider à mettre une limite à la dette.

 Concrètement et malgré la conjoncture politique en berne, que peut-on faire pour redynamiser l’économie libanaise ?
Il faudrait avant tout redonner confiance aux investisseurs et aux consommateurs. Les gens ont besoin de sentir qu’il y a une vision économique globale à long terme pour recommencer à avoir confiance, que ce soit au niveau local ou au niveau international. Il faut communiquer aux investisseurs une vision claire de la direction que va prendre le secteur économique. Il y a beaucoup d’argent dans le secteur privé, mais malheureusement, cet argent reste dans les banques. Il est impératif d’engager ces fonds à des fins productives à travers des partenariats privé-public (PPP) et canaliser les liquidités dans des secteurs qui permettront au Liban de se réapproprier une place dans le réseau économique des pays de la région. Il faudrait pour cela commencer à libéraliser le secteur des télécoms, cela permettra à l’économie libanaise de redynamiser sa compétitivité et d’augmenter considérablement son taux de croissance.

 

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