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Les jeunes Libanais et le mariage civil : entente ou divorce ?

Certains tiennent à respecter le sacrement religieux du mariage, d’autres considèrent le mariage civil comme un droit fondamental.

Tarek, étudiant en management à l’université La Sagesse, fait partie des sceptiques. S’il admet que l’on puisse se marier civilement en cas de conflit entre les religions des futurs mariés, il ne voit pas pourquoi deux Libanais de même confession refuseraient de se marier devant un prêtre ou un cheikh. «Le mariage religieux fait partie de la tradition et de la culture libanaises, et pourrait difficilement être remplacé par le mariage civil», affirme-t-il.


Cet avis n’est pas partagé par Nour Chamoun, étudiante en graphisme à la LAU, qui trouve que le mariage civil garantit aux époux les mêmes droits en cas de divorce. «Mais le mariage civil ne doit pas être imposé et il faut maintenir la liberté de choix», souligne-t-elle. Riham el-Hage, étudiante en business à la LAU, soulève le même point. «Le mariage civil constituerait une grande avancée, notamment pour les droits de la femme en cas de divorce et pour la garde des enfants », explique-t-elle. «C’est un droit fondamental qui ne fait de mal à personne », renchérit Akram, étudiant en relations internationales à l’USJ. Quant à la question de savoir s’il s’agit d’un sujet prioritaire au Liban ou pas, le jeune homme répond: «La révolution commence par de petites choses.»

 

(Lire aussi : Cortbaoui confirme la légalité du mariage civil de Khouloud et Nidal)


Grande affaire ou pas, certains évoquent les conséquences de l’instauration du mariage civil sur la vie et l’avenir politique au Liban. Mohammad Mannoun, étudiant en classe terminale, fait partie de ceux-là. «Le mariage civil est clairement un premier pas vers la sécularisation du pays», estime-t-il. Le jeune homme qui a vécu toute son enfance en Allemagne pense aussi que l’État ne devrait pas faire de différence entre les confessions ni les sexes et qu’une différence de religion ne saurait empêcher deux personnes qui s’aiment d’être unis par les liens du mariage.

La sécularisation
La sécularisation du Liban revient dans plusieurs bouches. Ainsi, Maya Abs, 29 ans, pharmacienne et enseignante à l’université Jinan et à la faculté des sciences de l’Université arabe, considère que la religion fait partie du domaine privé et ne doit pas servir à régir la société. «Chacun est libre de croire en ce qu’il veut. Il faudrait un système qui englobe tout le monde, les partisans du mariage religieux et ceux du mariage civil. C’est la raison pour laquelle je soutiens le mariage civil optionnel», dit-elle. Dans la même ligne de mire, Shaden Fakih, étudiante en graphisme à la LAU, n’admet pas que l’on soit condamné à se marier religieusement et affiche un certain pessimisme en raison des derniers événements politiques. «Je doute très fort que cette loi soit adoptée quand je constate que les projets de loi proposés actuellement ne font que renforcer le système confessionnel», confie-t-elle. Un avis que partage Ahmad Khodr Minkara, étudiant en médecine interne aux États-Unis. «Le contexte géopolitique ne permet pas d’avancées en matière de mariage civil au Liban. Les institutions religieuses font beaucoup d’argent en maintenant le système tel quel, c’est-à-dire confessionnel, et cela est vrai pour chacune des dix-huit communautés au Liban», explique-t-il.

Pour Eddy Abbas, jeune musicien du groupe Fareek el-Atrash, le mariage civil permet de surmonter les restrictions imposées par les religions et assure une unité à plusieurs niveaux : «Au début en tout cas, celle de la famille des deux mariés!»

 

(Lire aussi la tribune de Hassãn-Tabet RIFAAT : Un acte fondateur)


D’autres encore critiquent ouvertement le marché qui s’est ouvert à Chypre ou en Grèce. «Je ne comprends pas le paradoxe constituant à reconnaître un mariage contracté à Chypre et refuser le mariage civil proprement libanais. Il est inadmissible qu’on ne fasse pas profiter le Liban de mariages civils qui apportent beaucoup à la Grèce ou à Chypre», regrette Léa, étudiante en terminale ES.

Sur le Web
Sur les réseaux sociaux, les jeunes sont mobilisés. Plusieurs pages ont été créées pour soutenir ou au contraire rejeter le projet de loi sur le mariage civil optionnel. Ainsi, sur la page Facebook, «les Libanais sont contre le projet de loi du mariage civil», les jeunes administrateurs se donnent pour mission de «défendre leur liberté d’expression, quand un projet de loi s’oppose à leurs principes». Mettant en avant «les inconvénients et les dangers du mariage civil» et «désirant exercer une pression sur les politiciens qui soutiendraient un tel projet», le groupe considère que les représentants nationaux n’ont pas le droit de ne pas tenir compte «des spécificités du peuple libanais». Ils prétendent, en outre, que l’idée d’un mariage civil au choix constitue une menace pour les principes conservateurs qui régissent la société libanaise. D’un autre côté, la page «Sit in for our rights», qui avait appelé à une manifestation en faveur du mariage civil le 4 février, a vu affluer de nombreux jeunes venus manifester leur soutien.

 

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