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À La Une - Révolte

Moscou à la rescousse de ses ressortissants en Syrie

Nouveaux raids sur Yarmouk ; l’ONU plaide pour plus d’aide humanitaire ; l’Iran devrait dire « stop » au régime syrien, assène Davutoglu

Des combattants rebelles des brigades el-Farouk criant victoire à Halfaya, près de Hama, où ils affirment avoir vaincu les troupes de l’armée loyaliste. Samar el-Hamwi/Reuters

Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a appelé hier l’Iran à « envoyer des messages clairs » au régime de Damas pour le pousser à mettre fin aux violences contre sa population. « Au lieu de critiquer le système (de missiles antimissiles Patriot dont la Turquie se dote), l’Iran devrait dire “stop” au régime syrien qui a de manière continue opprimé son propre peuple et provoqué la Turquie par des violations de (sa) frontière », a ainsi déclaré M. Davutoglu à des journalistes à Ankara. « Ceux qui suivent étroitement le dossier savent que le système Patriot sert à la défense et ne sera pas actionné, sauf s’il y a une attaque » visant la Turquie, a-t-il poursuivi.

 

Ces commentaires font suite à des inquiétudes exprimées ces derniers jours par des responsables politiques et militaires iraniens quant au déploiement de Patriot sur le territoire turc, à la demande de la Turquie dans le cadre de l’OTAN, par les États-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas, pour renforcer les défenses de ce pays à sa frontière avec la Syrie. Le chef de la diplomatie iranienne Ali Akbar Salehi avait alors qualifié de « provocation » l’installation des Patriot à la frontière syrienne, mettant en garde contre ses conséquences « incalculables ».
Le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Hassan Firouzabadi, avait auparavant déclaré que cette mesure faisait partie « des plans pour une guerre mondiale » ourdis par « les pays occidentaux ». Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a balayé d’un revers de main les propos du général Firouzabari, assurant qu’il était « connu pour ce type de remarques incohérentes ».
Toujours du côté de la République islamique, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian en visite à Moscou a émis hier des doutes sur l’imminence d’une chute du régime syrien, et a jugé que « l’armée et l’appareil de l’État » fonctionnaient « sans accroc ».

 

Une flottille russe en Méditerranée

Parallèlement, la Russie a dépêché une flottille de navires de guerre en Méditerranée, en prévision d’une éventuelle évacuation de ses ressortissants de Syrie, d’après l’agence de presse russe Interfax. Celle-ci cite des sources navales selon lesquelles cinq bateaux, dont deux navires d’assaut, un ravitailleur ainsi qu’un bâtiment d’escorte, ont appareillé d’un port de la mer Baltique pour la Méditerranée, vers la Syrie où Moscou dispose d’une base navale dans le port de Tartous. Interrogé par Interfax, le général Vladimir Chamanov, à la tête des troupes aéroportées russes, se dit en outre « prêt » à apporter son aide et rappelle que les forces aériennes ont déjà participé à de telles opérations, notamment lors de l’évacuation de l’ambassade de Russie à Kaboul, au cours de l’intervention soviétique en Afghanistan. Cette information a été rendue publique au lendemain de l’annonce de l’enlèvement de deux Russes travaillant en Syrie en compagnie d’un Italien.

 

Quelque 5 300 ressortissants russes sont enregistrés auprès du consulat de Russie à Damas, mais, à Moscou, le ministère des Affaires étrangères estime que de nombreux autres ressortissants ne se sont pas signalés


Exode massif
Sur le terrain, l’aviation syrienne a de nouveau mené hier des raids sur le camp palestinien de Yarmouk abritant habituellement 150 000 Palestiniens, dans le sud de Damas. Rappelons qu’un premier raid dimanche avait fait huit morts dans le camp, suivi de violents combats lundi. Les rebelles, appuyés par des combattants palestiniens qui leur sont favorables, avaient réussi plus tôt à chasser de la plus grande partie du camp des miliciens palestiniens favorables au régime, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), qui s’appuie sur un large réseau de militants et médecins en Syrie. Le quotidien al-Watan, proche du pouvoir, a pour sa part affirmé que « l’armée se préparait à une opération militaire dans le camp ».
En attendant, des soldats interdisaient l’entrée nord du camp. Selon le porte-parole de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Jérusalem, Sami Mhasha, « au moins 50 % des habitants ont quitté ou quittent le camp pour trouver refuge » ailleurs, notamment au Liban. Selon la Sûreté générale et l’Unrwa, 2 000 Palestiniens ont traversé la frontière libanaise dimanche et lundi, mais hier l’affluence était encore plus grande.

 

(Lire aussi : Exode massif vers le Liban de Palestiniens du camp de Yarmouk)


Pendant ce temps, des combats et des bombardements se déroulaient dans le quartier damascène de Tadamoun, ainsi que dans d’autres secteurs pauvres du sud de la capitale, toujours selon l’OSDH.
Les combats faisaient rage aussi dans la banlieue de Damas, alors que l’armée s’est retirée de plusieurs positions et localités du nord de la province de Hama, notamment du côté de Halfaya, à la suite d’attaques menées par les rebelles ces dernières 48 heures, a affirmé l’OSDH, précisant que des soldats ont été tués et des véhicules saisis. Selon un bilan provisoire de l’OSDH et de militants, les violences ont fait hier 98 morts au moins.

Situation humanitaire précaire
Sur le plan humanitaire, la responsable des opérations humanitaires de l’ONU Valerie Amos a indiqué avoir demandé au gouvernement syrien l’autorisation pour dix ONG supplémentaires de travailler en Syrie afin de porter secours à la population, lors de sa visite ce week-end à Damas, où elle a notamment rencontré le ministre des Affaires étrangères Walid Moallem.
Par ailleurs, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies éprouve de plus en plus de difficultés à aider les Syriens, a indiqué hier Elisabeth Byrs, une porte-parole du PAM. Près de 2,5 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire, a-t-elle ajouté, précisant qu’il s’agit de chiffres du Croissant-Rouge arabe syrien. La pénurie d’essence affecte la distribution de l’aide ainsi que la violence, la multiplication des attaques contre les convois humanitaires, et le nombre insuffisant de partenaires humanitaires sur le terrain.

 

(Lire aussi : L’ONU dénonce, à partir de Beyrouth, les violations graves des droits des enfants en Syrie)


De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué hier avoir pu visiter la semaine dernière l’hôpital de Damas le plus important et qui reçoit entre 70 et 100 blessés par jour. La plupart de ces blessés souffrent de brûlures et de blessures dues à des coups de feu ou des explosions, selon l’OMS.
Enfin, l’Union européenne a annoncé hier le versement de l’argent accompagnant son prix Nobel de la paix, augmenté de fonds supplémentaires de l’UE pour atteindre un total de 2 millions d’euros, à quatre projets en faveur de 23 000 enfants victimes de guerres et de conflits, dont environ 4 000 enfants syriens réfugiés dans des camps à la frontière entre l’Irak et la Syrie.


(Sources : agences et rédaction)

 

 

Reportage :

Dans le centre de Damas, « la ligne de front se rapproche »

Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a appelé hier l’Iran à « envoyer des messages clairs » au régime de Damas pour le pousser à mettre fin aux violences contre sa population. « Au lieu de critiquer le système (de missiles antimissiles Patriot dont la Turquie se dote), l’Iran devrait dire “stop” au régime syrien qui a de manière continue opprimé son...

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