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À La Une - crise

Les réfugiés syriens voudraient vivre dans un camp, le Liban et l'ONU refusent

Le gouvernement craint que l'afflux des Syriens soit une répétition du scénario qui s'était joué il y a un demi-siècle avec les Palestiniens.

Selon l'ONU, 125.000 Syriens se trouvent au Liban, dont 78% de femmes et d'enfants. ANWAR AMRO/AFP

Les milliers de réfugiés syriens au Liban voudraient la création d'un camp pour les accueillir comme en Turquie ou en Jordanie, mais le gouvernement et l'ONU rejettent cette idée.

Aujourd'hui, environ un tiers d'entre eux sont concentrés dans le nord du Liban où ils sont accueillis dans des familles et leur principal souci est de trouver un toit.

 

Mais le Liban a une histoire difficile avec les camps en raison de la présence des Palestiniens et de leur rôle dans le déclenchement d'une guerre civile qui allait durer 15 ans pour s'achever en 1990.

Les autorités craignent que si la guerre se poursuit longtemps en Syrie, la construction d'un camp encourage les réfugiés à s'installer de manière définitive.

Or, les chrétiens et les chiites redoutent que, dans leur pays où l'équilibre communautaire est si fragile, l'arrivée massive de Syriens, majoritairement sunnites, fasse pencher la balance en faveur de cette communauté.

 

Ceux qui ont fui la guerre disent, eux, que seul un camp ou des installations provisoires peuvent répondre à leurs besoins humanitaires. Selon l'ONU, 125.000 Syriens se trouvent au Liban, dont 78% de femmes et d'enfants, alors que les militants jugent qu'ils sont bien plus nombreux.

 

"Faute de solution d'urgence ou d'un camp, les familles finiront par dormir dans la rue ou retourneront en Syrie", assure Ayman al-Hariri, un militant syrien installé dans la province d'Akkar, au Liban-nord, où beaucoup de réfugiés ont fui. "Personne ne désire vivre dans un camp, mais ils ne peuvent pas payer 200 à 300 dollars par mois pour une location. Un camp pourrait faciliter l'organisation de l'aide car actuellement c'est le chaos et les plus vulnérables en paient le prix", assure-t-il.

 

(Reportage : Une intégration lente mais certaine pour les écoliers syriens réfugiés au Liban)

 

"Nous ne savons pas combien de réfugiés se trouvent ici. S'ils ont un camp, ce sera plus facile de maintenir l'ordre", assure Saïd al-Halabi, maire de Halba, une des principales villes du Akkar.

Chaque mois, 20.000 fugitifs arrivent au Liban, selon le coordinateur de l'ONU pour les affaires humanitaires au Liban, Robert Watkins. 

 

L'ONU et les autorités libanaises aident les municipalités qui accueillent les réfugiés. "L'ONU, en coordination avec le gouvernement libanais, estiment que ce n'est pas recommandé pour le moment", répond-t-il quand les journalistes lui demandent si les camps ne soulageraient pas la détresse des réfugiés.

"Cela crée plus de problème que cela n'en résout et leur entretien coûte extrêmement cher", ajoute-t-il.

 

 

"Crainte d'une répétition du scénario palestinien"

Des habitants de Tripoli affichent aussi leur hostilité à ce projet. "Si on en ouvre un, les réfugiés syriens réitéreront ce qu'ont fait les Palestiniens. Ils se ) comme des empereurs sur notre terre", assure Cherif al-Naïmi, un vendeur de montres dans la capitale du Liban-Nord, faisant allusion à leur présence armée dans les années 70 et 80.

 

Craignant que l'afflux des Syriens soit une répétition du scénario qui s'était joué il y a un demi-siècle avec l'arrivée massive des combattants palestiniens après leur défaite en Jordanie en 1970, le gouvernement, qui a adopté la neutralité dans le conflit chez son voisin, est catégoriquement opposé à l'idée d'ouvrir un camp.

"Il n'y a absolument aucune discussion à ce sujet car nous ne pensons pas que cela préservera les droits de quiconque", assène Michel Moussa, un député libanais pro-régime syrien.

 

Pour un marchand de légumes syrien de 27 ans, installé à Tripoli, "beaucoup de fugitifs au Liban sont des femmes et des enfants". "Comment peuvent-ils se prendre en charge?", dit cet homme venu de la campagne proche d'Alep.

"Un camp serait une bonne idée mais le Liban est si divisé sur la Syrie que le gouvernement se fiche si les gens dorment dans le froid. Ils veulent seulement évacuer le problème", dit-il.

 

Le monde politique libanais est profondément divisé sur la crise syrienne. Le Hezbollah chiite et ses alliés, qui ont la majorité dans le gouvernement, soutiennent le régime de Damas alors que l'opposition appuie la révolte.

 

Pour mémoire:

Pour Aoun, les réfugiés syriens au Liban représentent « un grand danger »

 

La présence des réfugiés syriens, un problème à plusieurs dimensions, l'article de Scarlett HADDAD



Les milliers de réfugiés syriens au Liban voudraient la création d'un camp pour les accueillir comme en Turquie ou en Jordanie, mais le gouvernement et l'ONU rejettent cette idée.
Aujourd'hui, environ un tiers d'entre eux sont concentrés dans le nord du Liban où ils sont accueillis dans des familles et leur principal souci est de trouver un toit.
 
Mais le Liban a une histoire difficile...

commentaires (4)

QUELLE INHUMANITÉ..... !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

08 h 45, le 23 novembre 2012

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Commentaires (4)

  • QUELLE INHUMANITÉ..... !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 45, le 23 novembre 2012

  • Il vaut mieux leur donner des armes pour libérer leur patrie et s'y réinstaller, plutôt que d'avoir, avec le temps, l'obligation de les loger quoi qu'en dise pour le moment les Nations Unies qui nous ont envoyé les premiers flots en 1948...

    SAKR LEBNAN

    08 h 07, le 23 novembre 2012

  • J'ai la solution...ouvrir des camps pour les Libanais...où il n'y aurait que des Libanais...il n'y a pas de statistiques vraiment fiables...mais les étrangers doivent bien représenter la moitié de la pôpulation ,si on y inclut les "naturalisés des occupations",non?Alors faisons des camps libanais....fortifiés et exclusifs...y a des jours comme çà où je suis en plein délire...

    GEDEON Christian

    05 h 40, le 23 novembre 2012

  • Impossible d'acceuillir les réfugiés syriens dans un pays ou le provisoire dure toujours et devient ensuite un droit Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    04 h 02, le 23 novembre 2012

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