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À La Une - Salon du livre

Bernard Pivot en question(s)

Il était là en 1994 pour une émission de « Bouillon de culture ». Trois dictées plus tard, dont la dernière remonte à 2003, Bernard Pivot était au Liban et s’est prêté au jeu de questions-réponses autour de son ouvrage «Oui, mais quelle est la question?» (éd. Nil).

Pivot, questionneur questionné. Photo Michel Sayegh

Il dit avoir une «questionnite aiguë», du moins le héros de son récent ouvrage qu’il a signé au Salon du livre. Autobiographie ou roman? «Je vais vous faire un aveu, avoue-t-il. C’est évidemment un roman, mais je n’ai pas osé l’écrire sur la couverture, par modestie, du moins par crainte. J’ai eu la chance d’interviewer tous les grands romanciers de la seconde partie du XXe siècle, je me trouve donc dans une drôle de situation en écrivant ce petit roman qui n’est pas à la hauteur de ces géants. J’avais donc une sorte de réticence et de pudeur.»
Adam Hitch est donc le héros (absurde?) de ce roman, qui passe sa vie à poser des questions à sa famille, à ses femmes et à tous ceux qui l’entourent. Même à Dieu.

Pointeur ou tireur?
Alors Hitch, lui demande-t-on: un Pivot à la puissance... L’auteur hésite et l’on perçoit dans cette hésitation l’interrogateur professionnel qui cherche le mot juste. Et de reprendre illico: «Hitch est plus harceleur et plus drôle que moi, voire plus touchant à la fin du livre.» Son nom pourrait prêter à confusion: Hitch ne serait-il pas le nom de sir Alfred le maître du suspens? «Cela tombe en effet à point, répond-il, mais je n’y avais pas pensé. Par contre, j’avais bien choisi le prénom: Adam, celui du premier homme car il a dû se poser beaucoup de questions dans sa vie et partir sans avoir compris grand-chose!»


«Les philosophes pensaient que la question était plus importante que la réponse, mais si les journalistes et les animateurs croient cela, ils devront soigner leur ego», dites vous. «Poser une question, c’est être curieux et c’est attendre une réponse. Le plaisir réside donc dans la manière de choisir cette question, laquelle générerait une émotion ou même une passion.»


Ainsi après en avoir posé des centaines et des milliers à d’autres romanciers, vous voilà donc assis à donner des réponses. «Quand je me suis mis à écrire des livres, je savais que j’allais m’exposer aux questions des journalistes. Cela ne m’empêche pas de continuer d’en poser à tous ceux qui m’entourent, car je suis très curieux de nature.»
Vous vous permettez même, dans votre livre, d’en poser quelques-unes à Dieu? Et lui de répondre: «Le doute est une très bonne hygiène de vie. Je n’aimerais être animé ni par la certitude ni par le désespoir de l’incroyance. Mais revenons à la “question”. Il y a de celles qui sont restées sans réponses. Cela m’amuserait donc d’imaginer un monde où l’on pourrait avoir toutes ces réponses-là. Ces interrogations au Seigneur, quoique désinvoltes, suggèrent l’existence de ce monde d’ailleurs.»
Mais vous, Bernard Pivot, qu’aimeriez-vous qu’Il vous dise quand vous entrerez chez Lui? L’auteur hésite et lâche: «Ah, Pivot! Je suis sûr que tu as une question à me poser.»


Pointeur ou tireur? lui demande-t-on avant de le quitter – sachant qu’il a emprunté dans son livre cette classification au jeu de boules. «Les gens se partagent entre tireurs et pointeurs, dit Pivot. Le premier compte sur la force, l’adresse et le choc pour s’imposer, alors que le second compte sur la réflexion et la rouerie. À mes débuts, j’étais un pointeur timide. Je suis devenu plus audacieux dans la presse écrite pour enfin porter la casquette de tireur à la télévision. Mais depuis que j’écris des livres, je suis redevenu un pointeur.»


Mais laissons la pétanque de côté et revenons au Bernard Pivot que tout le monde connaît: un «curieux» infatigable, dont la curiosité ne s’est pas émoussée avec l’âge. «Il faut qu’elle reste vivace, l’entretenir tous les jours, car elle est le gage de la santé, de la vie et de la jeunesse», conclut-il.

 

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