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À La Une - Conjoncture

Liban : Le spectre de la récession

Après avoir passé le pire été touristique depuis 1945, les professionnels comptaient sur le quatrième trimestre de 2012 pour panser de douloureuses plaies. Mais l’attentat d’Achrafieh de vendredi n’a fait que porter un énième coup à l’économie libanaise, coup qui cette fois-ci pourrait bien s’avérer fatal. La récession semble pointer le bout de son nez, une situation inédite depuis la fin de la guerre civile.

Après l’attentat de vendredi, les experts s’attendent à un déclin de l’activité économique au dernier trimestre, laissant ainsi induire une croissance nulle dans le meilleur des cas ou même négative.

Le secteur touristique comme l’ensemble de l’économie libanaise poursuit sa longue descente aux enfers après l’attentat à la voiture piégée d’Achrafieh vendredi. Crises régionale, locale et événements sécuritaires en série depuis le mois de mai, les professionnels attendaient beaucoup du quatrième trimestre 2012, en particulier avec la fête de l’Adha prévue vendredi.


« La situation est épouvantable, déplore Nicolas Chammas, président de l’Association des commerçants de Beyrouth (ACB), les crises sont de plus en plus fréquentes et leur gravité va crescendo. Nous comptions rattraper les opportunités manquées de cet été et de la fête du Fitr mais quelqu’un, quelque part, en a malheureusement décidé autrement. ». Car le quatrième trimestre d’une année économique représente 35 à 45 % des ventes commerciales, souligne le président de l’ACB, alors même que la situation était déjà dramatique avant l’explosion. « Les frais augmentaient tandis que la rentabilité économique était en chute libre, avec l’attentat de vendredi, il n’y a plus rien à attendre. Dans le meilleur des scénarios l’on peut estimer une croissance du PIB nulle, voire négative. »


C’est également l’avis de Nassib Ghobril, économiste en chef à la Byblos Bank. Pour lui, « la récession n’est pas un spectre mais bien une réalité ». « Nous avions d’ores et déjà constaté une contraction de l’activité économique au deuxième trimestre, nous espérions améliorer la tendance grâce au troisième trimestre, qui est l’un des plus importants pour l’économie », explique-t-il. Au deuxième trimestre, l’activité avait connu une contraction de 0,3 %, au troisième trimestre elle avait diminué de 0,5 %. « Avec des prévisions de 3 % pour le quatrième trimestre de l’année et un taux de 2,5 % au premier trimestre, nous pouvions nous attendre à une croissance de 1,5 % pour 2012, mais au vu des derniers événements, la donne a complètement changé », poursuit l’économiste. Car après l’attentat de vendredi, les experts s’attendent à un déclin de l’activité économique au dernier trimestre, laissant ainsi induire une croissance nulle dans le meilleur des cas, selon Nassib Ghobril ou même négative en fonction des deux mois à venir. « Avant même l’explosion, certaines sociétés étrangères avaient interdit à leurs employés de se rendre au Liban tandis que les touristes arabes avaient complètement déserté le pays. Le challenge était de regagner la confiance des consommateurs et investisseurs, touchée de plein fouet par les événements ». En effet, en 2012, les investissements directs au Liban ont été évalués à hauteur de 97 millions de dollars sur les six premiers mois de l’année contre un chiffre de 609 millions de dollars un an auparavant.

Des annulations hôtelières pour l’Adha
Pour Pierre Achkar, président du syndicat des hôteliers, « sans les transferts d’émigrés, nous serions déjà à un taux de croissance nul ou en récession ». Selon lui, le taux d’occupation des hôtels pour l’Adha était de 80 à 85 % à Beyrouth avant les événements de vendredi et avec des prix affichés diminués de moitié. « Aujourd’hui, les annulations vont bon train, on s’attend à un taux de 50 à 55 % », poursuit-il. Pour l’ensemble des professionnels, le secteur économique est bel et bien paralysé. « En quarante ans de guerres et d’événements à répétition, c’est la première fois que les monarchies arabes interdisent à leurs ressortissants de se rendre au Liban, alors qu’ils représentent 40 % des visiteurs et 60 % des dépenses touristiques au Liban. » Pour le président du syndicat des hôteliers, il est urgent de regagner la confiance des investisseurs et consommateurs. Il plaide pour cela en faveur d’un gouvernement de coalition. Malheureusement, il semble bien que la solution au calvaire économique réside encore au niveau politique et sécuritaire.

 

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