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À La Une - Législatives libanaises

Double attaque du 8 Mars contre la petite circonscription et la loi de 1960

C’est une double attaque stratégique que le 8 Mars continue de mener contre le 14 Mars au niveau de la loi électorale : aux avant-postes, le Courant patriotique libre se charge de discréditer le projet de la petite circonscription proposé la semaine dernière par un groupe de députés de l’opposition, tandis que le Hezbollah, aux arrières, tente déjà de torpiller toute possibilité de retour à la loi de 1960 faute de consensus, en menant une campagne préventive en règle contre cette dernière. Et ce alors que cette loi avait été obtenue à Doha sous la pression du coup de force du 7 mai 2008, tout frais dans les mémoires à l’époque. De sources bien informées, l’on indiquait hier que le tandem Hezbollah-Amal s’oppose aussi au projet du Rassemblement d’Élie Ferzli – dit « orthodoxe » – qui est pourtant l’une des deux options défendues par les aounistes, avec la proportionnelle. Ce qui ne laisse donc, en principe, aucun terrain d’entente possible avec le 14 Mars, lequel rejette la proportionnelle telle que défendue actuellement par la majorité.

Le Hezbollah
C’est donc sur un ton péremptoire que le chef du bloc parlementaire du Hezbollah, le député Mohammad Raad, a accusé hier le 14 Mars « d’une tentative de trouver une formule, à travers la loi électorale, visant à mettre le Hezbollah et son public au ban de la vie politique et de toute participation à l’édification de l’État ». « Mais ils se font des illusions, s’ils rêvent encore d’élections sur base de la loi de 1960. Ces temps sont révolus pour de bon », a-t-il souligné. Le député Nawwaf Moussaoui, dans le même esprit, s’est abrité derrière Bkerké pour rejeter la loi de 1960, se félicitant de la position des évêques maronites hostile à un retour à la loi en question. M. Moussaoui a estimé qu’une « nouvelle loi électorale est nécessaire pour ne pas reproduire une fois de plus la crise libanaise, à travers l’adoption de la loi de 1960 ». Plus limpide, le député Ali Fayad a fait un plaidoyer hier en faveur de la proportionnelle, qui garantit « une représentation saine ». « Ceux qui la rejettent ont peur que leur véritable poids populaire ne soit découvert, et que cela se répercute politiquement sur eux », a-t-il ajouté, accusant le 14 Mars de « bloquer les réformes et d’empêcher de briser le monolithisme politique qui bloque la représentation parlementaire », alors que le 8 Mars, selon lui, œuvre dans un sens réformateur.

Le CPL
Le CPL, lui, a axé son tir sur la proposition des parties chrétiennes du 14 Mars en faveur de la petite circonscription, comme l’avait fait durant le week-end son chef, Michel Aoun, depuis Jbeil. Le député Nabil Nicolas a ainsi estimé que ce projet est « une opération d’achat de voix organisée (...) qui facilite le travail pour le courant du Futur, lequel a payé un milliard de dollars pour obtenir la majorité en 2009 et se trouve disposé à rééditer cela ». Le député Fady Aawar a pour sa part qualifié la petite circonscription de « crime contre le citoyen au service des ennemis du Liban ». Quant au ministre Nicolas Sehnaoui, il a affirmé, très sûr de lui, dans le cadre d’une polémique hier avec le député Serge TorSarkissian, que « le CPL l’emportera quelle que soit la loi adoptée, celle de 50, de 60 ou de 70 ».
Par ailleurs, des sources politiques ont ainsi fait savoir au site Internet nowlebanon que « si ces parties chrétiennes s’obstinent à vouloir découper le pays électoralement en 50 circonscriptions, la réaction sera le retour à... la loi de 1976 » – en allusion à la situation de la Chambre des députés durant la guerre, entre 1975 et 1990. En d’autres termes : il n’y aura pas d’élections, et la Chambre sera contrainte de renouveler son mandat. Le député baassiste Kassem Hachem a ainsi estimé que « si la loi de 1960 ramène le Liban 60 ans en arrière, celle basée sur la petite circonscription replonge le pays dans le climat de 1860 et incite à la discorde sectaire et communautaire ». Il a plaidé en faveur d’une circonscription unique avec usage de la proportionnelle.

Le 14 Mars
Dans les rangs de l’opposition, le député Boutros Harb s’en est pris hier à Michel Aoun, estimant que ses propos selon lesquels « le projet de la petite circonscription vise à fragmenter le Liban en 128 partis sont exempts de toute logique et réalité ». Pour lui, « la petite circonscription garantit le principe de la représentation saine, donne plus d’impact à l’électeur et consolide le régime démocratique, puisqu’elle protège le droit du citoyen à choisir ses représentants, ce qui consolide l’unité nationale, développe la vie démocratique et permet à l’électeur de sanctionner les élus, loin de la protection garantie par les bulldozers des grandes listes ». « Comment la vie politique peut-elle s’ordonner si certaines majorités à caractère confessionnel imposent leur point de vue aux moins nombreux et choisissent leurs députés à leur place ? » a-t-il dit. « L’adoption de la proportionnelle à l’ombre de l’absence de partis nationaux disposant d’un programme politique conduira à transformer les sectes et les communautés en partis communautaires, ce qui consolidera une répartition communautariste à outrance », a-t-il souligné. Boutros Harb a également rejeté la loi du Rassemblement d’Élie Ferzli, qui crée selon lui une « division verticale au sein de la société et divise le pays en communautés et en sectes, ce qui n’est dans l’intérêt ni des chrétiens ni du Liban ». Le projet des petites circonscriptions a également été défendu par les députés FL Tony Abou Khater et Fady Karam.
Quant à l’ancien député Gabriel Murr, il a renouvelé hier sa proposition en faveur d’une nouvelle loi électorale basée sur l’option « one man, one vote ».

 

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