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À La Une - Interview

Édith Bouvier parle à « L’OLJ » des « manipulations du régime syrien »

Jeune journaliste française rescapée de Homs en mars dernier, Édith Bouvier a vu comment « la guerre rend sale ».

Édith Bouvier recevant son prix des mains de May Chidiac.

Récompensée pour son courage par la Fondation May Chidiac, Édith Bouvier, jeune journaliste française, aura vécu en Syrie tous les extrêmes du reportage : le défi de mettre les pieds sur le terrain (sa voie d’entrée en territoire syrien est clandestine) ; le courage de toucher, sans intermédiaire, à l’événement (elle couvre, à partir du quartier de Baba Amr, le pilonnage de Homs par l’armée régulière) ; les coups de hasard qui propulsent l’observateur au rang difficile d’acteur : blessée à la jambe par des bombardements du régime, elle passe neuf jours entre les soins d’une infirmerie de fortune ; les menaces de tomber aux mains du régime; les appels à l’aide via Skype; le périple de l’évacuation, protégée, avec son collègue du Figaro William Daniels, par un bouclier de rebelles dont elle saluera le courage.


Rapatriée le 2 mars en France, elle est préalablement soignée à Beyrouth. Aujourd’hui, elle redécouvre la capitale libanaise, qui l’a accueillie en début de semaine pour lui décerner le Prix du courage exceptionnel manifesté par un journaliste. « C’est un grand plaisir de retrouver les gens et l’ambiance de la ville, que je visite d’ailleurs assez souvent dans le cadre de mon travail », confie-t-elle à L’Orient-Le Jour dans une interview express. Elle répond avec concision, sans littérature, aux questions qui tentent de percer la force des sentiments qu’elle a dû vivre, la peur silencieuse peut-être et le besoin vital d’en témoigner. Loin d’elle en tout cas le sentiment de quelque victoire après sa libération. C’est la mémoire de ses collègues et amis, Rémy Ochlik et Marie Colvin, tués par un obus à Homs, qu’elle a le premier réflexe de saluer. Elle veille tout autant à remercier la journaliste May Chidiac « pour la confiance qu’elle m’a accordée. Le travail, le courage et l’endurance de cette femme m’ont beaucoup touchée et influencée ».

« Non, pas une tête brûlée ! »
Le courage d’affronter le terrain, mais aussi de voir, de comprendre et de rapporter. De son « enfer de Homs » relaté à maintes reprises par les médias, les manipulations orchestrées par le régime syrien transparaissent dans le récit (l’attitude suspecte des ambulanciers du Croissant-Rouge ; le risque que le régime utilise la vidéo des deux journalistes pour les faire passer pour des otages ; « la propagande » de Damas sur des soi-disant contraintes exercées sur eux par les opposants, selon les déclarations de Bouvier au Figaro le 2 mars). « Ce jeu du régime a toujours été révélé pour ceux qui ont voulu le voir », affirme-t-elle à L’OLJ. Elle évoque le massacre de Hama, ayant montré que « le travail du régime est de raconter tout et n’importe quoi ». Face à cela, « c’est aux experts d’informer sur la situation réelle, de lutter pour l’information et de la recueillir des deux côtés ». Ce sont d’ailleurs des critiques qu’elle adresse aux deux bords, lorsqu’elle affirme sur un ton catégorique que « la guerre rend les hommes sales ». Mais au milieu de ce champ de mines, comment le reporter fait l’équilibre entre courage et sagesse ? « Non, je ne suis pas une tête brûlée ! répond Bouvier avec un brin d’humour. Ce sont des gens de confiance qui m’assistaient à Homs. Je ne m’informe pas au prix de ma vie. »


Une vie qui s’était renouvelée en mars avec la promesse d’embauche faite à la pigiste par le patron et le directeur du Figaro. Une promesse qui semblait en suspens, jusqu’à tout récemment. « J’ai été embauchée et je commence mon travail le 1er octobre », révèle-t-elle, avec un clin d’œil aux « jeunes journalistes talentueux sur le terrain ». « Avec leur volonté de continuer à travailler pour l’information, nous surmonterons la crise de la presse », conclut-elle.

 

Pour mémoire

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