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Actualités - CHRONOLOGIE

PORTRAITS Bassam Yammine, un «executive manager » à la tête des ministères de l’Énergie et de l’Industrie (photo)

Les gens simples sont difficiles à cerner, et ce qu’ils cachent en eux peut en réalité être considérable. C’est le cas du ministre de l’Énergie et de l’Eau, et ministre de l’Industrie, Bassam Yammine, invité par le photographe de L’Orient-Le Jour à porter sa veste pour faire un tantinet plus sérieux pour la pose photo. Sa nomination à la tête de deux départements ministériels de services n’est pas le fruit du hasard. De toute façon, il reconnaît que s’il ne pousse pas les portes, il les franchit volontiers lorsqu’elles sont ouvertes. Qui ne l’aurait pas fait à sa place ! Le député de Zghorta, Sleimane Frangié, lui a annoncé la nouvelle de sa désignation par téléphone alors qu’il se trouvait à Dammam, en Arabie saoudite, où il est installé depuis 2004, prenant part à un atelier de travail de deux jours. « Regarde tout de suite la LBC », lui a simplement dit l’ancien ministre de la Santé, qui l’avait sondé vaguement une semaine plus tôt sur sa disponibilité à assumer la responsabilité du portefeuille des Télécoms, lui chuchotant à l’oreille que « sa patrie pourrait à nouveau avoir besoin de lui ». Bassam Yammine est un familier de la chose publique. Il s’en était occupé d’une manière efficace pendant au moins deux ans sans faire de vagues dans la presse. Proche collaborateur de Sleimane Frangié alors ministre de la Santé, c’est à lui que revient le mérite de l’informatisation du ministère de la Santé et des départements de santé dans les différents cazas. Selon Bassam Yammine, la tâche n’avait pas été une sinécure. Il était difficile d’accéder aux bases de données des différents organismes concernés d’une manière directe ou indirecte par le processus d’informatisation. « On nous cachait certaines informations sur les bénéficiaires du système de Sécurité sociale afin de faire assumer au ministère de la Santé la charge de l’hospitalisation d’une tranche plus large de la population »,a-t-il dit, soulignant au passage que cette entreprise n’a pas manqué de lui créer « des ennemis ». Le nom de Bassam Yammine a été associé à la réforme. Il a eu accès à différents dossiers en rapport avec le CDR ou le ministère des Finances, se liant d’amitié avec de nombreux hommes politiques dont l’ancien grand argentier Fouad Siniora. « Fouad est un grand ami », dit-il. Des choses évidentes Bassam Yammine est obsédé par l’idée qu’il y a des choses à faire quelle que soit la durée de vie du gouvernement de Nagib Mikati. Il ne peut ainsi être accusé de naviguer à vue. Il s’est mis à la tâche dès le premier jour de sa prise de fonctions. Il considère qu’il y a de nombreuses missions ponctuelles amorcées par son prédécesseur Maurice Sehnaoui qui peuvent être achevées au cours de son bref mandat. En trois jours, il a donné ses instructions et a réglé les problèmes qui avaient empêché l’installation des câbles de haute tension de 220 KW entre Aramoun et Sofar. Faire des choses évidentes à un moment où elles ne le sont pas est sans nul doute un indice du talent. « J’ai beaucoup d’atouts en main », confie-t-il simplement, ajoutant que « l’ancien détenteur du portefeuille ministériel de l’Énergie et de l’Eau a fait beaucoup de choses ». Bassam Yammine est le premier ministre dans l’histoire de ce département à réunir dans un même atelier de travail tous les représentants d’organismes locaux et internationaux ayant été associés au processus de restructuration de l’EDL dans le but de coordonner tous les efforts déployés jusqu’à ce jour. Sa compétence et son sérieux lui pardonnent les coups de pouce dont il a pu bénéficier. Le travail au sein de la société d’importation de pétrole, Gefco, opérationnelle depuis les années cinquante et qu’il a héritée de son père, est suspendu depuis sa nomination. « Cette suspension n’est que provisoire. Il faut éviter un éventuel conflit d’intérêt », souligne-t-il. Face aux industriels, il a été on ne peut plus franc. Bassam Yammine ne leur a pas promis monts et merveilles. Des tarifs préférentiels pour la vente de courant pourraient leur être accordés entre 23h et 6h du matin. Pour le reste de la journée, il n’en sera rien. Le Liban ne produit pas assez d’énergie et doit s’en remettre à la Syrie. Pas de politique La politique : c’est au Premier ministre qu’il laisse le soin de la gérer. Il insiste sur le fait qu’il ne parle que « d’économie » avec les ambassadeurs qui sont venus lui rendre visite. Un ministre à la tête d’un département de service est un poste « d’executive manager ». Un ministère de service se gère comme un patron gère une société commerciale. On peut faire confiance à Bassam Yammine qui a déjà une longue expérience dans la gestion d’actifs et des marchés financiers. Le panorama est impressionnant. Cadre supérieur à Lebanon Invest, il devient après l’acquisition par la Banque Audi de la société directeur général de Audi Investment Banking avant de s’installer, il y a près d’un an, en Arabie saoudite. Dans le royaume wahhabite, Bassam Yammine s’attèle à la création d’une société d’investissements pour le compte de Audi en partenariat avec des consultants saoudiens. Lors des réunions du Conseil des ministres, il trouve normal en bon « executive manager » de réclamer les CV des pressentis aux postes vacants. « Comment peut-on recruter des cadres supérieurs sans examiner leur parcours ? », s’est-il interrogé. La réalisation d’avancées conséquentes au niveau des portefeuilles de service qu’il détient doit être inscrite au crédit de toute une équipe. Il tient à citer entre autres collaborateurs Kamal Shéhadé et Georges Kamar. Liliane MOKBEL
Les gens simples sont difficiles à cerner, et ce qu’ils cachent en eux peut en réalité être considérable. C’est le cas du ministre de l’Énergie et de l’Eau, et ministre de l’Industrie, Bassam Yammine, invité par le photographe de L’Orient-Le Jour à porter sa veste pour faire un tantinet plus sérieux pour la pose photo. Sa nomination à la tête de deux...