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RÉFLEXION À propos de l’ouvrage «Icônes du Liban: au carrefour du dialogue des cultures»

Par Salim Daccache s.j. Icônes du Liban : au carrefour du dialogue des cultures est l’ouvrage de Pamela Chrabieh que nous avons présenté dans ces colonnes (voir L’Orient-Le Jour du 20 février). Aujourd’hui, le père Sélim Daccache s.j., recteur du collège N-D de Jamhour, livre ses impressions sur cette thèse qui aborde le pluralisme à travers l’art de l’icône. «Le message de l’ouvrage de Pamela Chrabieh est direct: l’icône est un instrument de communication d’une importance historique, culturelle et spirituelle. Sa thèse, qui peut être objet de rejet, car elle met en cause certaines idées reçues et bien ancrées, est le premier résultat d’un long pèlerinage dans le monde des icônes. Pour Pamela Chrabieh, l’icône, même si elle est fenêtre sur l’éternité, n’en est pas moins, «surtout, un reflet d’une réalité qui appelle à réagir, s’interroger, se laisser interpeller, espérer et œuvrer pour un futur meilleur ». Ces pièces d’art sacré parfois dénigrées, car ayant subi l’influence occidentale ou arabe, ou copte, œuvres de l’École d’Alep (al-Musawiroun Nehmé, Yusuf, Yuasaf) et d’autres iconographes d’Antioche, Tripoli, Damas, Homs, Baalbeck), se trouvant actuellement au Liban, ne se plient pas aux décisions du Concile de Nicée II sur les structures et règles bien spécifiques de l’icône byzantine. La deuxième partie du second chapitre de l’ouvrage, «Icônes et théologies», livre une leçon magistrale sur les spécificités de cette icône de l’Église byzantine d’Antioche: l’anonymat n’est plus de règle, chaque icône est unique, les expressions de piété ou d’expériences spirituelles sont uniques, les compositions et les techniques d’exécution diffèrent d’une icône à une autre. L’auteur résume les caractéristiques qui ont une portée théologique dans les termes suivants: la localisation (thèmes liés à des traditions locales), la narration (textes sutout en arabe accompagnant la représentation), l’humanisation (toujours transfigurative, la représentation est plus humaine que l’hiératisme byzantin) et l’inculturation qui donna l’occasion à un groupe de melkites de savoir «exprimer leur identité et leurs diverses aspirations par le moyen des icônes». Certes, l’iconographe tient un discours sur Dieu à travers les lignes et les couleurs, mais il ne le sépare pas de soi, ni des intérêts de l’existence humaine de l’époque et son milieu. Les «images sacrées», d’après Pamela Chrabieh, «montrent le combat de ces melkites pour leur foi singulière au sein d’une pluralité religieuse et culturelle, tout en s’ouvrant au dialogue avec l’altérité». Les icônes de l’Orient antiochien affirment que le pluralisme théologique devient une réalité à ne pas mésestimer. C’est ce dernier point, l’icône comme ouverture à l’autre, qui retient encore l’attention de l’auteur et le mène à écrire un troisième chapitre sur un Liban carrefour des civilisations et instrument de dialogue entre les cultures, l’identité n’étant pas l’uniformisation et l’homogénéité, mais le dialogue entre le moi et l’autre qui est devenu une partie du moi. Les centaines d’icônes qui font le patrimoine religieux et culturel du christianisme oriental sont l’illustration particulière de ce jeu continu entre l’identité et le rapport à l’altérité. Ainsi regarder l’icône, la contempler, n’est-ce pas retrouver sa propre foi en l’Autre, n’est-ce pas porter, malgré tout, une vision d’espérance en l’avenir?»
Par Salim Daccache s.j.

Icônes du Liban : au carrefour du dialogue des cultures est l’ouvrage de Pamela Chrabieh que nous avons présenté dans ces colonnes (voir L’Orient-Le Jour du 20 février). Aujourd’hui, le père Sélim Daccache s.j., recteur du collège N-D de Jamhour, livre ses impressions sur cette thèse qui aborde le pluralisme à travers l’art de l’icône.
«Le message...