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Politique - Disparition

Qui était Terry Anderson, cet ex-otage du « Jihad islamique » assimilé au Hezbollah ?

Décédé dimanche aux États-Unis, cet ancien journaliste avait été kidnappé en 1985 à Beyrouth et relâché en 1991. Il est considéré comme l'un des otages américains ayant passé le plus de temps en captivité.

Qui était Terry Anderson, cet ex-otage du « Jihad islamique » assimilé au Hezbollah ?

L'ancien otage américain, Terry Anderson, accompagné de sa fiancée, Madeleine Bassil, à son arrivée à l'aéroport John F. Kennedy à New York, le 10 décembre 1991. Ted Horodynsky/AFP

Décédé dimanche aux États-Unis, à 76 ans, l'ancien journaliste américain Terry Anderson avait fait la une de la presse au Liban entre 1985 et 1991. Et pour cause : il aura passé sept ans entre les mains du « Jihad islamique », une milice chiite assimilée dans les années quatre-vingt par de nombreux analystes au Hezbollah, devenant l'un des otages américains étant resté le plus longtemps en captivité.

Directeur de l'Associated Press (AP) à Beyrouth, Terry Anderson est enlevé le 16 mars 1985, au retour d'un match de tennis à Beyrouth-Ouest avec son collègue, Donald Mell. « M. Anderson, 37 ans, de nationalité américaine, a été enlevé dans le secteur « Graham » à Hamra, alors qu'il était en compagnie du photographe de l'AP, Donald Mell », relate le lendemain L'OLJ à partir du témoignage de ce dernier.

S'ensuit alors un parcours du combattant mené par les États-Unis et la famille Anderson afin d'obtenir sa libération, alors qu'à l'époque, nombreux sont les journalistes, diplomates ou employés étrangers enlevés au Liban par des groupes armés.

« Le directeur régional de l'Associated Press enlevé à Beyrouth-Ouest », peut-on lire dans cet article publié à la une de « L'Orient-Le Jour », le 17 mars 1985. Photo d'archives L'OLJ

Le rapt

« Vers 8h20, Donald Mell, sorti de la voiture, discutait avec son directeur, resté au volant. Une Mercedes verte sans plaque d'immatriculation s'est arrêtée devant eux. M. Mell affirme l'avoir vue passer deux fois devant le court de tennis », détaille L'OLJ. « Je n'aime pas ça, tire-toi », explique-t-il avoir dit à Terry Anderson.

Celui-ci a à peine le temps d'« enclencher la marche arrière que trois hommes, âgés d'une vingtaine d'années et armés de pistolets, sortent de la Mercedes, ouvrent la portière de sa voiture et s'emparent de lui. L'un d'eux tenait Donald Mell à distance, sous la menace de son arme », poursuit L'OLJ. L'Américain est alors emmené dans la Mercedes et ses ravisseurs tirent les rideaux de la vitre arrière avant de s'enfuir à toute vitesse.

Le rapt est revendiqué deux jours plus tard par le Jihad islamique, habitué de ce genre d'opérations lors de la guerre civile. On lui attribue notamment la fameuse attaque aux camions piégés, en  octobre 1983, contre des bâtiments abritant des militaires américains et français à Beyrouth. Le Hezbollah, lui, a toujours démenti son implication dans l'enlèvement de Terry Anderson.

« Son calvaire de six ans et demi en tant qu'otage de terroristes était aussi inimaginable que réel », raconte Louis D. Boccardi, directeur de l'AP à l'époque, dans un hommage rendu par l'agence lundi. « Attaché à des chaînes, transporté d'une cachette à l'autre attaché au châssis d'un camion, nourri avec des aliments souvent immangeables et coupé du reste du monde », poursuit le directeur de l'AP, décrivant les conditions dans lesquelles le journaliste a vécu aux mains de ses ravisseurs.

Celui qui avait passé des années à raconter les atrocités de la guerre civile libanaise s'était donc retrouvé victime de ces mêmes horreurs. Terry Anderson supposait qu'il avait été kidnappé « parce que son rôle avait suscité la suspicion de membres du Hezbollah », raconte AP. « Pour eux, ceux qui posent des questions bizarres dans des endroits dangereux doivent certainement être des espions », confiait le journaliste dans une interview en 2018. 

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La libération

Sa libération est négociée à plusieurs reprises, conditionnée un temps par le Jihad islamique à la libération d'une dizaine de prisonniers pro-iraniens au Koweït. Ces mêmes prisonniers finiront par s'enfuir de prison le 3 août 1990, au lendemain de l'invasion irakienne, selon les archives de L'OLJ

Terry Anderson est finalement relâché le 4 décembre 1991 « après des mois de négociations menées par Giandomenico Picco (envoyé spécial des Nations unies chargé de négocier la libération de 11 otages au Liban durant la guerre, dont le journaliste américain faisait partie) qui représentait le secrétaire général (de l'ONU) Javier Perez de Cuellar, et qui a traité avec les Iraniens, les Israéliens et les ravisseurs libanais pour obtenir la libération des captifs », raconte le New York Times dans son édition du 5 décembre 1991.

Le jour de sa libération, le journaliste est remis par ses ravisseurs aux services sécuritaires syriens qui se chargent de l'emmener à Damas. Il retrouvera Giandomenico Picco, ainsi que l'ambassadeur des États-Unis à Damas, Christopher Ross, au ministère syrien des Affaires étrangères. Terry Anderson est hospitalisé en Allemagne dès le lendemain, dans le même établissement qui avait déjà accueilli avant lui 120 ex-otages américains de retour du Proche ou du Moyen-Orient depuis 1981, rapporte L'OLJ.

De retour aux États-Unis, Terry Anderson travaillera entre autres comme professeur de journalisme. Deux ans après sa libération, il publiera son témoignage, intitulé Den of Lions. Souffrant de stress post-traumatique, le journaliste avait gagné plusieurs millions de dollars dans les années 2000 après un procès auprès de la justice américaine qui avait réussi à démontrer la responsabilité de l'Iran dans sa détention. Terry Anderson avait fini par perdre sa fortune à cause de mauvais investissements, selon AP.

Décédé dimanche aux États-Unis, à 76 ans, l'ancien journaliste américain Terry Anderson avait fait la une de la presse au Liban entre 1985 et 1991. Et pour cause : il aura passé sept ans entre les mains du « Jihad islamique », une milice chiite assimilée dans les années quatre-vingt par de nombreux analystes au Hezbollah, devenant l'un des otages américains étant...

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A peine mise en place, la république khomeyniste inaugure la diplomatie du kidnapping par la prise d’otages dont seront victimes 44 membres du personnel diplomatique américain. La méthode est ensuite étendue au Liban où, par la main du Hezbollah, elle visera plusieurs dizaines d’occidentaux. Certains seront libérés moyennant rançon ou suite à diverses négociations, mais tous n’auront pas cette chance et certains ne rejoindront leur pays qu’à l’état de cadavres, voire pas du tout.

Yves Prevost

07 h 20, le 23 avril 2024

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  • A peine mise en place, la république khomeyniste inaugure la diplomatie du kidnapping par la prise d’otages dont seront victimes 44 membres du personnel diplomatique américain. La méthode est ensuite étendue au Liban où, par la main du Hezbollah, elle visera plusieurs dizaines d’occidentaux. Certains seront libérés moyennant rançon ou suite à diverses négociations, mais tous n’auront pas cette chance et certains ne rejoindront leur pays qu’à l’état de cadavres, voire pas du tout.

    Yves Prevost

    07 h 20, le 23 avril 2024

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