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À La Une - corruption

En Russie, les libéraux du pouvoir sous le choc après la chute du ministre de l'Economie

La soudaineté de la chute d'Alexeï Oulioukaïev semble avoir pris par surprise les élites russes jusqu'au sommet de l'Etat.

En 24 heures, le ministre russe de l'Economie Alexeï Oulioukaïev a été arrêté par les services secrets au siège du puissant groupe pétrolier Rosneft, inculpé pour extorsion de pots-de-vin, présenté devant un juge sous l’œil des caméras et limogé par décret de Vladimir Poutine. REUTERS/Maxim Zmeyev

Du choc à l'incompréhension : la folle journée qui a vu le ministre russe de l'Economie être inculpé de corruption puis remercié du gouvernement plongeait mercredi l'aile libérale du pouvoir dans l'expectative concernant les possibles répercussions de cette affaire à l'ampleur inédite.

Jamais depuis la chute de l'URSS, suivie pourtant de réguliers coups de théâtres politiques et de liaisons troubles entre mafia et pouvoir, un ministre en exercice n'avait été interpellé pour de quelconques soupçons.
En 24 heures, Alexeï Oulioukaïev a été arrêté par les services secrets au siège du puissant groupe pétrolier Rosneft, inculpé pour extorsion de pots-de-vin, présenté devant un juge sous l’œil des caméras et limogé par décret de Vladimir Poutine.

La soudaineté de la chute de cette figure relativement peu charismatique mais à la tête d'un ministère clé après deux ans de récession économique, semble avoir pris par surprise les élites russes jusqu'au sommet de l'Etat. Les faits "sortent du domaine de la compréhension", a lâché mardi soir le Premier ministre Dmitri Medvedev.

Selon les enquêteurs, M. Oulioukaïev, dans le viseur depuis plusieurs semaines, a été interpellé en flagrant délit alors qu'il s'apprêtait à recevoir deux millions de dollars, soutirés à Rosneft sous menace de mettre des bâtons dans les roues à ses activités. Il aurait exigé cette somme en échange de son feu vert au rachat par le groupe semi-public de son concurrent Bachneft, privatisé par l'Etat, après s'y être publiquement opposé comme plusieurs autres ministres.

Le journal Vedomosti affirme que plusieurs membres du gouvernement, comme le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch, se trouvaient dans le collimateur des forces de l'ordre tandis que l'agence Ria-Novosti croit savoir que d'autre hauts fonctionnaires pourraient être mêlés à l'affaire.
Dans un pays où l'indépendance de la justice est souvent remise en doute, la version des enquêteurs a poussé de nombreux observateurs indépendants et opposants à s'interroger sur les motivations de cette affaire. Alexeï Oulioukaïev soutirant des fonds au tout puissant patron de Rosneft Igor Setchine, c'est comme "un moineau qui extorque un lion", a ironisé la journaliste Ioulia Latynina dans le journal indépendant Novaïa Gazeta.

 

"Libéraux démoralisés"
Gros poisson victime de la lutte anticorruption ? Énième épisode des luttes de clans qui rythment la vie politique russe depuis 15 ans, entre "libéraux" et "siloviki" issus des services de sécurité gravitant autour de Vladimir Poutine? Vengeance d'Igor Setchine, membre des "siloviki", contre le responsable des privatisations ? Attaque contre la politique économique du gouvernement entre les mains de l'aile libérale et très critiquée en deux ans d'une crise économique douloureuse pour le pouvoir d'achat des Russes ?

L'affaire est "étonnante", résume le politologue Konstantin Kalatchev. "Setchine en constitue le personnage principal, mais ses intérêts ont pu correspondre à ceux du FSB (les services secrets héritiers du KGB) qui lutte contre la corruption et voulait apporter à Poutine un gros poisson".
"La principal conséquence, c'est que les libéraux économiques russes sont démoralisés. (...) Il n'y aura pas de changement de cap, la stagnation va continuer: toutes les propositions de réformes perdent leur sens", regrette cet expert.

Avec Oulioukaïev, c'est un symbole de l'aile libérale qui tombe: il a travaillé avec Egor Gaïdar, auteur des réformes controversées qui ont converti la Russie dans la douleur à l'économie de marché dans les années 1990. Il appelait publiquement à des réformes comme le relèvement de l'âge de la retraite ou la libéralisation du marché du travail, censées éviter que la crise ne se transforme en stagnation.
"Pour nous qui connaissons Alexeï Oulioukaïev depuis 30 ans, ce qui s'est passé est un choc", a reconnu Anatoli Tchoubaïs, qui a supervisé les privatisations des années 1990.

S'inquiétant pour "la crédibilité du gouvernement", les économistes de la banque russe Alfa ont vu dans l'affaire "un test décisif pour le Premier ministre", souvent associé aux libéraux.
Ce clan n'est cependant pas le seul dont des membres sont tombés ces derniers mois, marqués notamment par le renvoi du patron des douanes accusé de corruption.
"A la différence des années 1930, la machine répressive ne présente pas de motif idéologique et se concentre sur le partage des ressources disponibles", a jugé le journal Vedomosti.

 

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Du choc à l'incompréhension : la folle journée qui a vu le ministre russe de l'Economie être inculpé de corruption puis remercié du gouvernement plongeait mercredi l'aile libérale du pouvoir dans l'expectative concernant les possibles répercussions de cette affaire à l'ampleur inédite.
Jamais depuis la chute de l'URSS, suivie pourtant de réguliers coups de théâtres...

commentaires (4)

BONNE ACTION CERTES... MAIS AVEC LES GAFFES POLITIQUES ET LES AVENTURES MILITAIRISTES C,EST TOUTE L,ECONOMIE QUI EN DANGER FERAIT S,AGENOUILLER LES PLUS GRANDS...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 18, le 17 novembre 2016

Tous les commentaires

Commentaires (4)

  • BONNE ACTION CERTES... MAIS AVEC LES GAFFES POLITIQUES ET LES AVENTURES MILITAIRISTES C,EST TOUTE L,ECONOMIE QUI EN DANGER FERAIT S,AGENOUILLER LES PLUS GRANDS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 18, le 17 novembre 2016

  • Le choc des scandales dans le pays des mafieux .

    Sabbagha Antoine

    07 h 52, le 17 novembre 2016

  • Le choc des scandales dans le pays des mafieux .

    Sabbagha Antoine

    19 h 48, le 16 novembre 2016

  • Bien. Et alors ? Ça n'arrive jamais qu'on arrête un corrompu en pays libéral ? Ah oui que je suis bête de poser cette question cahuzac et France est toujours en liberté après ce qu'il a fait.

    FRIK-A-FRAK

    18 h 42, le 16 novembre 2016

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