Mokbel proroge le mandat de Kahwagi

Le ministre de la Défense, Samir Mokbel, a annoncé hier qu'il a décidé de reporter le départ à la retraite du commandant en chef de l'armée, Jean Kahwagi, dont le mandat expire ce 30 septembre, ajoutant qu'il décidera aujourd'hui du cas du chef d'état-major de l'armée, Walid Salmane, dont les fonctions arrivent également à terme.
« Je signerai aujourd'hui (hier) la décision du report du départ à la retraite du général Kahwagi, car il est de mon devoir, en l'absence du Conseil des ministres, d'éviter au pays toute vacance à la tête de l'institution militaire », a annoncé M. Mokbel lors d'une conférence de presse, affirmant en outre : « Demain (aujourd'hui), je prendrai la décision concernant le report du départ à la retraite du chef d'état-major. »
Le ministre de la Défense a évoqué dans ce contexte les dangers sécuritaires qui menacent « de tous côtés » les Libanais, notant qu'outre l'armée, il n'a « vu aucune institution qui soit restée à l'écart des tiraillements et dont l'objectif est de rester au service du pays et des citoyens ». « Ni les frontières ni la dignité ne sont préservées sans l'institution militaire », a encore observé M. Mokbel, appelant à « ne pas impliquer l'armée dans les méandres politiques ».
Le ministre a en outre assuré que la décision prise hier et celle qu'il prendra aujourd'hui « découlent de (sa) conscience nationale », affirmant qu'« elles sont conformes à la Constitution et aux lois, loin de toute volonté de toute complaisance pour telle ou telle autre partie ».
M. Mokbel a par ailleurs précisé que sa décision de prolonger le mandat de M. Kahwagi « n'a pas de limite temporelle », affirmant que lorsque le Conseil des ministres tranchera au sujet des nominations militaires, sa décision ministérielle sera considérée comme « nulle ».

Le CPL furieux
La décision du ministre de la Défense a été vivement critiquée par le Courant patriotique libre, qui réclame la nomination d'un nouveau commandant en chef de l'armée.
Dans un communiqué, le CPL a estimé que le report du départ à la retraite de M. Kahwagi « constitue une violation flagrante de toutes les lois, qui vient s'ajouter à une série de violations que le gouvernement commet et tait depuis longtemps au plan de la défense nationale et à d'autres niveaux ». Le texte ajoute que « pour appuyer sa décision illégale, le ministre de la Défense a eu recours à des prétextes qui ne servent pas l'institution militaire mais, au contraire, l'affaiblissent et sapent le moral d'une élite de ses officiers en les privant de leur droit naturel et légitime à être promus aux plus hauts postes, eux qui se sacrifient pour le Liban, notamment en cette période où l'armée fait face au terrorisme ».
Le CPL a encore souligné qu'il ne se taira pas devant ces violations continues de la loi, « quand bien même ce cri de dénonciation est seul ». Exprimant son « attachement à l'État de droit et des institutions, et (son) respect de la Constitution et des lois », le parti aouniste a enfin affirmé qu'il entreprendra tout ce qui est nécessaire pour mettre fin aux actions entraînant la destruction de l'État.