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Économie - Politique monétaire

La communication de la Fed au défi de la clarté face à des investisseurs sceptiques

Depuis qu'elle dirige la Banque centrale, Janet Yellen a rompu avec la stratégie de « pilotage des anticipations » de ses prédécesseurs, compliquant la tâche aux marchés.

La Fed utilise régulièrement la traditionnelle réunion de rentrée des grands banquiers centraux pour donner des indications sur l’évolution prochaine de sa politique monétaire. Carlos Barria/Reuters

La présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, pourrait avoir du mal, vendredi, à convaincre les marchés financiers de sa capacité à faire voter au moins une hausse de taux d'ici à la fin décembre alors qu'elle en évoquait quatre en tout début d'année.
Son intervention sera de très loin la plus suivie lors du symposium de Jackson Hole, dans le Wyoming, la traditionnelle réunion informelle de rentrée des grands banquiers centraux du monde entier, que la Fed utilise régulièrement pour donner des indications sur l'évolution prochaine de sa politique monétaire.
Mais la donne est particulière cette année : alors que, début 2016, après la hausse de taux de décembre – la première en près de dix ans – la Fed semblait partie pour quatre relèvements supplémentaires sur l'année, elle a dû revoir ses perspectives face au ralentissement de la croissance mondiale, à la volatilité des marchés (Chine et Brexit obligent) et à des indicateurs économiques américains souvent mitigés.
Désormais, alors qu'il ne reste plus que trois réunions de politique monétaire d'ici à la fin de l'année, certains investisseurs se demandent si la banque centrale ne s'est pas placée elle-même dans une situation délicate.
« On peut dire ce qu'on veut mais les faits sont là : sur les sept dernières années, nous n'avons eu qu'une misérable hausse de taux de 25 points de base. » Show me the money « », résume Don Ellenberger, gérant de Federated Investors.

Déconnexion entre les marchés et la Fed
Au vu des prix des contrats à terme sur les fonds fédéraux, les investisseurs estiment que la probabilité d'une hausse de taux en septembre ou en novembre est quasi nulle et que celle d'un relèvement en décembre est proche de 50 %.
Le problème est que si Janet Yellen ne parvient pas à tracer des perspectives claires, la prochaine hausse de taux, quel que soit le moment où elle interviendra, risque de déclencher des turbulences financières comparables à celles observées en 2013, lorsque les marchés avaient été désagréablement surpris par le discours de la banque centrale annonçant l'arrêt prochain de ses achats d'obligations.
« Elle n'a pas la tâche facile », a reconnu James Bullard, le président de la Fed de St-Louis, la semaine dernière devant des journalistes. James Bullard, qui a critiqué le manque de clarté de la stratégie de communication de la banque centrale, s'est en outre dit surpris de l'ampleur persistante de l'écart entre les anticipations de la Fed et celles des marchés.
En effet, alors qu'en décembre les investisseurs tablaient sur deux relèvements de taux sur un an contre quatre évoquées par la Fed, une situation sans grand changement par rapport à celle qui prévalait un an plus tôt, l'écart s'est creusé depuis : les responsables de la banque centrale anticipent trois hausses de taux en 2017 en plus des deux évoquées pour cette année alors qu'une majorité d'investisseurs n'anticipe plus qu'une hausse d'ici à la fin de l'an prochain. « On observe toujours cette déconnexion entre les marchés et la Fed », a dit James Bullard.
Certains responsables de l'institution craignent que l'économie américaine, caractérisée à la fois par un marché de l'emploi dynamique et une inflation toujours faible, ne soit vouée à une période de faible croissance, qui imposerait le maintien de taux bas pendant encore des années.
Les tensions au sein du comité de politique monétaire entre les tenants d'une hausse des taux dès que possible et ceux qui préfèrent attendre sont perceptibles dans le compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire, celle des 26 et 27 juillet, publié la semaine dernière.
Depuis son arrivée à la tête de la Fed, Janet Yellen a rompu avec la stratégie de « forward guidance » ou de « pilotage des anticipations » de mise pendant les années de politique monétaire ultra-accommodante, optant pour un discours dans lequel la politique de taux est présentée comme « dépendante des indicateurs », ce qui implique qu'un relèvement est possible à chaque réunion.
Pour Michael Gapen, économiste de Barclays, Janet Yellen, dans son discours de Jackson Hole, pourrait clairement laisser entendre qu'une hausse de taux aura lieu dans les prochains mois si la croissance de l'emploi reste soutenue. Dans le cas contraire, ajoute-t-il, les investisseurs continueront de douter de la réalité de la remontée à venir des taux. « Ils se demandent si elle disposera jamais des indicateurs qui justifieront une hausse de taux, explique-t-il. Je pense qu'elle a elle-même un problème de crédibilité face aux marchés. »

Jason Lange et Lindsay Dunsmuir / Reuters

La présidente de la Réserve fédérale, Janet Yellen, pourrait avoir du mal, vendredi, à convaincre les marchés financiers de sa capacité à faire voter au moins une hausse de taux d'ici à la fin décembre alors qu'elle en évoquait quatre en tout début d'année.Son intervention sera de très loin la plus suivie lors du symposium de Jackson Hole, dans le Wyoming, la traditionnelle réunion...

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