Débats sur la transparence... dans le secret

Après l’arrivée du dernier retardataire, le cardinal vietnamien Jean-Baptiste Pham Minh Man, le collège des 115 électeurs est désormais au complet, sauf que les cardinaux n’ont pas encore voté la date du conclave.
Électeurs et non-électeurs (plus de 80 ans) sont réunis depuis lundi à Rome en congrégations pour préparer ce conclave qui élira le successeur de Benoît XVI. À ce jour, 67 cardinaux des cinq continents sont intervenus et deux thèmes ont été abordés hier matin : l’œcuménisme et la lutte contre la pauvreté.

Scandale du Vatileaks
En outre, les cardinaux électeurs se sont à nouveau penchés hier sur les multiples problèmes de l’Église et les finances du Saint-Siège, dans un climat de plus en plus secret. Ils ont écouté des rapports de trois cardinaux italiens responsables des affaires économiques de la Curie. Un thème hautement sensible, qui aurait provoqué le scandale Vatileaks des fuites de documents secrets du pape, selon « une gorge profonde » non identifiée et citée longuement hier par La Repubblica. Selon ce corbeau, toute cette affaire est partie de « l’opération de rationalisation des activités économiques du Saint-Siège » qui a suscité des remous et des transferts au plus haut sommet de l’État. Toujours selon cette source, « beaucoup de cardinaux veulent connaître le contenu du rapport » de trois de leurs collègues chargés par Benoît XVI d’une enquête parallèle sur Vatileaks. Mais « il y a une tentative pour tout bloquer » alors que « le rapport (secret) concerne justement les relations avec les fidèles, le IOR (la banque du Vatican, NDLR), l’image du Saint-Siège », assure cette source, présentée comme un prélat.

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 « Réserve croissante »
Interrogé sur Vatileaks, le père Lombardi, le porte-parole du Vatican, a indiqué qu’il est « absolument évident que l’on parle de ce thème ». Mais « quand on a quelque chose à dire, c’est mieux de prendre ses responsabilités avec son nom et prénom », s’est-il agacé, en évoquant le corbeau. La curiosité sur ce rapport, qui ne sera remis qu’au prochain pape, s’est encore accrue après l’annulation des conférences de presse quotidiennes des dynamiques prélats américains. Lundi et mardi, ils étaient les seuls à avoir organisé une communication systématique sur les enjeux de leurs débats, sans toutefois dévoiler de secret. Mais ils ont été contraints d’y renoncer. Le père Federico Lombardi a insisté sur la nécessité d’une « réserve croissante », alors que les cardinaux commencent à tracer l’idéal du futur pape. À ce sujet, il n’y a aucun candidat fort qui émerge à l’heure actuelle pour être élu pape, a estimé hier le vaticaniste italien Marco Politi. « Il n’y a pas de blocs définis ni de candidats forts », a-t-il affirmé.

(Repère :Qui succèdera à Benoit XVI : quelques candidats potentiels)

Par ailleurs, le lourd scandale de la pédophilie continue de peser sur le préconclave. L’organisation américaine d’anciennes victimes de prêtres pédophiles SNAP a dressé la liste de douze cardinaux qu’elle qualifie de « salopards », jugeant qu’ils ne doivent pas devenir papes. De plus, une pétition d’une ancienne victime d’un prêtre italien sur un site Internet change.org demande aussi l’expulsion d’un cardinal de Curie, Domenico Calcagno. Enfin, des victimes de sévices sexuels de la part de prêtres catholiques ont recueilli plus de 20 000 signatures en une semaine contre la participation du cardinal Norberto Rivera au conclave.

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