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Moyen Orient et Monde - Mali

Scènes de pillage à Tombouctou

À Addis-Abeba, des donateurs promettent des levées de fond.

À Tombouctou, un soldat malien tente de disperser des pilleurs qui s’en sont pris aux magasins des « Arabes ».  Éric Feferberg/AFP

Des magasins supposés appartenir à « des Arabes » assimilés aux islamistes armés liés à el-Qaëda ont été pillés hier à Tombouctou par une foule en colère, au lendemain de l’entrée sans combat des soldats français et maliens. Dans certaines boutiques, des munitions et des radios militaires ont été découvertes. Mais l’essentiel de la population était occupé à se saisir surtout de télévisions, antennes satellite, nourriture, meubles, vaisselle... Human Rights Watch (HRW) avait demandé lundi aux autorités de prendre « des mesures immédiates » pour « protéger tous les Maliens de représailles », évoquant « des risques élevés de tensions interethniques ». Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault a d’ailleurs déclaré hier que la France était « favorable » au déploiement d’observateurs internationaux pour veiller au respect des droits de l’homme.


Toujours sur le terrain, 3 500 soldats français et 1 900 soldats africains, notamment tchadiens et nigériens, sont déployés aux côtés de l’armée malienne. Au total, 8 000 soldats africains sont attendus, mais ils n’arrivent qu’au compte-gouttes, leur déploiement étant ralenti par des problèmes de financement et de logistique. Sur ce point, les États-Unis ont annoncé hier qu’ils allaient transporter à l’aide de leurs avions des troupes africaines intervenant au Mali, notamment depuis le Tchad et le Togo. De même, le Niger a accepté que les États-Unis déploient sur son territoire des drones destinés à surveiller les groupes islamistes dans le nord du Mali, et plus largement dans le Sahara. Dans ce contexte, le général François Lecointre a estimé hier que le « délabrement avancé » de l’armée malienne rend « plus nécessaire que jamais » la mission de conseil et de formation (EUTM) que s’apprête à lancer l’Union européenne, opérationelle à partir de la mi-février et que lui-même dirigera.


À Anongo, à 80 km au sud de Gao, une centaine de pick-up et 4x4 surmontés de mitrailleuses et de véhicules blindés légers des armées nigérienne et malienne sont entrées sous les vivats des habitants dans cette ville occupée jusqu’à il y a peu par les islamistes du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao). Après Gao et Tombouctou, les regards se tournent à présent vers Kidal, troisième grande ville du Nord. La ville serait désormais sous le contrôle des Touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) et des dissidents du groupe islamiste Ansar Dine, qui ont formé le Mouvement islamique de l’Azawad (MIA). Des centaines de personnes ont entre-temps fui Kidal vers des villages plus au nord, en direction de la frontière algérienne, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU, qui affirme que l’accès à la nourriture et aux biens de première nécessité a été sérieusement affecté par le conflit et la fermeture de la frontière.


Parallèlement, à Addis-Abeba, Union africaine, Union européenne, Japon, États-Unis et ONU participaient à une conférence des donateurs qui a levé 455,53 millions de dollars, destinés aux besoins militaires et humanitaires. Toujours dans la capitale éthiopienne, le président malien par intérim Dioncounda Traoré a déclaré qu’il espérait pouvoir convoquer des élections « transparentes et crédibles » avant le 31 juillet. « Je voudrais réitérer notre engagement à conduire la transition en cours au Mali avec un seul agenda : le recouvrement des territoires occupés (par les insurgés islamistes) du Nord, mais aussi et surtout le retour du Mali à une situation constitutionnelle normale », a-t-il assuré. C’est dans ce but que les députés maliens ont voté hier à l’unanimité la mise en place d’une « feuille de route » politique pour l’après-guerre, qui prévoit une discussion avec certains groupes armés dans le cadre de la « réconciliation nationale ».


En attendant, Tarek Mitri, représentant spécial de l’ONU en Libye, a exprimé hier la crainte que le conflit au Mali puisse avoir des retombées sur la sécurité dans l’est de la Libye en raison des « liens ethniques ou idéologiques » entre groupes extrémistes maliens et libyens.
Par ailleurs, le Premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem al-Thani, a démenti hier soir toute forme d’aide de son pays aux islamistes radicaux au Mali, affirmant que l’aide fournie l’année passée à ce pays a été faite en collaboration avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

 

 

Analyse

Quelle stratégie pour les islamistes ?

Des magasins supposés appartenir à « des Arabes » assimilés aux islamistes armés liés à el-Qaëda ont été pillés hier à Tombouctou par une foule en colère, au lendemain de l’entrée sans combat des soldats français et maliens. Dans certaines boutiques, des munitions et des radios militaires ont été découvertes. Mais l’essentiel de la population était occupé à...

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