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Moyen Orient et Monde - Ici et maintenant

#Harem

Un couac à la tête de l’État ? Du linge sale lavé sur la largeur de l’Hexagone entre un homme et une femme ? Une magouille politicienne, une distribution des rôles, adoubée par le président lui-même ? Une initiative personnelle, une sordide et somme toute banale histoire de jalousie, qui n’en est pas à sa première expression ?
Ce n’est pas très grave finalement. Une fois les 140 signes twittés, la France et puis une bonne partie de la planète ont valsé entre stupeur et tremblements (de rire). Entre un Feydeau pas très travaillé, un somptueux Barbara Cartland à la mayonnaise mexicano-égyptienne et un mauvais Racine. En pleines législatives. La gauche rougit, baisse les yeux, parle de péripéties ou traite, synchrone avec le FN, Valérie Trierweiler de pitoyable. La droite, bien sûr, se gausse. À raison. Elle en avait bien besoin, ceci dit. C’est la ringardisation de l’Élysée : c’est Dallas. L’hyperparabole du blingbling. Originel, texan. C’est l’agonie de la présidence normale. Avec la First girlfriend dans le costume du fossoyeur.
Ce n’est certes pas une affaire de l’État. Encore moins une affaire d’État – même si la porosité entre les histoires de cul et l’exercice du pouvoir n’aura jamais été aussi impressionnante. Mais elle pose, enfin, et avec une acuité retentissante, la question forcément, férocement politique du rôle, au IIIe millénaire, de la Première dame de France. Que Valérie Trierweiler s’est employée dès le début à flouter encore davantage avec un étonnant, un gourmand, un carnassier sourire. En pleine campagne présidentielle en 2007, Arnaud Montebourg, porte-parole de Ségolène Royal à l’époque, se faisait prestement virer par sa patronne après avoir pratiquement épelé l’une de ses phrases fétiches : Le seul problème de Ségolène ? Son compagnon. Aujourd’hui, la journaliste est devenue un boulet pour le locataire de l’Élysée.
Pas seulement parce qu’elle transgresse un sacro-saint principe : un professionnel des médias n’affiche jamais ses préférences politiques. Pas seulement parce qu’elle se mêle de ce qui ne la regarde absolument plus, du moins publiquement. Pas seulement parce que son croche-pied-de-nez au chef de l’État fera date. Pas seulement parce qu’elle répète à qui veut bien l’entendre qu’elle est libre, libre, libre, qu’elle a du caractère, qu’on ne peut pas la brider, que François lui fait confiance sur tout sauf sur ses tweets. Pas seulement parce que le président Hollande a un drôle de faible pour les femmes fortes, indomptables – comme papa. Pas seulement parce que, victime barthésienne malgré elle, comme jalouse, Valérie Trierweiler souffre quatre fois : d’être exclue, d’être agressive, d’être folle et d’être commune. Son Embrasse-moi main-te-nant sur la scène de la victoire présidentielle devant les caméras du monde est anthologique. Pathologique, irréversible, irraisonnée, hystérique, la jalousie d’une femme pourrait, aussi pathétique soit-elle, attendrir, toucher au sublime, à la tragédie, à l’universel. Mais pas là. Vraiment pas là.
N’est pas Danielle Mitterrand ou Eleanor Roosevelt qui veut : le tweet de Valérie Trierweiler à l’obscur et warholien Olivier Falorni manque cruellement de classe. Surtout comparé aux campagnes procubaines ou prokurdes de l’épouse de François Mitterrand. Et si Valérie Trierweiler gêne déjà et va considérablement continuer à gêner François Hollande, c’est parce qu’elle est l’absolu pendant féminin de Nicolas Sarkozy. Que ces deux individus partagent les mêmes qualités et les mêmes défauts. Que tous deux avaient des revanches gargantuesques à prendre : l’un est hongrois d’origine, de petite taille, imbibé de Didier Barbelivien, de Christian Clavier et de Marc Lévy ; l’autre est née Massonneau. Il y a du Balzac, du Proust dans ce Massonneau qui pour elle rime trop avec Verdurin ; dans ce Massonneau même pas repris après le divorce consommé en 2010 avec Denis Trierweiler ; dans ce Massonneau-famille bourgeoise totalement désargentée, dit-elle, elle, cinquième de six enfants élevés dans un quartier populaire de la fade Angers. Valérie Trierweiler et Nicolas Sarkozy, comme tous les malades du complexe d’infériorité, ont voulu dynamiter les usages, la naphtaline, la façon d’être et de paraître, président ultrashow-off pour lui, Première dame ultrashow-off pour elle. Sauf que le blingbling sentimental est terriblement plus monstrueux que l’original, déjà plouc infini. Nous deux est plus obscène que Sade. Encore Barthes.
Le tweet de @valtrier n’influera sur rien et encore moins sur le résultat de l’élection en Charente-Maritime, mais aura réussi quelque chose : transformer encore plus Ségolène Royal en héroïne de tragédie. Iphigénie ? Bérénice. À moins que...
Toute jalousie poussée au-delà d’une certaine limite révèle un sentiment homosexuel, dit Chawki Azouri.
À la bonne heure !
Un couac à la tête de l’État ? Du linge sale lavé sur la largeur de l’Hexagone entre un homme et une femme ? Une magouille politicienne, une distribution des rôles, adoubée par le président lui-même ? Une initiative personnelle, une sordide et somme toute banale histoire de jalousie, qui n’en est pas à sa première expression ? Ce n’est pas très grave finalement. Une fois les...
commentaires (4)

Très Cher Monsieur Ziad Makhoul, nous sommes habitué à vos articles qui font BAM ! , toujours à la UNE ! sur la scène Libanaise. Tout comme Monsieur Halim Abou Chacra, je m'attendais à un article de FEU sur ce qui nous travaille, nous tracasse et nous angoisse : en l'occurence, le Dialogue, des sourds et muets, que nous attendions avec tant d'impatience et d'espoir, et qui, comme la montagne de La Fontaine, a accouché d'une souris ! Nous attendons impatiement votre prochain article. Bonne journée.

SAKR LEBNAN

06 h 06, le 13 juin 2012

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Commentaires (4)

  • Très Cher Monsieur Ziad Makhoul, nous sommes habitué à vos articles qui font BAM ! , toujours à la UNE ! sur la scène Libanaise. Tout comme Monsieur Halim Abou Chacra, je m'attendais à un article de FEU sur ce qui nous travaille, nous tracasse et nous angoisse : en l'occurence, le Dialogue, des sourds et muets, que nous attendions avec tant d'impatience et d'espoir, et qui, comme la montagne de La Fontaine, a accouché d'une souris ! Nous attendons impatiement votre prochain article. Bonne journée.

    SAKR LEBNAN

    06 h 06, le 13 juin 2012

  • Lorsqu'on est président de la République, il faut avoir du courage.Tenir, tenir, tenir, envers et contre tout ! Pour que le Liban tienne. Twitter ou vérité quand tu nous tiens . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    03 h 40, le 13 juin 2012

  • Excellent et très bel article, M. Ziad Makhoul, bien rendu et bien à propos d'un certain genre de "genre humain" et social..... pareil !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    02 h 54, le 13 juin 2012

  • M Makhoul, excusez-moi cette fois. Je suis un homme meurtri par sa franchise et je n'y peux rien. J'aurais préféré lire un ICI ET MAINTENANT, avec votre style splendide, sur notre dialogue-"nifaq" du lundi à Baabda et les menaces arrogantes et grotesques du député Mohammad Raad. Je ne suis nullement intéressé de savoir ce que Valérie Trirweiler a tweeté, ce qui est d'ailleurs introuvable tout au long de votre article.

    Halim Abou Chacra

    23 h 36, le 12 juin 2012

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