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Liban

Réfugiés syriens et communautés d’accueil : des besoins qui s’amplifient avec le temps ...

Depuis le début de la crise syrienne, soit un peu moins de deux ans, l’Unicef tente de parer à l’urgence de la situation, et cela sans pour autant mettre en veilleuse son programme d’équité au Liban qui est destiné aux pays à hauts revenus.

Short, sandales et sweater en coton pour affronter la neige. Avec l’ampleur de la crise en Syrie et le nombre des réfugiés qui augmentent, les besoins ne seront pas comblés à temps.

En décembre 2010, quand Annamaria Laurini a entamé son mandat de représentante de l’Unicef au Liban, l’organisation onusienne avait un programme axé sur les pays à hauts revenus et qui met en valeur l’équité, une nouvelle stratégie de l’Unicef. C’est que, dans certains pays, la disparité entre les revenus est tellement importante que l’on ne parvient pas à s’occuper des plus vulnérables. Ce programme est basé sur l’évidence, l’Unicef donnant les moyens aux gouvernements d’identifier la situation, en effectuant notamment des études sur le terrain tout en maintenant les campagnes de soutien social dans les zones les plus pauvres.


« Une importante part du programme incluait notamment la politique sociale à adopter, la réforme, les dépenses gouvernementales pour les enfants. La réforme au niveau institutionnel et le travail de la justice relatif aux enfants et aux mineurs étaient également en marche », souligne Mme Laurini.
« Cela a duré très peu de temps, nous étions engagés déjà sur la voie de l’équité, alors que le conflit en Syrie a commencé en mars avec le flux de réfugiés arrivant au Liban, ajoute-t-elle. Avant mars 2011, nous avions commencé à réorganiser le bureau. En matière d’éducation, nous avions pris la décision avec le ministère concerné de nous concentrer sur la qualité de l’éducation dans les écoles publiques. Pour renforcer le système de protection des enfants, une étude, préparée conjointement avec l’Université Saint-Joseph, l’Unicef et le ministère des Affaires sociales, a été lancée. »


L’étude en question a été possible grâce à un minutieux travail de terrain. Elle identifie les problèmes au niveau de la protection des enfants.
« Dans un pays à hauts revenus, comme le Liban, c’est toujours l’aspect de la réforme et de la politique sociale qui est pris en compte, relève Mme Laurini. Mais avec la crise en Syrie, on a dû recommencer à faire figurer dans le programme les interventions de santé et d’assainissement de l’eau, par exemple, que l’Unicef appliquait durant la guerre. Et surtout, il ne fallait pas séparer le programme régulier du programme d’urgence. Il fallait se concentrer davantage sur les régions d’intervention, les plus pauvres du pays, et qui sont les mêmes qui accueillent le plus gros lot de réfugiés syriens, c’est-à-dire la Békaa et le Liban-Nord. Il était nécessaire dans ce cadre de mettre en place des programmes qui profitent aussi bien aux réfugiés syriens qu’aux familles d’accueil. »

Plus de 200 000 réfugiés, et le chiffre augmentera
Selon une étude de l’Unicef, datée du 10 janvier, le Liban compte 139 275 réfugiés syriens, avec 58 349 qui attendent d’être enregistrés, ce qui donne un total de 197 624 personnes. Selon ce rapport, le nombre exact devrait être beaucoup plus élevé.
Conformément aux chiffres de l’Unrwa, plus de 17 000 réfugiés palestiniens des camps de Syrie sont arrivés au Liban et vivent dans d’horribles conditions dans les camps palestiniens du Liban.
« Avant le début de la crise syrienne, nous avions déjà mis en place, avec le ministère des Affaires sociales, des centres de développement sociaux, notamment dans les zones les plus pauvres. Aujourd’hui, nous les utilisons pour venir en aide aussi bien aux réfugiés syriens qu’aux habitants qui les accueillent et qui sont déjà démunis, explique Mme Laurini. En accordant un soutien à la structure locale, tout le monde profitera de la situation. Une bonne école, des cours de rattrapage ou un terrain de jeux ne seront pas utilisés uniquement par les petits réfugiés, mais aussi par les enfants de la région. »
La mise en place du plan d’action venant en aide aux réfugiés syriens et aux communautés qui les accueillent a tardé car le budget de l’Unicef au Liban est réduit.
Aujourd’hui, avec le flux de réfugiés arrivant dans le pays, les choses ont changé.
Annamaria Laurini souligne que « les fonds ne sont jamais suffisants car les besoins sont énormes ». « Nous recevons très peu d’argent par rapport aux besoins, précise-t-elle, car il faut prendre en charge le nombre élevé de réfugiés et relever aussi le défi de s’occuper des communautés d’accueil. »

Plan régional de réponse
L’Unicef a mis en place un plan régional de réponse, qui identifie les besoins à l’intérieur de la Syrie et dans les pays affectés, comme le Liban, la Jordanie, la Turquie et l’Irak. L’agence en est actuellement à son quatrième plan.
« Mais entre le moment où l’on évalue les besoins ainsi que le volume des fonds nécessaires pour les combler et la période au cours de laquelle nous recevons l’argent, le flot de réfugiés augmente inévitablement, explique-t-elle. À titre d’exemple, si l’évaluation est faite sur 30000 enfants deux mois plus tôt, leur nombre aura doublé ou triplé au moment où l’on reçoit l’aide qui leur est accordée. Et c’est là que réside le problème. »

 

(Pour mémoire : Une situation effroyable pour les réfugiés syriens à Saïda)


L’Unicef avait évalué les besoins des enfants en hiver en matière de vêtements. L’agence avait travaillé sur les chiffres disponibles en début de saison. « Nous avons reçu des fonds pour parer aux besoins de 33000 enfants (anoraks, bonnets, chaussettes, bottes, gants...). Aujourd’hui, ils sont beaucoup plus nombreux que cela », note-t-elle.
Ce qui semblait réaliste il y a quelques mois ne l’est donc plus aujourd’hui.


L’Unicef intervient dans de nombreux domaines auprès des réfugiés syriens et les communautés qui les accueillent.
En matière d’éducation, du matériel scolaire a été assuré aux enfants et aux écoles. Non moins de 151 établissements scolaires, et 30 155 élèves libanais et syriens ont profité de l’opération.
Jusqu’au début janvier 2013, l’Unicef a aidé à la scolarisation de 8 942 enfants syriens.
L’agence onusienne a également mis en place, conjointement avec le ministère des Affaires sociales, des cours de rattrapage. Dans une seconde phase, une formation destinée aux professeurs sera entamée. Elle vise à leur apprendre à identifier les enfants affectés par la guerre et qui pourraient être pris en charge par des spécialistes.
L’Unicef œuvre également à assurer aux réfugiés un accès à l’eau, et cela notamment en leur distribuant des bons leur permettant de faire appel gratuitement à des citernes.
Les mesures d’hygiène ont été renforcées dans les écoles, notamment avec la construction ou la réhabilitation de W-C.
Au niveau de la protection, l’agence onusienne a mis déjà en place, en coopération avec ses partenaires sur le terrain, trente-sept espaces d’accueil destinés aux enfants. Ils s’y rendent les après-midi et vivent une certaine forme de normalité, surtout ceux qui ont été très affectés par la guerre. Jusqu’à présent, 11696 enfants syriens ont lancé des appels à l’aide.
Au niveau de la santé, une campagne pour renforcer la protection de tous les enfants sera prochainement lancée. Elle permettra la vaccination des tout petits qui vivent dans la Békaa et au Liban-Nord.

 

(Lire aussi : Les réfugiés palestiniens venus de Yarmouk et la sécurité au camp de Beddaoui)

Il faut plus d’abris
Et de poursuivre : « C’est l’hiver, les conditions sont assez difficiles. Les enfants peuvent être victimes de maladies respiratoires et cela fait longtemps qu’ils n’ont pas été vaccinés. Il faut aussi effectuer tout le travail sociopsychologique sans jamais séparer les besoins des enfants syriens de ceux des petits Libanais. Il est nécessaire aussi de préserver le lien qui existe entre les interventions d’urgence et les programmes réguliers. Car c’est aussi une opportunité d’intervenir dans ces régions très pauvres, que ce soit au Liban-Nord ou dans la Békaa. »
Il faut également prendre en compte le fait que les réfugiés sont très dispersés et bougent continuellement. D’importantes ressources sont nécessaires donc pour parvenir jusqu’à eux.
Il y a ceux qui demeurent auprès de familles d’accueil, certains louent des habitations précaires et d’autres encore habitent des camps de fortune, qu’on appelle camps champignons, alors qu’une partie minime opte pour des abris situés dans des écoles abandonnées, qui sont au nombre de sept ou huit sur tout le territoire libanais.


Des régions sont affectées plus que d’autres par le flux de réfugiés, il s’agit notamment de Arsale, Qaa, Kab Élias, les environs de Zahlé et de Baalbeck, Hermel, Wadi Akkar, Akroum, Wadi Khaled, la région de Aley, Barja, Bint Jbeil ainsi que les camps palestiniens du Liban.
« Tout le monde est dépassé par la situation », souligne la représentante de l’Unicef, ajoutant qu’il « existe un besoin urgent de planifier. Les réfugiés ne sont pas la seule responsabilité de l’UNHCR, qui remplit une énorme tâche. L’Unicef se doit d’essayer de contribuer avec un planning afin de prendre en charge, de la meilleure façon, les enfants qui arrivent ».


Mettant l’accent sur l’importance des abris, elle souligne qu’il faut se pencher sur les possibilités dans ce sens dans l’avenir.
« La période à venir ne sera pas facile. Nous sommes au milieu de l’hiver », note Annamaria Laurini, rendant hommage à « la générosité et à l’appui du gouvernement libanais qui a gardé ses frontières ouvertes ». « Nous comprenons que la situation politique au Liban est difficile et complexe. Nous souhaitons bénéficier de la solidarité de la communauté internationale parce que le défi à relever est énorme. Nous espérons aussi que durant les mois à venir, une solution rapide sera trouvée à la crise syrienne », souligne-t-elle en conclusion.

 

Pour mémoire

À Baalbeck, Mia Farrow, témoin de la résilience des Libanais et des Syriens

 

À Aïn el-Héloué, la misère du double exode des réfugiés palestiniens de Syrie

 

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