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Liban - En dents de scie

Perles et porcs

Quarante et unième semaine de 2012.
À ce niveau, à n’importe quel niveau d’ailleurs, les aounistes ne comptent pas. Parce qu’on ne peut pas blâmer des partisans. Ils forment un monde à part, les partisans ; une secte, quels que soient leur appartenance politique, le degré de leur engouement, de leur fusion au guru, leur maturité ou leur capacité à réfléchir sainement, ou pas... On ne les blâmera jamais, du moins dans ces colonnes, ces femmes, ces hommes, ces jeunes, ces vieux, ces beaux et ces laids, parce que, finalement, ils y croient. Parce que, finalement, l’immense majorité d’entre eux a choisi de bêler dans le troupeau, qu’il soit jaune, orange, bleu, kaki, rouge ou vert. De bêler plus ou moins fort.
Entière, intransigeante, intègre et partisane, May Chidiac est peut-être très irritante pour certains de ses adversaires politiques. Elle n’en incarne pas moins l’une des plus fortes, l’une des plus émouvantes leçons de courage, d’abnégation et de beauté. Ses moignons et ses prothèses ne l’exemptent pas de critiques à partir du moment où elle a choisi la chose publique; ils imposent juste, sinon un immense respect, du moins un silence total, ne serait-ce que parce que ce qu’elle vit peut frapper n’importe qui, n’importe quand. Finalement, des partisans, qu’ils soient de Aoun ou de Geagea, de Hariri ou de Nasrallah, de Joumblatt ou d’Arslane ou de n’importe quel autre zaïm ou pseudozaïm libanais, c’est à la fois quelques beaux esprits et beaucoup d’animaux.
On ne peut pas en vouloir à un animal. Au(x) maître(s), si. Surtout à ceux, particulièrement criminels, qui leur prouvent à longueur de journées que tout peut être dit, qu’aucune limite, aucun garde-fou, aucune dignité, aucune élégance ne sont nécessaires, que liberté d’expression peut/doit rimer avec bestialité. Aucun responsable aouniste, leur chef en tête, n’a jugé bon de condamner publiquement la barbarie anti-Chidiac vomie sur les réseaux sociaux, ni même d’assurer que ces gens-là ne représentent en rien le CPL, ni sa façon de penser ou d’agir.
Aucun cadre aouniste, pas même le meilleur d’entre eux : le ministre de la Justice. Il n’empêche : il y a des gens bien partout, dans chaque matrice partisane. Il aurait pu, il aurait dû s’exprimer, surtout que c’est à lui que l’on doit une belle, une urgente prise de position, aussi orpheline d’actes soit-elle. Si au nom de la justice nous tuons un assassin, quelle différence y aurait-il entre lui et nous ? Une question en or, que Chakib Cortbaoui a posée à l’occasion de la 10e Journée internationale pour l’abolition de la peine de mort, et qui ferait presque oublier, tellement elle est belle, les avanies quotidiennes des Bassil, Layoun, Sehnaoui et autres Abboud, qui ferait oublier l’électricité, l’eau, les communications téléphoniques, l’Internet, la culture et le tourisme agonisants depuis l’entrée de ces Robespierre, de ces Danton au gouvernement Mikati.
La palme du bon goût, la palme du bon sens et de la décence, le ministre Cortbaoui les partage cette semaine avec son collègue des Transports. Devant les impitoyables caméras de la BBC, Ghazi Aridi a présenté sans ciller, au monde en général, aux Philippins et aux Népalais en particulier, les excuses du Liban, remerciant sans doute les dieux d’avoir inventé l’humilité. Un geste rarissime et d’une force inouïe, parce qu’un animal, une animale en l’occurrence, a utilisé les micros de l’Aéroport international de Beyrouth pour cracher ses haines et ses frustrations moyenâgeuses dans un tsunami de racisme. On ne peut pas en vouloir à un animal. Surtout quand personne ne lui a appris, ou montré, d’abord à la maison. Surtout quand à l’école, et/ou à l’université, personne ne l’a éduqué. Surtout quand cet animal est né et a vécu dans un pays où le racisme interne fait fureur : racisme antimusulman, racisme antichrétien, racisme antisunnite, racisme antichiite, racisme antimaronite, racisme anti-14 Mars, racisme anti-8 Mars, etc., avant même les racismes convenus, antinoirs, antijaunes, antiarabes, antisémites, homophobes, antihandicapés, antitout.
C’est peut-être aussi de racisme que sont coupables les soldats de Jean Kahwagi qui se sont conduits comme des monstres à Jeitawi contre des travailleurs immigrés. Aussi fautifs, voire criminels soient-ils, ces étrangers, ces autres, avaient droit à un jugement, de la prison, qu’importe, aux sanctions les plus dures si effectivement ils avaient été déclarés coupables, mais pas à ce qu’ils ont subi. Rarement, voire jamais, un journal libanais dans son ensemble et ces mêmes colonnes en particulier n’ont rabâché, jusqu’à l’écœurement parfois, leur amour pour une armée forte, une armée épanouie, une armée herculéenne, aidée de partout, soutenue de partout, surtout face aux infinis débordements des milices en tous genres, Hezbollah en tête. Jean Kahwagi a réellement, urgemment, un sacré travail à faire. Et beaucoup de crédibilité à regagner.
Ceci dit, il est tout autant à plaindre, ce général Kahwagi. Piégé par l’excès de zèle, la non-éducation ou la sauvagerie innée des hommes envoyés à Jeitawi, le voilà insulté en place publique, la même semaine, par Hassan Nasrallah, sans que personne (naturellement pas Fayez Ghosn, le fantomatique ministre de la Défense...) ne bouge le petit doigt – à l’exception peut-être de Michel Sleiman, gentiment courtois mais radicalement ferme dans sa réplique à un patron du Hezb profondément convaincu que l’État libanais est une bouse ; que seul l’Iran a le monopole de guerre et de paix au Liban. L’envoi d’un drone en territoire israélien n’a rien d’intelligent, rien de glorieux, rien de productif ; rien, absolument rien : c’est un aventurisme cheap – une bouffonnerie. Au lieu de contribuer à les mettre en scène et de s’en vanter comme un paon devant les caméras des télévisions, Hassan Nasrallah serait fort inspiré de se pencher, par exemple, sur le cas de son directeur financier, Hussein Fahs, qui se serait enfui en Israël avec des millions de dollars et beaucoup de cartes secrètes.
Fort inspiré en réalité de réfléchir à l’avenir déjà très anthracite de sa formation. Cela devrait l’occuper à plein temps. Cela tombe bien : avec deux jambes et deux bras, il est plus facile de se concentrer. Ce n’est pas la nécessaire, l’indispensable May Chidiac qui dira le contraire.
Quarante et unième semaine de 2012.À ce niveau, à n’importe quel niveau d’ailleurs, les aounistes ne comptent pas. Parce qu’on ne peut pas blâmer des partisans. Ils forment un monde à part, les partisans ; une secte, quels que soient leur appartenance politique, le degré de leur engouement, de leur fusion au guru, leur maturité ou leur capacité à réfléchir sainement,...

commentaires (4)

Un signe patent de leur autoritarisme est la "fakihisation et la bossférianisation" des esprits. Leur idéologie forcée étant partout mais nulle part, ils n’admettent aucun pluralisme ; et toute Liberté sera détruite. Ils organiseront même des autodafés en vue d’aboutir à un expansionnisme de leur "pensée?" sur leurs 3 ou 4 Cazas. Tout ce qui excite la colère du "Bossfééér et du Fakîîîh" doit être détruit. Et cette colère qui peut l’interpréter ? Mais qui d’autres qu’un "Sé(yy)ide" sous Turban de Clergé et un "bigaradier" sous Képi Caserné. Tout ce qui est Liberté de pensée pose problème car cela relève du crime…. de lèse majesté ! Et c’est leurs affidés Anthracites et Orangés qui garantissent l’Autoritarisme de ce duo précité pour imposer l’idée de sous-humanité des Sains libanais qui ne sont mahééék que de Purs "Handicapés?!" : inventant des sous-citoyens et donc des sous-humains. Les Saines et Sains ne valent plus Rien car ils portent atteinte ainsi à l’autorité de ces deux potentats Ingrats, et subiront les pires outrages donc. La destruction des journaux et télés devient même conseillée ; et ils interdisent par la même l’éclosion de Vrais lieux de pensée. Intensifiant la lutte contre les "hérétiques + ou – Malsains" de leur camp qui ne penseraient pas comme eux, et parlent alors de "chïïtiques et de chréti(e)ns" déviants. Il y a en sus bien sûr leur anti-sunnisme ancestral latent patent !

Antoine-Serge KARAMAOUN

07 h 40, le 13 octobre 2012

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Commentaires (4)

  • Un signe patent de leur autoritarisme est la "fakihisation et la bossférianisation" des esprits. Leur idéologie forcée étant partout mais nulle part, ils n’admettent aucun pluralisme ; et toute Liberté sera détruite. Ils organiseront même des autodafés en vue d’aboutir à un expansionnisme de leur "pensée?" sur leurs 3 ou 4 Cazas. Tout ce qui excite la colère du "Bossfééér et du Fakîîîh" doit être détruit. Et cette colère qui peut l’interpréter ? Mais qui d’autres qu’un "Sé(yy)ide" sous Turban de Clergé et un "bigaradier" sous Képi Caserné. Tout ce qui est Liberté de pensée pose problème car cela relève du crime…. de lèse majesté ! Et c’est leurs affidés Anthracites et Orangés qui garantissent l’Autoritarisme de ce duo précité pour imposer l’idée de sous-humanité des Sains libanais qui ne sont mahééék que de Purs "Handicapés?!" : inventant des sous-citoyens et donc des sous-humains. Les Saines et Sains ne valent plus Rien car ils portent atteinte ainsi à l’autorité de ces deux potentats Ingrats, et subiront les pires outrages donc. La destruction des journaux et télés devient même conseillée ; et ils interdisent par la même l’éclosion de Vrais lieux de pensée. Intensifiant la lutte contre les "hérétiques + ou – Malsains" de leur camp qui ne penseraient pas comme eux, et parlent alors de "chïïtiques et de chréti(e)ns" déviants. Il y a en sus bien sûr leur anti-sunnisme ancestral latent patent !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    07 h 40, le 13 octobre 2012

  • Belles perles qui résonneront en cris de conscience dans un pays devenu sauvage politiquement ,et nos chers politiciens doivent surtout bien se rappeler que du porc jusqu'au tigre, tous les animaux sont dans l'homme et que chacun d'eux est dans un homme. Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    01 h 46, le 13 octobre 2012

  • Ahlàlà,ces directeurs financiers...ils sont la trahison dans l'âme...ils apprennent çà dans les Bizness schools et autres HEC...çà faut partie de leur cursus...Hussein Examen...faut le faire quand même..encore un major de promotion,sûrement...

    GEDEON Christian

    00 h 03, le 13 octobre 2012

  • 1-Les aounistes fanatiques qui se sont exprimés sur Facebook de la manière la plus basse, la plus vile et la plus haineuse sur la martyre vivante May Chidiac, forment le bloc de la haine à l'intérieur du CPL, étant "clones du général" chef, comme le disait hier M Michel Hajji Georgiou. Heureusement tous les aounistes ne sont pas du bloc en question. 2-Effectivement comment doit se sentir un commandement de l'armée devant "l'insulte en place publique" qui lui est dirigée par le patron du Hezbollah et qui lui signifie : Vous ne décidez rien du tout, c'est moi qui décide en tant que guide suprême de ce pays, sous l'ordre du guide le plus suprême, celui de l'Iran ?

    Halim Abou Chacra

    23 h 58, le 12 octobre 2012

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