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Liban - Coopération

Haïdar Ali, l’homme aux millions de mangroves

Un protocole d’entente a été signé hier entre les ministres libanais et sénégalais de l’Environnement, Nazem el-Khoury et Haïdar Ali.

Les ministres Khoury et Ali au cours de leur conférence de presse hier à Beyrouth. Photo Nasser Traboulsi

Le Sénégal a récemment nommé un militant écologiste de longue date à la tête du ministère de l’Environnement. Il se trouve aussi que ce militant, Haïdar Ali, est d’origine libanaise. Sa visite durant les deux jours derniers au Liban a donc revêtu un caractère bien particulier, surtout qu’elle a débouché sur un protocole d’entente entre les deux pays.
Les ministres Nazem el-Khoury et Haïdar Ali ont tenu hier une conférence de presse à Beyrouth pour annoncer la signature de ce protocole. Ce document, selon M. Khoury, vise à « développer et protéger l’environnment, à en améliorer l’état sur base d’égalité et de bénéfices partagés, et à favoriser l’échange d’informations et d’expertise » entre les deux pays. Interrogé sur plus de détails concernant ce protocole, il a précisé qu’il s’agissait d’un accord consacrant la coopération entre les deux pays, comme le Liban en a signé avec d’autres pays, mais que les détails n’en ont pas encore été discutés. Il a ajouté que les deux pays avaient certains problèmes en commun, comme les pratiques non durables de pêche, et qu’ils pouvaient profiter de leurs expériences respectives.
Le ministre libanais s’est étalé sur la riche histoire de son homologue sénégalais dans le monde de l’écologie, rappelant que celui-ci est reconnu comme une personnalité influente au niveau de son pays comme à un niveau international. Il a relevé que c’est à son initiative que 62 millions d’arbres ont été plantés dans des mangroves réhabilitées (forêts littorales, de région côtière, tropicale à subtropicale).
Haïdar Ali revendique lui-même son passé de militant, puisqu’il reconnaît que son pays donne désormais la priorité à l’environnement par la nomination d’un homme ayant son profil à la tête du ministère. Il a qualifié l’état de l’environnement mondial de grave et d’urgent avec le dérèglement climatique.
Abordant plus spécifiquement le cas des mangroves dans son pays, Haïdar Ali en a noté l’extrême dégradation au cours des années 70 et 80, en raison de la désertification et des constructions anarchiques. Le pays avait, selon lui, perdu quelque 40 % de ses champs de riz, en raison de la destruction des mangroves. Il a raconté comment les militants, dont il faisait partie, se sont déplacés dans les villages pour expliquer aux agriculteurs la nécessité de réhabiliter ces forêts perdues. « Les mangroves ont été réhabilitées dans des centaines de villages depuis 2008, a-t-il dit. Comme cela a nécessité d’importants moyens, nous avons eu recours au système de taxation de carbone. Une grande compagnie a payé sa taxe carbone à travers le soutien à ce programme, ce qui a permis de planter 62 millions d’arbres. Mais le plus impressionnant, c’était la mobilisation de milliers d’habitants dans des centaines de villages. »
Cette méthode participative, Haïdar Ali souligne l’avoir déjà employée contre la surpêche. Il raconte qu’en tant que plongeur, il avait remarqué les méthodes non durables de pêche dans son pays. « Aujourd’hui, nous avons réussi à éradiquer la pêche à la dynamite, ce qui devrait intéresser le Liban qui subit les dégâts de cette pratique, dit-il. Nous avons tourné dans les villages pour expliquer aux pêcheurs les énormes désavantages de cette pêche, et cette méthode participative a porté ses fruits. »
Par rapport au Liban, le ministre sénégalais a annoncé qu’une grande rencontre sera organisée l’année prochaine entre acteurs des secteurs privés sénégalais et libanais, afin de renforcer des relations bilatérales déjà anciennes entre les deux pays.

 

S. B.

Le Sénégal a récemment nommé un militant écologiste de longue date à la tête du ministère de l’Environnement. Il se trouve aussi que ce militant, Haïdar Ali, est d’origine libanaise. Sa visite durant les deux jours derniers au Liban a donc revêtu un caractère bien particulier, surtout qu’elle a débouché sur un protocole d’entente entre les deux pays.Les ministres...

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