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Liban - L’Ecclesia de Beyrouth - La rubrique de Michel HAJJI GEORGIOU

Une opportunité historique

La visite du pape Benoît XVI au Liban peut, à n’en point douter, marquer rien moins qu’un tournant historique pour les chrétientés orientales. Inutile de préciser que l’ensemble des instances politiques et religieuses de la région auront les yeux rivés sur les moindres détails de cette visite. Ce que le pape ne dira pas aura, partant, autant d’importance que ce qu’il dira, compte tenu des circonstances exceptionnelles que la région traverse actuellement.
Or il ne faut pas se tromper de cible : le clergé local l’a suffisamment fait depuis le début du printemps arabe, sous l’influence, dit-on, de certains cardinaux en manque manifeste de clairvoyance au Vatican. Le printemps arabe est très certainement l’événement le plus important dans l’histoire de la région. Il représente, sur le plan philosophique, une volonté des peuples arabes de prendre enfin leur destin en main et de sortir de la servitude volontaire. Au plan historique, il s’agit rien moins que de la fin d’un temps événementiel particulièrement obscur, celui du despotisme et des nationalismes, initié avec le gel des Tanzimats, puis la chute de l’Empire ottoman. En clair, le printemps arabe est l’instant historique de l’entrée des peuples arabes dans l’histoire, par le biais de leur aspiration à la liberté et la démocratie. Un processus qui, malgré ces balbutiements et ces faux pas de débutant, ne devrait pas faire peur aux chrétiens, qui ont toujours souffert du despotisme et de la tyrannie en Orient. Au contraire.
L’événement est donc comparable à la chute du mur de Berlin, si cher à Jean-Paul II. Et le Liban ne peut véritablement être un « pays-message » et oser la convivialité que dans la promotion des valeurs de la liberté, du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, des droits de l’homme, de la dignité humaine et de la démocratie.
Benoît XVI ne peut donc pas ignorer que la seule bataille chrétienne, au plan moral, philosophique et politique, qui vaille la peine aujourd’hui, c’est le soutien à l’homme arabe qui lutte avec sa chair pour la conquête de plus de droits, de liberté et de dignité, surtout en Syrie.
Il ne peut pas non plus ignorer que la peur est en train de transformer les chrétiens d’esprits avant-gardistes, promoteurs de la renaissance arabe, en gardiens sectaires et minoritaristes d’un ordre ancien, archaïque et barbare prêt à rompre avec toute forme d’humanité pour survivre. La peur des changements qui fige une partie des chrétiens du Liban et d’Orient aujourd’hui est une maladie qui devient progressivement une peur de la vérité elle-même. Sa conséquence directe est une rupture dangereuse avec la réalité, qui est une forme lente et douce, mais tout aussi terrible, de suicide collectif.
Tout cela, le pape Benoît XVI ne peut pas l’occulter, s’il souhaite réellement donner un sens à sa visite au Liban, et inscrire véritablement sa visite « sous le signe de la paix ». Et il ne faut pas rater le coche : l’histoire n’a que faire des occasions manquées.
La visite du pape Benoît XVI au Liban peut, à n’en point douter, marquer rien moins qu’un tournant historique pour les chrétientés orientales. Inutile de préciser que l’ensemble des instances politiques et religieuses de la région auront les yeux rivés sur les moindres détails de cette visite. Ce que le pape ne dira pas aura, partant, autant d’importance que ce qu’il dira,...

commentaires (7)

A cause de ses beaux écrits profondément argumentés, il suscite beaucoup de Jalousie, M. Michel Hajji Georgiou....

Antoine-Serge KARAMAOUN

13 h 15, le 11 septembre 2012

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • A cause de ses beaux écrits profondément argumentés, il suscite beaucoup de Jalousie, M. Michel Hajji Georgiou....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    13 h 15, le 11 septembre 2012

  • On croirait le texte d'une correction de prof de Science-Po....parfait dans le style,parfait dans la logique,parfait dans l'analyse théorique...juste parfait...manque une chose...le sens de la réalité du terrain et des réalités tout court.Mais çà,on s'en fout,non?

    GEDEON Christian

    09 h 29, le 11 septembre 2012

  • Qu'est ce que cet article est révoltant de naiveté, intentionnelle ou pas !.

    Jaber Kamel

    08 h 36, le 11 septembre 2012

  • Bravo ! Oui, "le printemps arabe est certainement l'évènement le plus important de l'histoire de la région", depuis la première guerre mondiale de 1914-1918. Oui, "le printemps arabe est l'instant historique de l'entrée des peuples arabes dans l'histoire par le biais de leur aspiration à la liberté et la démocratie". Les chrétiens commettraient une grande et historique erreur d'avoir peur de cet instant, de refuser le changement qu'il inaugure et/ou de se placer à sa marge. Ils doivent y adhérer dans la sérénité et l'engagement en faveur de la vraie démocratie qui a pour base la liberté, les droits de l'homme et le pluralisme de la société, rappelant toujours avec fermeté qu'une telle démocratie, fondée sur de telles valeurs, va dans le sens de l'histoire et la société qui la refuse se place à la marge de l'humanité, devenant automatiquement une société paria.

    Halim Abou Chacra

    06 h 24, le 11 septembre 2012

  • Article très bien écrit, Monsieur Michel Hajji Georgiou. Mais les souhaits et la logique sont dépassés par l'illogisme des faits. On a assisté à l'exode des chrétiens d'Iraq, malgré la présence des américains. La démocratie s'installerait au cours du temps, mais sans les chrétiens, ou avec ce qui en reste. En Egypte, c'est l'expectative... et les chrétiens émigrent. En Syrie, Homs en est presque vidée et Alep entrain de l'être. Je ne veux point, par là, dire que les Despotes sont les garants des minorités. Loin de là. Mais, est-ce que, pour les Chrétiens, ne va-t-on pas de Charybde en Scylla ? ça ne ressemble-t-il pas aux exodes des Chrétiens de l'Asie Mineure ? La Turquie est passée à la laïcité puis à la démocratie, MAIS... où sont les millions de Chrétiens qui y vivaient ? Espérons que la visite du Pape serait réussie...

    SAKR LEBNAN

    01 h 02, le 11 septembre 2012

  • Dans ce Liban mélancolique chronique, il conviendrait sans doute, dans ce Milieu "Malsain lubrique" et pourtant ludique, de figurer le libanais Sain le menton dans la main, les épaules voûtées, prostré dans une sorte d'affaissement qui rend malaisé le comportement Sain dans lequel il lui faut pourtant espérer, que mollement ne serait-ce. La disposition mystérieuse de l'âme Saine ne peut être confondue avec le désespoir brutal ou la dépression, sa déclinaison vulgaire. Cette mélancolie libanaise exemple en fait foi avec ses glissements de sens, ses contaminations progressives et son imaginaire poignant. Son cheminement, à partir des débuts de ce Grand Liban Franc post-Ottoman jusqu'à maintenant, en passant notamment par les rudoiements de cette époque actuellement, est littéralement envoûtant. Et on ne peut donc résister à cette séduction hypnotique qui revêt ce beau pays levantin comme il va du manteau de brume grise de cette satanée mélancolie. Personne ne l'aurait pu. Même, un certain "benoit !" mais "pape" lui-même, tout chaussé de mules rouge cardinal coûtant un os…. de daim qu'il fut, succombe donc, parfois. Arrivant seul, à Hariri-Airport, au milieu des gardénias et des palmiers near Dâhhïyéhh bien sûr, il vient pour rêver avec lui-même et se livrer à toute la vivacité de sa "papa-mobile" et de sa papale mélancolie diluvienne et.... antédiluvienne.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    23 h 34, le 10 septembre 2012

  • Excellent ! De clairvoyance.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    22 h 56, le 10 septembre 2012

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