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Liban - Électricité - Anarchie

Un compromis est en vue, mais le pays reste dans le noir

Pour protester contre la coupure du courant, des habitants bloquent des axes routiers importants à Beyrouth.

À l’heure où de nombreuses régions du pays et des quartiers entiers de la capitale restent privés de courant depuis des dizaines d’heures, et où le noir menace de s’étendre davantage encore, les responsables gouvernementaux concoctent tranquillement un compromis sur la querelle des journaliers d’EDL, destiné avant tout à leur sauver la face.
Une solution serait ainsi en vue, assure-t-on dans les milieux dirigeants, mais des nœuds persistent, notamment sur ce qu’il conviendrait de faire d’abord : mettre en œuvre les termes du compromis ou faire cesser l’occupation du siège d’EDL, à Mar Mikhaël, par les journaliers grévistes.
En attendant, et face à l’inaction de l’État, décidément incapable – et de plus en plus – de faire respecter l’ordre, la population des quartiers plongés dans le noir s’énerve et agit... en bloquant des routes ! C’était le cas hier soir sur la route de l’aéroport, mais aussi sur l’axe reliant Achrafieh à Dékouané, fermé à l’aide de pneus brûlés par des protestataires de Karm el-Zeitoun. En somme, des usagers qui se punissent eux-mêmes, un gouvernement plus absent que jamais et pas de têtes qui tombent.
Exilé à Zouk Mikaël par le coup de force des journaliers, le directoire d’EDL se rebiffe. Entouré de tout son état-major, le directeur général de l’office, Kamal Hayek, a souligné lors d’une conférence de presse que cet exil forcé du personnel de Mar Mikhaël est un « précédent dangereux » qui ne s’était jamais produit, même pas durant la guerre civile et lors des invasions israéliennes.
Dès lundi, les journaliers grévistes avaient bloqué toutes les entrées du siège, empêchant les employés d’accéder à leurs bureaux. En conséquence de quoi le conseil d’administration de l’office avait indiqué que le siège central était « fermé de force ». « Cette fermeture durera jusqu’à la fin de cette occupation, sachant qu’elle aboutira à la coupure du courant sur tout le territoire au cours des prochaines heures », avait également prévenu le conseil d’administration.
M. Hayek a quelque peu nuancé cet avertissement hier. Selon lui, EDL n’a aucune intention de priver délibérément le pays de courant électrique. Sauf que le centre de contrôle (dispatching) à Mar Mikhaël ayant été déserté, les risques de pannes majeures sont réels et aucune réparation n’est possible.
« Quand le mouvement de protestation était pacifique, nous n’avons pas réagi. La situation aujourd’hui est totalement différente. Un mouvement de protestation civilisé ne ferme pas les portes d’EDL avec des chaînes et n’entrave pas la liberté de son personnel », a martelé le directeur général.
Il a assuré que la direction de l’office a toujours soutenu les journaliers dans leurs demandes, ajoutant que la solution à cette crise se trouve aujourd’hui au Parlement et non à EDL.
« Cette situation ne porte pas préjudice aux acteurs politiques, mais aux citoyens libanais », a-t-il souligné, faisant assumer implicitement aux forces de l’ordre la responsabilité du laxisme à l’égard du comportement des grévistes.
Ces derniers, qui réclament le règlement de salaires impayés depuis le début de leur mouvement de protestation et leur intégration dans le cadre de l’institution, ont répliqué, par le biais de leurs représentants, en annonçant leur intention de poursuivre leur action « pacifique et civilisée » jusqu’à ce que leurs demandes soient satisfaites.
Ils ont, en outre, exhorté l’opinion publique à les soutenir dans leur mouvement : « Nous sommes le maillon faible de cette équation. Dès lors, comment pouvons-nous vous priver de courant ? » ont-ils déclaré en allusion aux propos de M. Hayek.
Les journaliers ont reçu hier le soutien marqué de la CGTL, dont le directoire s’est rendu sur les lieux du sit-in.

Les tractations politiques
Sur le plan politique, d’intenses tractations se sont déroulées hier en marge du Conseil des ministres consacré à la loi électorale. Les journalistes présents au palais de Baabda ont recensé sept sorties du ministre de la Santé, Ali Hassan Khalil, de la salle du Conseil. À deux reprises, ce proche collaborateur du président de la Chambre, Nabih Berry, a retrouvé son collègue du Hezbollah, Mohammad Fneich, lequel faisait la navette entre le premier et le ministre de l’Énergie, Gebran Bassil. Les autres fois, M. Khalil entrait en contact avec Aïn el-Tiné.
En clair, le Hezbollah semble avoir mis les bouchées doubles en vue de trouver un modus vivendi entre le camp aouniste et celui de M. Berry, dont les rapports, déjà froids, se sont gravement détériorés à l’occasion de cette querelle sur les journaliers, considérés comme faisant partie, en majorité, de la clientèle berryste.
À l’issue de la séance du Conseil des ministres, une mini-réunion gouvernementale s’est tenue, en présence du président de la République, Michel Sleiman, du Premier ministre, Nagib Mikati, des ministres aounistes et de MM. Khalil et Fneich.
Pour la première fois depuis trois semaines, plusieurs membres du gouvernement ont fait état d’une solution imminente. Un ministre concerné a parlé de vingt-quatre heures ou de quarante-huit heures tout au plus.
Selon notre correspondante à Baabda, Hoda Chédid, le compromis, sur lequel on reste peu disert, se fonderait sur l’approbation du procès-verbal de la loi sur l’encadrement, adoptée il y a des semaines à la Chambre, ainsi que des décrets d’application de cette loi, moyennant la possibilité de présenter des propositions d’amendement.
Outre le nœud principal, un autre point reste à trancher : le nombre de journaliers à encadrer. Mais on semble être d’accord sur trois points : une partie des journaliers occupera les postes vacants à EDL, les autres devant être indemnisés ou intégrés au sein des compagnies prestataires de services.

 

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commentaires (3)

HARO SUR LE BAUDET ! Pauvre BAUDET... que n'a-t-il enduré et qu'a-t-il encore à endurer dans ce Pays gouverné par des irresponsables et des incapables...

SAKR LEBNAN

12 h 45, le 01 août 2012

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Commentaires (3)

  • HARO SUR LE BAUDET ! Pauvre BAUDET... que n'a-t-il enduré et qu'a-t-il encore à endurer dans ce Pays gouverné par des irresponsables et des incapables...

    SAKR LEBNAN

    12 h 45, le 01 août 2012

  • Quelque part, chez quelques uns, toute cette risible histoire sent le sale et le pourri...

    SAKR LEBNAN

    08 h 58, le 01 août 2012

  • Je suis suis triste... ,nous sommes bien le pays ou' à tous les niveaux nous sommes dans le noir...les pays de l'or noir c'est donc ailleurs...

    M.V.

    08 h 07, le 01 août 2012

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