Des intérêts économico-militaires motivent l’appui russe à Damas, déplore Joumblatt

Le chef du PSP, Walid Joumblatt, a de nouveau critiqué le soutien russe et iranien au régime de Bachar el-Assad
Dans son éditorial à l’hebdomadaire al-Anba’, le chef du PSP s’est arrêté sur le massacre de Treimsa en Syrie, sur l’appui russe au régime de Bachar el-Assad ainsi que sur la politique suivie par le gouvernement Mikati à l’égard des réfugiés syriens au Liban.
Il a ainsi stigmatisé un massacre « qui s’ajoute à la longue liste de crimes perpétrés par le régime syrien », le désignant comme « un acte de barbarie sans pareil ».
Après avoir considéré que « les projets de destruction massive des gangs assadistes se cristallisent de jour en jour », le chef du PSP a déploré « ce qui semble être un plan d’épuration confessionnelle » et a critiqué vivement le rôle assumé par la Russie dans ce contexte.
« Nous sommes en droit de nous interroger sur le point de savoir si sous prétexte de vouloir soutenir le régime syrien et de refuser toute intervention étrangère, Moscou ne cache pas en fait une volonté de préserver des intérêts pétroliers, économiques et militaires déterminés, aux dépens de l’intérêt du peuple syrien et de l’unité de leur pays », a-t-il commenté, en se demandant si la visite de Vladimir Poutine en Israël ne s’inscrit pas dans le même cadre.
Dans le même ordre d’idées, M. Joumblatt a soulevé une série d’interrogations en rapport également avec les intérêts pétroliers de l’Iran, englobant, entre autres, « la promesse de conclusion d’accords futurs sur les armes avec Moscou ».
« Le peuple syrien n’a-t-il pas le droit de déterminer lui-même son sort politique, à l’instar des Tunisiens, des Libyens, des Égyptiens et des Yéménites ? » s’est-il interrogé, en jugeant que la Russie et l’Iran « feraient mieux d’accélérer le départ de la classe au pouvoir, avant qu’il ne soit trop tard ».
M. Joumblatt n’a pas épargné non plus la Ligue arabe, « pratiquement absente », ainsi que l’émissaire spécial de l’ONU, Kofi Annan, « qui donne parfois le sentiment d’être affilié au régime syrien », rappelant « son précédent échec cuisant en Bosnie ».
Il a désigné comme « un prétexte stupide » le refus de ne pas armer l’ASL « de crainte d’une guerre civile ». « Les massacres quotidiens n’en sont-ils pas une ? » s’est-il interrogé, avant de se dire persuadé que « les nationalistes syriens vont finir par vaincre ».
Côté libanais, M. Joumblatt a critiqué « la politique ambigüe adoptée par le Liban à l’égard des réfugiés syriens, sous prétexte de vouloir garder ses distances par rapport à ce qui se passe dans le pays voisin ». « Le devoir moral et humanitaire commande l’aménagement de camps pour leur assurer un minimum d’aide, comme c’est le cas en Turquie et en Jordanie », a-t-il dit.
M. Joumblatt a par ailleurs applaudi à l’émission de mandats d’arrêt contradictoires à l’encontre des militaires accusés du meurtre des cheikhs Ahmad Abdelwahed et Mohammad Merhi, au Akkar, la considérant comme « un pas en direction d’un règlement correct de cette affaire ».