« Je suis venu pour parler calmement de politique, puisque la dernière fois, le climat était un peu tendu. Mais les sages du Metn et l’armée avaient réussi à étouffer la discorde dans l’œuf, lorsque Lotfi Zeineddine avait été assassiné en 2009 », a-t-il déclaré d’emblée, avant de préciser qu’il souhaite parler de la période antérieure à 2009 et de celle qui avait précédé les événements du 7 mai. En fait, ce que M. Joumblatt a fait, c’est de rappeler les principaux événements qui ont marqué l’actualité locale et régionale, depuis le 7 mai 2008 (la razzia hezbollahie contre Beyrouth et la Montagne) ainsi que ses positions à cet égard tout en expliquant leurs motivations.
Il a commencé par rappeler « le compromis » dans lequel ils s’étaient engagés, lui et l’ancien Premier ministre, Saad Hariri, « pour barrer la voie à la discorde ». « La politique évolue, se fait et se défait, mais l’important est que rien ne se passe sur le terrain », a insisté le chef du PSP, qui a rappelé l’impact catastrophique sur le Liban « des guerres des nations engagées sur son sol, des guerres d’usure dont personne n’est sorti vainqueur ».
Après avoir rendu hommage au cardinal Nasrallah Sfeir « qui avait fermé la plaie béante de la Montagne », M. Joumblatt a assuré que « le compromis qui a permis de mettre fin aux événements du 7 mai, puis celui qui a été institué avec le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, tiennent toujours ». Il a de nouveau insisté sur ce point, lorsqu’il a rappelé comment les armes des Palestiniens avaient été à l’origine de la guerre au Liban. « Nous sommes toujours attachés au compromis avec le Hezbollah. Nous sommes en faveur des armes visant à la protection du Liban face à Israël et contre l’usage des armes sur la scène interne. La question des armes va être tôt ou tard réglée et je suis persuadé qu’ils (le Hezbollah) demanderont eux-mêmes à ce qu’elles soient intégrées à celles de l’armée. Mais elle ne peut être réglée que par le dialogue et non par le slogan selon lequel “ tu rends tes armes ou je ne t’adresse plus la parole ”. Ces armes seront dans le giron de l’État et ceux qui appellent à un désarmement du Hezbollah à n’importe quel prix se trompent », a-t-il souligné.
« Hariri a ses propres circonstances »
Il a ensuite rappelé les conditions dans lesquelles l’initiative syro-saoudienne avait été établie et les raisons de son échec, soulignant que son objectif avait été également de barrer la voie à toute discorde. « Ce processus, a poursuivi M. Joumblatt, je l’ai complété, mais maintenant chacun a ses propres circonstances. Je ne suis pas venu pour attaquer qui que soit. Cheikh Saad (Hariri) a ses propres circonstances et il a peut-être pris ses distances par rapport à cette initiative. Je dis bien peut-être parce que je n’ai pas suffisamment d’informations à ce sujet (...). Nous sommes quand même restés engagés en faveur du compromis et nous avions été à l’époque considérés comme des traîtres. Nous avions maintenu le changement d’alliance pour barrer la voie à la discorde, puis il nous a fallu cinq mois pour former le gouvernement. L’acte d’accusation dans l’affaire de l’assassinat de Rafic Hariri a été publié et, Dieu merci, il ne s’est rien passé dans le pays. »
Affirmant qu’il comprend la position du Hezbollah à l’égard du Tribunal spécial pour le Liban, M. Joumblatt l’a de nouveau encouragé à lui fournir les données en sa possession, si elles peuvent prouver l’innocence de ses membres accusés de l’assassinat de Rafic Hariri. « Mais cela ne signifie pas que nous tolérons l’assassinat politique que les Syriens ont introduit au Liban », a-t-il renchéri, avant de rappeler des assassinats politiques commis également par les Syriens du temps de Jamal Abdel Nasser.
« Il faut être conséquent avec soi-même »
Abordant le dossier syrien, il a rappelé les positions qu’il a prises dès le départ à ce sujet, ainsi que ses conseils au président Bachar el-Assad et aux responsables russes. « J’ai eu mon dernier entretien avec Bachar el-Assad le 9 juin. Un homme doit être conséquent avec lui-même et avec son discours favorable lorsque celui-ci soutient les peuples face aux tyrans. Le 9 juin était la date du divorce (avec Bachar el-Assad). En tant que PSP, nous avions tranché en faveur du peuple syrien dans son ensemble », a raconté M. Joumblatt, avant de préciser qu’en dépit se ses positions sans équivoque « nous sommes convenus avec le Hezbollah de gérer notre différend sur la question syrienne ». « Ils ont leur propre point de vue à l’égard du régime syrien et nous avons le nôtre à l’égard du peuple syrien. J’estime personnellement qu’un jour ou l’autre ils réaliseront leur erreur, tout comme les Russes. Je souhaite finalement que les Russes et les Iraniens finiront par contribuer à sauver la Syrie », a dit le chef du PSP.
Il a conclu en réaffirmant les constantes du gouvernement, en insistant sur le fait que le Liban ne soit pas une caisse de résonance au conflit en Syrie et que les prochaines législatives doivent se dérouler « sans tension communautaire ou confessionnelle ». « C’est ce qui est essentiel. Peu importe qui les remportera », a-t-il commenté.
commentaires (9)
Cher Christian, t'en énerve pas. Le Khézou' ( ça sonne comme du chinois, tiens : Shenzou' ) et est très petit. Le Khazouk, avec le K qui se prononce, est plus long et plus grand, d'où je plains vivement notre ami !
SAKR LEBNAN
13 h 03, le 10 avril 2012