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Liban - En dents de scie

Les deux font la paire

Cinquante-deuxième semaine de 2011.
L’histoire se souviendra du mois de décembre 2011 pour plusieurs raisons. Elle se souviendra de l’arrivée à La Haye, au siège de la Cour pénale internationale, accusé de crimes contre l’humanité en tout genre, de l’ex-président ivoirien Gbagbo, jusqu’à nouvel ordre le plus gros poisson pêché par une CPI qui en avait sans doute un peu marre des seconds et troisièmes couteaux. Elle se souviendra du retentissant f*** you asséné aux Européens par un David Cameron thatchérisé jusqu’à l’os et à cause duquel les dirigeants de l’UE ont enterré l’urgente idée de la réforme des traités à 27. Elle se souviendra de Vladimir Poutine, un mélange transgenre de Raspoutine imberbe et de camarade-tsar new look, qui veut furieusement jouer au dictateur arabo-africain de pacotille. Elle se souviendra aussi, bien sûr, de Bachar el-Assad, qui a asséné sans broncher sur ABC News qu’il n’est pas responsable de la répression en Syrie et à propos duquel les bookmakers s’affolent : finira-t-il comme Ben Ali ? Comme Moubarak ? Comme Kadhafi ? Comme Saleh ?
L’histoire se souviendra aussi du mois de décembre 2011 comme celui au cours duquel un ministre libanais, que seuls ou presque (re)connaissaient jusque-là les habitants du Koura, a enfin eu droit à son quart d’heure warholien de célébrité. Fayez Ghosn, ministre libanais de la Défense (de qui ?) donc, a tranquillement et le plus sérieusement possible annoncé au monde que Ersal était un repaire d’el-Qaëda ; que la nébuleuse toujours en deuil d’Oussama Ben Laden a décidé de transformer ce petit bourg frontalier en QG à partir duquel elle dynamiterait lentement mais sûrement le régime du brave docteur Bachar. Téméraire certes (ne pas craindre à ce point le ridicule est un exploit...), Fayez Ghosn n’en a pas moins commis une double faute politique grave. Par rapport à lui-même d’abord : son allégation furieusement non prouvée est purement suicidaire, sans compter que son Premier ministre, son collègue de l’Intérieur et la quasi-totalité du Conseil supérieur de la défense lui ont opposé une tonitruante fin de non-recevoir. Par rapport à son pays, surtout : Fayez Ghosn n’a pas seulement offert, probablement à la demande des Assad ou de Sleimane Frangié, un cadeau en or à un des régimes en exercice les plus barbares qui soient, il l’a fait au détriment du Liban, du peu de crédibilité dont il bénéficie encore, irresponsable comme rarement un ministre l’a été. Seule consolation pour lui : il vient de remporter la palme du plus prosyrien des ministres libanais depuis l’an 2000, coiffant au poteau l’ex-recordman absolu, Adnane Addoum, et toute la ribambelle des Bustros boys de Nabih Berry, Adnane Mansour en tête bien sûr, mais aussi Mahmoud Hammoud, Faouzi Salloukh et l’inénarrable Ali Chami.
Un mois de décembre 2011 qui aime les Ghosn, à moins que ce ne soit l’inverse. Autre fidèle lieutenant du président de la Chambre, Ghassan Ghosn aura été lui aussi au cœur de ce douzième mois de toutes les avanies et de tous les cafouillages, notamment en matière de réajustements salariaux. Secrétaire général de la Confédération des travailleurs, il a qualifié d’historique l’accord auquel sont parvenus syndicats et patronat, et que parrainait Nagib Mikati en personne, quelques minutes avant que le Conseil des ministres ne vote l’un des projets les plus foireux qui soient, celui de Charbel Nahas, qui ne vit plus et ne travaille plus que pour se venger de tout ce qui touche de près ou même de très loin à un Hariri. Ghassan Ghosn a alors avalé de travers, s’en prenant mollement au ministre du Travail après avoir fait tanguer pendant tout un mois le pays au gré des desiderata berryistes, donc syriens.
D’un Ghosn l’autre, cette année s’est terminée comme elle avait commencé : dans l’incompétence la plus féroce.
N’est pas Carlos qui veut.
Cinquante-deuxième semaine de 2011.L’histoire se souviendra du mois de décembre 2011 pour plusieurs raisons. Elle se souviendra de l’arrivée à La Haye, au siège de la Cour pénale internationale, accusé de crimes contre l’humanité en tout genre, de l’ex-président ivoirien Gbagbo, jusqu’à nouvel ordre le plus gros poisson pêché par une CPI qui en avait sans doute un peu marre...

commentaires (7)

Monsieur Antoine Sabbagha (bonne et heureuse année 2012) Vous voulez, je crois, dire : au premier souffle du zéphyr... Anastase Tsiris

Anastase Tsiris

07 h 35, le 31 décembre 2011

Tous les commentaires

Commentaires (7)

  • Monsieur Antoine Sabbagha (bonne et heureuse année 2012) Vous voulez, je crois, dire : au premier souffle du zéphyr... Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    07 h 35, le 31 décembre 2011

  • Pourvu qu' en 2012 le Ghosn ou les branches ne soient pas si molles et ne se cassent pas au premier vent d' hiver . Antoine Sabbagha

    Sabbagha Antoine

    06 h 25, le 31 décembre 2011

  • Superbe ! Monsieur Ziad Makhoul, comme à votre habitide. On appelle chacun par son nom. La plus grande trahison contre son pays, c'est de l'accuser d'être un tremplin à El Qaëda, ou même moindre accusation, rien que pour servir les intérêts d'un autre pays, que ce soit Israël ou un autre, peu importe. La trahison est une trahison. Sur les deux rameaux, du même arbre, minces quand même, aux singeries des uns viennent s'ajouter les clowneries et les bêtises des autres. Les vents qui soufflent sur la région le malmènent, prêts, chaque fois, à le déraciner; et on essaie, péniblement, toujours et sans cesse, de replonger ses racines dans la terre, devenue vaseuse, à force des averses qu'elle s'attire, et non uniquement par les inepties de ses deux rameaux. L'arbre est déjà putréfié ! Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    03 h 04, le 31 décembre 2011

  • Oh combien l'histoire se souviendra avant tout du "retentissant f*** you" asséné aux arabes pendant quarante ans déjà et en ce moment même, au moyen du chantage le plus cynique qui soit, par "l'un des régimes en exercice les plus barbares qui soient". C'est ce régime pourtant qui a ses enfants gâtés au Liban. En lui offrant "le cadeau en or de Ersal comme repaire d'el-Qaeda, d'où celle-ci s'infiltre en Syrie pour le dynamiter", notre ministre de "sa" Défense est fort candidat à gagner le grand prix en cajoleries.

    Halim Abou Chacra

    02 h 52, le 31 décembre 2011

  • Vous pouvez etre certain que chez nos voisins Syriens, un ministre qui se permet de "pondre" des inepties a la Ghosn se serait vu limoge, et meme pire. Mais chez nous, democratie consensuelle - supercherie oblige, ce brillant stratege continuera son petit bout de chemin puisque les vrais decideurs le souhaitent. Avec de tels energumenes au pouvoir, 2012 promet d'etre une autre annee bidon ou les memes discours, les memes paroles creuses, les memes coups bas se multiplieront. Et avec de tels nullards qui mal gerent notre quotidien , 2012 sera une autre annee ou deceptions et angoisses, feront legion.

    Karim Tabet

    02 h 31, le 31 décembre 2011

  • - - L'histoire se souviendra surtout , de la date du 13 Janvier 2011 , quand l'Aiglon et fils de son père , l'héritier du trône et de la récente dynastie , fut débarqué illico presto du grand sérail par le chiffre 11 , en même temps qu'il rentrait , en tant que PM , au bureau ovale de la maison blanche , pour ressortir 30 petites minutes plus tard , en tant que simple député de Beyrouth et ne plus revenir au pays .. !! D'un Hariri à l'autre en passant par Siniora , l'année 2011 aura été exceptionnellement calme sans parasites et sans corruption (s) , avec d'énormes changements et pleine de réformes : dans la compétence et la transparence la plus totale et la plus féroce ... N'est pas Machiavel qui veut !

    JABBOUR André

    01 h 18, le 31 décembre 2011

  • Excellente analyse - Rien a rajouter, le cafouillage est decidement le seul truc qui fonctionne au Liban...

    Moubazbaz Isaac

    20 h 14, le 30 décembre 2011

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