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Liban

Vaste débat sur les nouveaux défis au M-O à la conférence annuelle du Fares Center à Boston

Pour marquer le dixième anniversaire de sa création, le Fares Center for Eastern Mediterranean Studies à Tufts University, à Boston, a axé cette année le thème de sa conférence annuelle sur « Le nouveau Moyen-Orient : défis et opportunités ». Dirigée d’une main de maître par sa fondatrice Leila Tarazi Fawaz, cette conférence est considérée comme l’une des meilleures sur le Moyen-Orient.

Leila Fawaz.

Devenu un rendez-vous de l’intelligentsia bostonienne et américaine, ainsi que d’un grand nombre d’académiciens, de spécialistes du Proche-Orient, d’ambassadeurs, de journalistes et penseurs, cet événement a été organisé par un comité trié sur le volet, composé de Leila Fawaz, professeur en diplomatie à la Fletcher School of Law and Diplomacy, professeur d’histoire et spécialiste du Moyen-Orient ; Vali Nasr, professeur en politique internationale à Fletcher School, directeur associé du Fares Center for Eastern Mediterranean Studies, Tufts University, Ibrahim Wardé, professeur adjoint de l’International Business, à Fletcher School, directeur des Business Programs au Fares Center for Eastern Mediterranean Studies et auteur de nombreux ouvrages, dont Islamic Finance in the Global Economy, William A. Rugh, Visiting Scholar, The Fares Center for Eastern Mediterranean Studies, Tufts University, Edward R. Murrow, Visiting Professor of Public Diplomacy, à Fletcher School, et Richard Shultz, professeur en politique internationale et directeur de l’International Security Studies Programme, à Fletcher School.
Lancé en 2002, le Fares Center for Eastern Mediterranean Studies est « avant tout un centre de modération, où toutes les voix sont entendues avec civilité. C’est un réservoir de réflexion qui permet de mieux comprendre la région, sans préjugés », a souligné à L’Orient-Le Jour Leila Fawaz.

Le printemps arabe
Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord traversent une période historique à la lumière des soulèvements dans plusieurs pays de la région. Comment les États-Unis devraient-ils percevoir la situation dans cette partie du monde, et quelles en sont les implications sur la politique étrangère américaine ?
Telle est la réflexion sur laquelle se sont penchés les différents intervenants. Ses implications et ses ramifications socio-économiques, financières, sécuritaires, démographiques – avec une population régionale de 490 millions d’âmes, en incluant la Turquie –, politiques et culturelles sont profondes et demeurent incertaines. « Le printemps arabe est l’événement le plus important et le plus significatif au Moyen-Orient depuis la fin de l’Empire ottoman, » a indiqué à L’Orient-Le Jour Robert Pelletreau, ancien ambassadeur américain à Bahreïn et en Tunisie, qui a initialisé les contacts officiels entre les États-Unis et l’OLP.
L’étendue des problèmes économiques, la menace permanente de l’extrémisme, ainsi que le manque de progrès au niveau du processus de paix israélo-palestinien et les négociations nucléaires avec l’Iran constituent autant de défis pour la région et pour les États-Unis, selon lui.
Divisée en cinq sessions, cette conférence a mis en exergue la tension continue dans les pays du Levant, le développement économique et social, la situation en Afghanistan et au Pakistan, les questions de sécurité dans les pays du Golfe, les questions de politiques internes, et les transitions. Un impressionnant bouquet d’orateurs et d’intervenants, composé de militaires, d’ambassadeurs américains, de spécialistes du Moyen-Orient, d’académiciens, d’historiens, d’écrivains, de journalistes, de penseurs, de chercheurs, et d’étudiants ont été conviés au débat. Mais les analyses diverses et les réflexions n’ont pas réellement permis de mieux comprendre et de cerner la situation sur le terrain.
Concernant la situation en Syrie, l’ambassadeur Pelletreau a mis un bémol aux « va-t-en guerre », indiquant à L’Orient-Le Jour que « pour le moment, on n’a pas noté assez d’opposition dans les villes. Le président Bachar el-Assad compte encore sur le soutien du peuple syrien. » Il a noté par ailleurs qu’il n’y a pas un « nombre significatif de désertions dans l’armée syrienne. Si Damas et Alep bougeaient, cela pourrait changer les choses, » a-t-il souligné.
Quel en l’impact de la crise syrienne sur le Liban ? « Les Libanais sont divisés et les chrétiens sont sous pression. Cette pression est moins forte que dans d’autres pays arabes, » a estimé l’ambassadeur Pelletreau.

Nombreux intervenants libanais
Un certain nombre d’orateurs américains et libanais ont été invités. Parmi les intervenants libanais on notait la présence, notamment, d’Ibrahim Wardé, professeur, économiste et journaliste au Monde diplomatique, Bernard Haykal, brillant professeur d’études du Moyen-Orient et directeur de Transregional Studies de Princeton University, Randa Slim, ex-vice-présidente et membre de l’International Institute for Sustained Dialogue, Rami G. Khouri, rédacteur en chef du Daily Star et directeur du Issam Fares Institute of Public Policy and International Affairs de l’AUB, Dalia Mroue Fateh, directrice exécutive de Salt Documentary.
Côté américain, citons notamment John L. Esposito, professeur et directeur fondateur de Prince Alwaleed Bin Talal Center for Muslim-Christian Understanding, de Georgetown University, Nadim N. Rouhana, professeur de l’International Negotiation and Conflicts Studies, à Fletcher School, Farhad Kazemi, professeur de Politics and Middle Eastern and Islamic Studies, New York University, Michelle Dunne, directrice du Rafik Hariri Center for the Middle East, the Atlantic Council, John Limbert, ancien secrétaire d’État adjoint pour l’Iran et professeur au U.S. Naval Academy, David Ignatius, éditorialiste au Washington Post, ayant une connaissance approfondie des questions libanaises et du Moyen-Orient, Mona Eltahawy, conférencière spécialiste des questions arabes et musulmanes, Tarek Massoud, professeur de Public Policy Harvard Kennedy School, et John P. Entelis, professeur de sciences politiques et directeur du programme sur le Moyen-Orient à Fordham University.
Ibrahim Wardé s’est penché sur les défis économiques et financiers du « printemps arabe », et en particulier sur les problèmes de corruption et sur le « partenariat de Deauville », lancé par le G8 au mois de mai et censé apporter l’aide financière et indiquer le chemin à suivre pour que les nouvelles démocraties puissent repartir sur des bases plus saines. Les pays occidentaux manquent de crédibilité, d’une part, en raison des liens étroits qu’ils ont longtemps entretenus avec des régimes discrédités, et, d’autre part, du fait que les pays du G8 sont eux-mêmes empêtrés dans des crises économiques dont on ne voit pas la fin. À ce sujet, Ibrahim Wardé a relevé que « le G8 n’a pas trouvé mieux que de nommer M. Édouard Balladur, dont la campagne présidentielle de 1995 est au cœur des scandales de corruption qui agitent la France, au poste d’envoyé spécial auprès des pays arabes dans leur transition vers des sociétés libres et démocratiques ».

Thomas Pickering : « Le printemps arabe critique pour les États-Unis »
Thomas R. Pickering, ancien sous-secrétaire d’État américain pour les Affaires politiques et ancien ambassadeur des États-Unis en Russie, en Inde, à l’ONU, en Israel, au Salvador, au Nigeria et en Jordanie, a ouvert le débat en abordant le thème « Les États-Unis et le Moyen-Orient : défis et opportunités », estimant d’emblée que « le Moyen-Orient qui vit un crescendo de tension est la région la plus importante pour les États-Unis. » Il a laissé entendre que « les activités militaires ne peuvent être un bon substitut à l’activité diplomatique. »
L’actuel président de l’International Crisis Group a aussi indiqué que « le conflit israélo-arabe ne peut résoudre seul tous les autres problèmes. Les leçons que nous en tirons sont toutes aussi importantes pour les États-Unis ». Le nouveau changement du printemps arabe « est critique pour les États-Unis ». « Nous avons vu le commencement mais pas la fin », a-t-il observé. Et d’ajouter : « Nous assistons à la disparition d’anciens amis. Nous nous trouvons face à de nouveaux ennemis... ». Pour cet ancien ambassadeur, le changement est bien « plus violent en Syrie, au Yémen et à Bahreïn, » tandis que « l’incertitude » plane en Jordanie et au Maroc.
Mettant en garde les États-Unis « qui ne réussissent pas dans l’organisation d’autres gouvernements », il les a priés tout simplement de « rester en dehors ». « Nous avons besoin de sortir de nos ambassades pour mieux travailler la rue, » a-t-il estimé. Quant à la reprise des pourparlers de paix israélo-arabes, elle demeure à l’ordre du jour. L’aide des États-Unis et celle du quartette sont « essentielles ». Pour cet ambassadeur, il existe de « nombreuses formules » à explorer, estimant qu’une « troisième partie pourrait aider. » « Les États-Unis devraient agir maintenant de manière bien plus agressive car la région est d’une importance vitale pour l’administration américaine qui doit trouver la manière stratégique pour réaliser la paix », a-t-il affirmé.

Stanley Allen McChrystal invité d’honneur
Le point d’orgue de cette conférence reste la présence de Stanley Allen McChrystal, général américain à la retraite et ancien commandant de l’International Security Assistance Force (ISAF) et commandant des forces américaines en Afghanistan, qui a été crédité de la mort d’Abou Moussab al-Zarquaoui, chef d’el–Qaëda en Irak. Le général était l’invité d’honneur du déjeuner organisé par le Fares Center. Dans son intervention, McChrystal, qui a présenté sa démission en juin dernier après les remarques peu flatteuses du vice-président Joe Biden et d’autres responsables de l’administration américaine, a parlé de « l’engagement américain dans le cadre du nouveau Moyen-Orient », estimant que les forces américaines qui sont envoyées pour faire la guerre devraient être davantage informées de la culture et de la langue pour mieux naviguer sur le terrain.
La conférence a aussi soulevé les enjeux de sécurité dans le Golfe et la poursuite du développement de la capacité nucléaire iranienne, qui demeure un sujet de grande préoccupation. La présence américaine en Irak a diminué, mais l’avenir des relations de l’Irak avec ses voisins et avec l’Occident reste incertain. Le terrorisme dans la région, y compris l’enracinement au Yémen d’el-Qaëda dans la péninsule Arabique, continue d’inquiéter les gouvernements régionaux et les États-Unis, tandis que les livraisons d’armes envahissent la région. Comment donc assurer la sécurité avec les mesures militaires conventionnelles, insuffisantes pour résoudre les problèmes sécuritaires ? Comment les experts militaires devraient-ils évaluer la situation et quelles mesures proposent-ils ? Ce sont ces enjeux et ces défis qui ont fait l’objet des discussions.
D’autres enjeux ont été évoqués lors de cette conférence, notamment les questions de politique intérieure et de transition dans un environnement de troubles nationaux généralisés qui se sont avérés dramatiques et historiques. Les jeunes sont devenus politiquement engagés. Le changement de régimes et d’autres développements politiques ont créé des situations nouvelles dans de nombreux pays. Ces développements ont été non seulement une source de préoccupation pour les gouvernements qui ont été ciblés, mais aussi pour les États-Unis. Les conséquences à long terme de ces évolutions sont importantes pour la démocratie, la transparence, la succession, et pour le rôle des islamistes. Tous ces changements régionaux sont devenus un véritable casse-tête pour les dirigeants américains.
Devenu un rendez-vous de l’intelligentsia bostonienne et américaine, ainsi que d’un grand nombre d’académiciens, de spécialistes du Proche-Orient, d’ambassadeurs, de journalistes et penseurs, cet événement a été organisé par un comité trié sur le volet, composé de Leila Fawaz, professeur en diplomatie à la Fletcher School of Law and Diplomacy, professeur d’histoire et...
commentaires (4)

Micha, maintenant je comprends pourquoi tu es arrivée ce soir au dîner avec un air halluciné (rires). C'est vrai qu'une telle salade verbale est totalement indigeste.

Robert Malek

19 h 19, le 02 novembre 2011

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Commentaires (4)

  • Micha, maintenant je comprends pourquoi tu es arrivée ce soir au dîner avec un air halluciné (rires). C'est vrai qu'une telle salade verbale est totalement indigeste.

    Robert Malek

    19 h 19, le 02 novembre 2011

  • André Jabbour, il est la conscience, pas du Liban mais du GMA uniquement. Anastase Tsiris

    Anastase Tsiris

    15 h 44, le 02 novembre 2011

  • - - SUITE @ Madame Michèle AOUN , Je vous signale que JOHN ESPOSITO , est bien celui qui a annulé le RDV de notre Patriarche , avec le locataire de la maison blanche au bureau oval , " RDV qui était confimé à la demande du Président Obama " , suite à la demande expresse des Frères Musulmans d'Egypte . Non madame AOUN , ce genre de piques assiettes et numéros sur des Payroll arabiques ne m'intéressent pas et ne m'impressionnent pas du tout , ce n'est pas ma tasse de thé , parlez moi plutôt de gens solides de base , de cultures , de principes , de valeurs , qui ne se donnent pas au plus offrant , et ils existent croyez moi . Ne lisez plus n'importe quoi , vous valez mieux . Merci quand même d'avoir pensé à moi .

    JABBOUR André

    09 h 02, le 02 novembre 2011

  • - - @ Madame Michèle AOUN , Chère madame , suite à votre demande , j'ai été voir et lire l'article en question , " en diagonal " je vous l'avoue , car ce genre de kermesse de nouveaux riches moyen orientaux et de chez nous m'écoeure , d'ailleurs je ne voulais même pas lire le contenu , quand j'ai lu ce matin le titre de l'article ! Toujours est-il , je constate que ces braves ricains , penseurs et donneurs de leçons , admettent qu'ils pataugent dans la M... de leurs semoule qu'ils ont semées à travers ce MO qu'ils ont inondés par leurs démocraties islamiques qu'ils regrettent , puisqu'elles se retournent déjà contre eux , l'envoyeur .. , comme l'avait fait un certain B.L qui était leur homme , après la libération de l'Afghanistan de la domination militaire Soviétique à l'époque !!! Ce n'est pas un ramassis de détenteurs de quelques diplômes , qui sont plus piques assiettes et intéressés , qui vont m'apprendre ou m'informer de la vraie situation de mon pays , ou bien de celui de la région , ou du proche voisinage ! Je préfère de loin votre analyse , qu'à celle de celles et ceux qui représentent des nouveaux riches de chez nous , ou de centres d'études ou bien des institues de je ne sais quoi qui portent leurs noms , qui sont eux-mêmes titulaires de diplômes achetés ou docteurs Honoris Causa négociés à coups de pétrodollars pour se donner une base qu'ils n'ont jamais eu et qu'ils n'auront jamais dans cette vie !!! SUITE ..

    JABBOUR André

    08 h 53, le 02 novembre 2011

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