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Lifestyle - Objets et histoire

Poubelle avait raison…

Jusqu’au XVIIe siècle, les Parisiens avaient les pires difficultés à se frayer un chemin au travers des immondices recouvrant les rues et chemins de la capitale. Il faut savoir que les habitants des maisons avaient pour habitude de se débarrasser de leurs déchets en les jetant par les fenêtres, sans se préoccuper du point de chute. On risquait à tout moment de se retrouver couvert d’ordures ménagères, du contenu de chaise percée ou autres liquides malodorants. Louis XIV n’apprécie pas alors que Paris passe pour la ville « la plus sale d’Europe ». Il veut que cette capitale soit digne de son règne.
C’est Colbert qui s’attaque au problème en étudiant la création d’un service de voirie. Gallyot, commissaire au Châtelet, est nommé inspecteur général de l’Entreprise de nettoiement. Il est chargé de recruter un nombre suffisant de personnel et de commissaires responsables dans chaque quartier, d’organiser les travaux de ramassage et de percevoir les taxes auprès des riverains. Mais les désaccords qui existent entre ses commissaires et lui font que la propreté de Paris n’évolue guère. Colbert se fâche et nomme un lieutenant général de police, La Reynie, doté des pouvoirs que pourrait avoir un préfet de police de nos jours. La Reynie fixe immédiatement un règlement pour l’assainissement de la capitale. Un recensement de toutes les maisons est effectué avec le nom des habitants, le détail des enseignes. Dans chaque quartier, une commission composée de notables est chargée de tenir ce rôle à jour chaque année. Tous les immeubles ainsi répertoriés seront passibles de la taxe, payable tous les six mois et d’avance. En cas de non-paiement, le débiteur est menacé de saisie. L’ordonnance de police du 5 mai 1668 prévoit un nettoyage quotidien des rues, des inspecteurs surveillent le déroulement des opérations, signalent les négligences et fixent le taux des pénalités si le contrat n’est pas respecté. Les habitants doivent nettoyer devant leur maison tous les matins, mettre les boues en tas le long du muret et nettoyer leur portion de rue à grande eau. Il est interdit de jeter ou déposer des déchets dans la rue. Ils doivent être portés chaque matin dans les tombereaux dont le passage est signalé par un son de cloche. Les ordonnances ne sont pas très bien accueillies. Les corporations des marchands voient dans ces mesures une violation des usages. La Reynie reste inflexible, les contraventions pleuvent : les réfractaires se soumettent.
Paris devient tellement propre que des observateurs étrangers viennent sur place pour s’en rendre compte. Pas pour longtemps... En 1750, Rousseau quitte la capitale en la saluant par un « Adieu, ville de boue ! » Il est vrai que Paris était connue depuis longtemps sous ce vocable puisque Lutèce viendrait du latin lutum qui signifie boue. Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, Louis Sébastien Mercier, véritable reporter parisien de l’époque, signe de belles formules dans son Tableau de Paris. Exemple : « Ô, superbe ville ! Que d’horreurs dégoûtantes sont cachées dans tes murailles ! » Ou encore : « En général, le Parisien vit dans la crasse. »
Le XIXe siècle avec ses épidémies de choléra et de typhoïde se doit de résoudre la question. C’est aussi la période des grands travaux, entrepris par Haussmann et qui transforment le paysage urbain parisien. Eugène Poubelle, un homme remarquable toujours tiré à quatre épingles et orné de la « plus belle barbe blonde de la république » ainsi qu’excellent orateur, est nommé préfet de la Seine. Il émet le 7 mars 1884 un arrêté qui va faire du bruit. Il impose à tous les propriétaires d’immeubles de mettre à la disposition de leurs locataires des récipients communs, munis d’un couvercle et d’une capacité suffisante pour contenir les déchets ménagers. La contenance envisagée est large : de 40 à 120 litres. À cette première révolution, monsieur le préfet en ajoute une seconde : celle du premier tri sélectif de l’histoire. En effet, trois types de récipients sont obligatoires : un premier est destiné à recueillir les matières putrescibles, un autre est réservé aux papiers et aux chiffons, tandis qu’un dernier est consacré au verre, à la faïence et aux coquilles d’huître. Un corps de métier voit la nouvelle invention d’un très mauvais œil : les chiffonniers, lesquels craignent que le maudit récipient ne tue purement et simplement leur gagne-pain.
Les Parisiens, habitués auparavant au fameux système du « tout à la rue », ont du mal à se discipliner et renâclent à utiliser les nouvelles boîtes qu’ils ne vont pas tarder à appeler « poubelles », un peu par vengeance. Finalement, le préfet « Monsieur Propre », Eugène Poubelle, obtient gain de cause. Peu à peu, les poubelles se répandent en France, mais ne seront totalement généralisées qu’au moment de la Seconde Guerre mondiale. Quant au mot « poubelle », il est entré dès 1890 dans le supplément du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle. Peu reconnaissante, la ville de Paris a donné son nom à une rue minuscule, près du pont de Grenelle. Quant à sa ville natale, Caen, elle l’a totalement oublié. Et pourtant, « yes, he could ! »

Sources principales :
gralon.net
planete-echo.net
histoire-en-ligne.com
Jusqu’au XVIIe siècle, les Parisiens avaient les pires difficultés à se frayer un chemin au travers des immondices recouvrant les rues et chemins de la capitale. Il faut savoir que les habitants des maisons avaient pour habitude de se débarrasser de leurs déchets en les jetant par les fenêtres, sans se préoccuper du point de chute. On risquait à tout moment de se retrouver couvert...

commentaires (1)

oui, mais... c'est toujours dégoutant dans les rues de Paris, ou dans les autres villes. Papiers, crottes et urines de chiens, quand ce n'est pas de l'urine humaine, crachats, il y a de tout. C'est la réalité de tout les jours.

Talaat Dominique

03 h 27, le 02 mars 2012

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Commentaires (1)

  • oui, mais... c'est toujours dégoutant dans les rues de Paris, ou dans les autres villes. Papiers, crottes et urines de chiens, quand ce n'est pas de l'urine humaine, crachats, il y a de tout. C'est la réalité de tout les jours.

    Talaat Dominique

    03 h 27, le 02 mars 2012

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