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Lifestyle - Rencontre

Pierre Dulaine, gentleman danseur

Il est arrivé au Liban depuis quelques jours avec pour mission d’insuffler sa générosité, son talent et son savoir-faire au dîner de gala de la Fondation Philippe Hatem qui aura lieu demain mercredi au Pavillon royal du BIEL. Depuis de nombreuses années, Pierre Dulaine fait danser les malheurs et les transforme en petits bonheurs.

Pierre Dulaine en compagnie d’Antonio Banderas à l’occasion du lancement du film « Dance With Me ».

Ils se sont retrouvés comme par hasard, la designer de mode Reem Acra, présidente d’honneur du dîner de gala, ayant aidé le hasard à bien faire les choses ; et pourtant, ils ont l’air de se battre pour la même cause, celle de l’enfance heureuse. Le premier est Pierre Dulaine, danseur, professeur de danse, champion de danse de salon, mais surtout fondateur des Dancing Classrooms. Et l’autre est Teddy-Georges Hatem, l’un des membres les plus actifs de l’association Philippe Hatem pour une enfance heureuse. Entre eux règne la complicité des vieux amis, presque des frères, tant leur ressemblance physique est surprenante.
Dans les locaux de l’association où l’équipe met les dernières touches à cette soirée qui s’annonce exceptionnelle, Pierre Dulaine se sent parfaitement à l’aise. Le sourire éclatant et contagieux, le regard lumineux, il accueille les visiteurs avec une courtoisie naturelle qui est un peu son label. Le monsieur est célèbre, tant pour sa méthode pédagogique auprès des enfants que pour le film Dance With Me (Take the Lead), inspiré de sa vie, sorti en 2006 avec Antonio Banderas dans son rôle.
Un succès qui n’est pas venu seul mais qu’il a conquis pas à pas, en dansant.

S’exprimer et s’imposer en douceur
Né à Jaffa en 1944, d’une mère franco-palestinienne et d’un père irlandais, Pierre Dulaine a grandi à Amman puis en Angleterre, nourri par une élégance du mot et du geste qui se reflétera plus tard dans son métier. « Je vis à New York mais mon cœur est libanais ! » s’exclame-t-il en parlant de son attachement pour notre pays où il s’est même découvert des parents maternels. Durant son adolescence à Birmingham, le jeune homme de 14 ans, timide et maladroit, s’inscrit à des cours de danse non loin de chez lui. Pour les payer, il fait de petits métiers, lave des voitures, distribue des journaux. La passion s’installe. Elle devient vocation et défi. Pierre, qui s’appelle encore Peter Heney, danse de mieux en mieux, perd sa timidité et se jure de remporter un jour le titre de champion de danse de salon. À 21 ans, il devient membre de l’Imperial Society of Teachers of Dancing. Il participe à des compétitions de danse de salon et remporte le « Duel of the Giants » au prestigieux Royal Albert Hall de Londres. « C’est alors que j’ai commencé à me faire connaître sur un niveau professionnel », confie-t-il. En 1971, il s’embarque pour la Big Apple. « J’y suis allé pour deux semaines, j’y suis encore depuis 40 ans ! » Dans cette ville qui ne dort jamais, et affublé d’un nom international et plus musical, semble-t-il, Dulaine rencontre Yvonne Marceau qui devient sa partenaire et complice dans toutes les aventures futures. Ensemble ils fondent le American Ballroom Theatre, se produisent sur des scènes internationales et remportent de nombreux championnats dont, à quatre reprises, le British Exhibition Ballroom Championship. Dulaine enseigne à la School of American Ballet et la Julliard School au Lincoln Center. Il participe à la comédie musicale Grand Hotel et décroche le Best Dancing on Boadway de l’Astaire Award. « C’est alors que j’ai ressenti le besoin de donner à mon tour. »

La danse : une école de savoir-vivre
« Je voulais enseigner la danse de salon dans des écoles de quartiers défavorisés. Il s’agissait surtout, pour moi, d’enseigner aux élèves de classes primaires et secondaires d’une manière ludique la politesse, la confiance en soi, le respect et la dignité. » C’est ainsi qu’en 1994, il crée le programme Dancing Classrooms. D’abord intéressé par les enfants de 10 ans, un âge où, réceptifs, ils ont encore un rapport spontané avec leur corps, il déclinera plus tard son enseignement à des adolescents de 17 et 18 ans. Dans ses classes, les garçons sont des gentlemen et les jeunes filles des ladies. C’est ainsi qu’ils les appellent. Ils apprennent le embrace, le pas de deux, la complicité dans le rythme, durant quelques instants qui abolissent les hiérarchies et les frontières sociales et raciales. « Je ne suis pas un professeur mais un guide », précise-t-il. Sa méthode a si bien marché que pour cette dernière année, 42 000 enfants de 509 écoles dans 23 États américains ont profité de ses cours de danse. Le concept s’exporte bientôt en Jordanie, en attendant, en espérant Beyrouth. Modèle humain et professionnel, Dulaine a inspiré Liz Firedlander dans la réalisation du film Dance With Me (Take the Lead) avec un Antonio Banderas – Pierre Dulaine fort séduisant.

Un évènement exceptionnel
Cette générosité qui guide à présent sa démarche et ses pas a poussé Pierre Dulaine à participer, en maître de cérémonie, à la soirée organisée par la Fondation Philippe Hatem demain soir au Pavillon royal du BIEL. Il parle de cette cause comme si elle était la sienne, de Philippe, très présent, comme s’il le connaissait. Durant une semaine, le danseur a entraîné 6 couples d’enfants, des amis du regretté Philippe, qui rendront un hommage dansant au disparu. Ce « Christmas Ball for a Happy Childhood » se veut différent, « exceptionnel », comme le qualifie Teddy-Georges Hatem. Il promet de nombreuses surprises qui vont permettre de collecter des fonds pour poursuivre les différentes missions fixées par l’association : aider l’enfance partout dans le monde en tressant des liens entre les organisations internationales et locales, assurer les nécessités de base aux enfants dans le besoin, assister ceux qui sont victimes de violences physiques et sexuelles, offrir scolarisation et récréations, et fournir des soins de santé. Et enfin, permettre la mise en marche, le plus rapidement possible, du Centre de rééducation Laetitia Hatem à l’Hôtel-Dieu de France, en collaboration avec le fameux Rehabilitation Institute of Chicago (RIC).
Les organisateurs avaient prévu de vendre 500 billets. Ils en ont vendu plus de 800 ! « Nous n’avons rien fait, ajoute Hatem, comme il le rappelle à chaque fois. C’est Philippe qui est le moteur, nous ne sommes que les instruments... »
Ils se sont retrouvés comme par hasard, la designer de mode Reem Acra, présidente d’honneur du dîner de gala, ayant aidé le hasard à bien faire les choses ; et pourtant, ils ont l’air de se battre pour la même cause, celle de l’enfance heureuse. Le premier est Pierre Dulaine, danseur, professeur de danse, champion de danse de salon, mais surtout fondateur des Dancing Classrooms. Et...
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