Que l’on en juge par les titres de ces bijoux de petites pièces (28 morceaux), d’une décapante brièveté, exquises dans leur écrin de dérision, d’ironie, de parodie et de notes bien charpentées: La marche de la hanche replacée, Menuet de la ménopause, Andante de l’arthrite, Tristesse de Viagra, Eine kleine napmusik (bonjour Mozart : petite musique de la sieste), Balalaika de la calvitie (Balding Balalaika), Prostato pizziccati (même si c’est un peu trivial ou vulgaire, quoi de plus proche que ces coups d’archets frottés des timides jets prostatiques?...). Et l’on imagine Walid, bras gesticulant, partant de son grand rire sonore jamais dompté !
Et ainsi voguent les mélodies au gré des tourments de vieillir et des boulons du corps qui sautent avec chaque jour qui se lève quand les articulations s’ankylosent, le cœur fléchit, les artères se dessèchent, l’imagination tarit et les yeux se fatiguent...
Pour ce pianiste remarqué par Aram Khatchadourian à l’âge de treize ans, la musique est toujours un baume pour le cœur et une raison de vivre. En gage, ces morceaux composés dans la joie et la bonne humeur. Un défi au temps certes, mais aussi pour dire que la musique, langage universel, peut aussi très bien être un compagnon pour les moments difficiles du temps qui passe.
Situations mises en musique avec humour par le compositeur qui ne se départ jamais de son sens du rire, mais où virtuosité et brio du pianiste, jamais négligés, sont d’une remarquable présence.
Moment de détente d’un musicien qui sait faire parler la musique. Sur tous les tons, surtout drôles et récréatifs...
Avec son habituel aplomb, qui a déconcerté plus d’un auditeur à ses concerts, Walid Hourani a le don de combiner le ludique à l’essentiel. Et le voilà qui passe de ces morceaux finement ciselés, pastiches légers des grandes techniques musicales, d’écriture et de jeux, pour plonger dans une œuvre à grande pompe, peu connue d’Edward Grieg.
Et on nomme l’unique sonate pour piano du compositeur de Peer Gynt, la Sonate op 47. Quatre mouvements (allegro moderato, andante molto, alla menuetto, ma poco piu lento, finale: molto allegro) pour une œuvre d’un néoromantisme ombrageux. Lyrisme, rêverie ardente et une certaine fougue pour ces pages habitées par les froids et les grandes solitudes norvégiennes. Walid Hourani, dans une interprétation tissée de nuances et de sensibilité, lui insuffle ici des contours insoupçonnés, une vie nouvelle.
Sweet Geriatrics, du pianiste auréolé du prix reine Elizabeth et Tchaïkovski, est un CD mêlant en toute subtilité verve de compositeur, curiosité de pianiste dénicheur de partition un peu mise au rancart et, bien entendu, incontestable talent d’interprète. À savourer sans attendre...
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