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Culture - Peinture

« Failles », ou la lumière sous les cendres

C’est sous le nom de « Failles » que Tamara Haddad présente ses huiles et ses mixed media sur les cimaises de la salle d’exposition de l’Institut français. Un travail lumineux sur les transformations de la Terre qui se poursuivra jusqu’au 2 février.

Paysage nébuleux, apocalyptique, où réel et imaginaire se confondent.

Depuis que Tamara Haddad, diplômée en publicité de l’Académie libanaise des beaux-arts, s’est consacrée à la peinture, un sujet la préoccupe: celui de la métamorphose, voire de la déformation de la planète aux mains des hommes.
«En géologie, une faille est une déformation consistant en un plan, ou zone de rupture, le long duquel deux blocs rocheux se déplacent l’un par rapport à l’autre. Ce déplacement et la déformation cisaillante sont dus aux forces exercées par les contraintes tectoniques.» Telle est la définition usuelle alors que pour l’artiste, ces failles ne sont pas uniquement géologiques. Elles témoignent certes du changement de la planète, mais également de celui de l’être humain. Prédateur depuis des siècles et actuellement exterminateur – ô combien – de cette Terre qu’il occupe, c’est en quelques lignes et couleurs que la jeune artiste reproduit son «œuvre» dans cette série de toiles.
Avant d’aborder «Failles», Haddad s’est initiée à la peinture en autodidacte, inspirée pour la pensée de certains artistes tels Joseph Beuys, Anselm Kiefer et Robert Raushenberg. S’intéressant à l’architecture déconstructiviste, elle réalise au cours de ses études un mémoire sur l’architecture radicale. Ceci fait naître en elle un engouement pour les grands espaces exploités et les infrastructures comme les usines, les carrières, les ports et les pistes d’aéroport.
Pluridisciplinaire, c’est en 2009, lors d’un voyage en Allemagne, qu’elle réalise une série de photos sur Ferropolis, «la cité de fer», ce musée à ciel ouvert regroupant cinq énormes excavatrices industrielles utilisées à la fin du XXe siècle. Attirée par cette monumentalité, l’artiste questionne le pouvoir humain à dompter et à exploiter de tels espaces mais met l’accent sur la beauté esthétique des machines de fer. Cette beauté esthétique que Tamara Haddad traduit alors qu’elle fustige la laideur et l’horreur causées par les actions nuisibles de l’homme.
Un voyage au Tibet en 2007 lui a permis de capturer des impressions complexes qui l’inspireront durant cette démarche artistique. Celle-ci aura nécessité plus de quatre ans et prend forme aujourd’hui dans ces «Failles».
À travers des paysages nébuleux, apocalyptiques, où l’horizon qui sépare ciel et terre d’une part et réel et imaginaire de l’autre, l’artiste laisse filtrer la lumière. Là, dans ce magma de couleurs sombres, la genèse de la Terre fusionne avec sa fin. Un rai par-ci devient le nouveau tracé, la limite qui découpe un chaos naturel, alors qu’une charge électrique par-là laisse entrevoir un certain espoir d’avenir. La jeune artiste n’évoque pas dans son travail l’acte de dévastation, l’homme n’étant d’ailleurs présent dans aucun de ses espaces, mais bien l’état «d’après». Pas de bleu de ciel ni de verdure sur ses huiles, mais une large plaie béante striant l’azur devenu bleu marine et un sol couleur brun, presque charbonneux, rougeâtre par instants. À travers ces teintes qui déclinent et se mélangent, Tamara Haddad aura réussi à nimber ses espaces d’une lumière diaphane, presque à la limite de l’irréel.
Depuis que Tamara Haddad, diplômée en publicité de l’Académie libanaise des beaux-arts, s’est consacrée à la peinture, un sujet la préoccupe: celui de la métamorphose, voire de la déformation de la planète aux mains des hommes. «En géologie, une faille est une déformation consistant en un plan, ou zone de rupture, le long duquel deux blocs rocheux se déplacent l’un...

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