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Culture - Concert

Voix parallèles entre les statues du musée national...

Sous l’ombrelle de l’Apsad, dans le grand hall du musée national, ont résonné un bouquet de partitions aux fragrances belcantistes. Artisans de cette légère soirée dédiée à la musique et au verbe, à part une pianiste, un accordéoniste et un petit chœur de jeunes femmes, Samar Salamé (soprane) et Roula Moawad (journaliste animatrice).

Roula Moawad, conteuse et animatrice musicale d’un soir.

Au milieu de l’agitation du public pour prendre place, lumière sur les statues qui, en toute curiosité silencieuse, tendent déjà l’oreille... Sur les grandes dalles en marbre, piano à queue noir où officie Olga Bolun. Sobre pianiste à qui les fidèles mélomanes des mardis soir du Conservatoire national supérieur de musique rendent un salut chargé de gratitude pour ses nombreuses prestations de qualité. Canotier noir sur la tête, barbe de rapin et accordéon sur les bras, Sam Karam a fait danser le serpent au souffle magique. Comme un chœur d’Eschyle ou de Sophocle, les cinq jeunes femmes, toutes de noir vêtues, sont l’arrière-fond vocal de la scène.


Petits discours de circonstance, avec un moment de recueillement pour Camille Aboussouan qui vient de nous quitter et de quitter l’Apsad (Association pour la protection des sites et des anciennes demeures) dont il était un membre actif. Et, par ailleurs, l’annonce d’une bonne nouvelle : celle de l’obtention de la clef de la maison de Zaki Nassif à Machgharah par l’Apsad. Zaki Nassif dont les ritournelles sont ici à l’honneur.


Et arrivent les deux complices vers 19 heures, avec une entorse de retard pour un programme annoncé pour 18h30 !
L’une est brune, l’autre est blonde. L’une chante, l’autre pas. L’une, sur escarpins dorés de Cendrillon, est d’une extravagance vestimentaire à la Vivianne Westwood, l’autre, bouclette blonde sur les épaules, juchée sur des hussardes à talons hauts, est d’une austérité de pasionaria corse.


Présentation en langue arabe courante, toute en phrases bleues, sens de la communication avec l’auditoire, un brin d’humour et introduction alerte pour lier verbe et chants pour Roula Mouawad. Pour jouer ici à la narratrice-animatrice, elle a brodé un tissu de mots soigneusement cousu de fil blanc et sans nul doute d’improvisation inspirée...
En descendant les escaliers du musée telle une Mistinguett du bel canto, Samar Salamé, qui multiplie tous azimuts ses prestations à Beyrouth, semble avoir aimé ses « promenades » (tous ses concerts portent le titre de promenade ou presque...) en ces lieux puisque ce n’est pas la première fois qu’elle s’y trouve.


Pour les auditeurs, ce cercle élitiste de l’Apsad, elle a concocté un menu agréable et accrocheur. Avec des airs (comme l’air des bijoux de Gounod, entre autres...) dont elle en fait son cheval de bataille.
Ouverture avec la « Memory » du musical Cat. Souvenir de la Streisand avec des aigus qui gomment la sensualité et les vibratos... Et comme les grains d’un chapelet, s’égrènent des arias célèbres et plébiscitées par le public (pas forcément belcantiste !), la Casta Diva de Bellini, la chanson de Solveig (Peter Gynt) de Grieg, un languide air de Piazzolla, la bohème d’une Carmen sous les feux du désir de Bizet et un Summertime aux notes haut perchées de Gershwin, les roucoulades Ya habibi ta3ala d’Asmahan (dont le gosier est une volière incomparablement plus froufroutante) et les vocalises de Cleopâtre de Haendel...
Moment de répit pour la cantatrice avec, en pause repos, un éruptif Libetango sur accordéon seul de Piazzola ou une zigzagante Barcarolle d’Offenbach d’un chœur un peu absent et posant comme pour un songe de pierre...
Pour terminer, Hymne pour la paix (Ounchoudat as-salam) de Zaki Nassif, et pour titiller la corde patriotique, le merveilleux A Ismak Ghannayt des Rahbani, un peu écorché ici, car pris dès le début sur un ton très bas. Et de toute évidence pas suffisamment rodé. Vivement réécouter Fayrouz : on ne s’attaque pas aux mythes impunément.
En bis, nouvelle descente et remontée des escaliers, jeux avec les épaules nues et les fanfreluches de la robe découvrant des jambes, et c’est une fois de plus la cigarière Carmen qui se déchaîne en tançant du doigt le public et le menace des ses amours fatales...

Au milieu de l’agitation du public pour prendre place, lumière sur les statues qui, en toute curiosité silencieuse, tendent déjà l’oreille... Sur les grandes dalles en marbre, piano à queue noir où officie Olga Bolun. Sobre pianiste à qui les fidèles mélomanes des mardis soir du Conservatoire national supérieur de musique rendent un salut chargé de gratitude pour ses...

commentaires (1)

Je trouve Monsieur Davidian bien sévère avec Samar Salamé et un peu trop attaché aux détails vestimentaires! Cette jeune chanteuse méritait que l'on s'attaarde un peu plus sur le grain de sa voix qui est superbe, sur son potentiel dramatique qui est immense et sur le choix toujours très écletique de ses programmes.

Zeina Saleh Kayali

07 h 47, le 21 janvier 2013

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Commentaires (1)

  • Je trouve Monsieur Davidian bien sévère avec Samar Salamé et un peu trop attaché aux détails vestimentaires! Cette jeune chanteuse méritait que l'on s'attaarde un peu plus sur le grain de sa voix qui est superbe, sur son potentiel dramatique qui est immense et sur le choix toujours très écletique de ses programmes.

    Zeina Saleh Kayali

    07 h 47, le 21 janvier 2013

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