Chacun des intervenants a mis l’accent sur un aspect de son aventure avec Aimée Boulos.
C’est le père Sélim Abou qui, le premier, a pris la parole pour évoquer la création, au domicile même d’Aimée Boulos, du premier projet de la série présidé par lui d’ailleurs, l’Aldec (Association libanaise pour le développement de la culture, une émanation de l’USJ) « grâce au dynamisme et l’inventivité de cette dame », devait-il souligner. C’était alors les conférences de grande qualité sur des thèmes d’actualité donnés par des personnalités tant universitaires que politiques, les ciné-clubs, le théâtre, etc.
Le père Abou devait également évoquer la fondation de l’Iesav entreprise avec une fermeté et un savoir-faire qui ont eu raison des réticences du recteur de l’époque, le RP Jean Ducruet.
Puis c’est au tour de Jalal Khoury, un compagnon de longue date, d’évoquer l’expérience de l’Aldec et sa contribution au théâtre libanais avec le théâtre Maroun Naccache qui renaît alors de ses cendres « grâce à cette personne porteuse d’un rêve et d’une vision, dit-il, pour accueillir des pièces de grands metteurs en scène ainsi que diverses activités et ateliers... Ce qui a été fait à l’Aldec reste dans la mémoire de tous ceux qui l’ont vécue. »
Émile Chahine, lui, dit avoir rencontré Aimée Boulos il y a 30 ans. Il était alors professeur de cinéma à l’UL et animateur de ciné-clubs, une chose que cette dame découvrait. Une collaboration s’installe aussitôt et Chahine raconte les péripéties drôles et périlleuses à la fois, à l’époque, pour trouver aussi bien les films que les salles de cinéma sur une ligne de démarcation d’ailleurs.
Élie Yazbeck, ancien étudiant et actuel directeur de l’Iesav, fait un témoignage personnel disant avoir entrepris des études de cinéma grâce à l’accueil de cette dame. « Oser créer un institut de cinéma pendant la guerre, le premier dans le pays, était un défi et il a fallu un travail ardu pour y arriver », avoue-t-il. Il a parlé de cet espace de vie ouvert à l’expérimentation où la directrice devait livrer des batailles sur plus d’un front : avec les parents qui ne voyaient pas la nécessité de telles études pour leurs enfants, les étudiants, les professeurs et avec une politique de la porte ouverte à tous.
Michel Jabre ne savait pas par quel bout commencer pour raconter une aventure vécue au théâtre avec sa fondatrice qui avait le don de réunir les personnes aux opinions opposées.
Paul Mattar, directeur du Monnot, devait évoquer l’audace, le courage, la foi et la conviction d’Aimée Boulos qui a su rassembler autour d’elle des personnes de qualité racontant la véritable aventure du théâtre Monnot, projection à l’appui, des grands moments de ce théâtre.
Un témoignage émouvant de Roger Assaf qui devait jouer sur les mots mer et mère qu’est cette femme qu’il a définie par une phrase dite par elle : « Nous sommes au début du chemin mais nous y arriverons. » Puis il conclut disant : « Les grands-mères racontent le passé, elle raconte l’avenir. »
Le ministre Layoun a salué cette dame au service de la culture au Liban rendant hommage à sa collaboration efficace avec son ministère.
Maya de Freige, ayant succédé à Aimée Boulos à la présidence de la Fondation LibanCinéma, n’a connu cette dernière que par l’intermédiaire d’un ami commun amoureux du septième art. Et c’est le début d’une collaboration intéressant ou « Aimée déploie ses rêves, fixe ses objectifs et avance », dit-elle. Elle a réussi à assurer une présence libanaise au Festival de Cannes depuis 2005 pour mettre en valeur l’industrie cinématographique libanaise. Et la saga continue avec la restauration et la numérisation des vieux films des archives de Télé-Liban. Pour Maya de Freige, l’usine à rêve d’Aimée Boulos restera à travers son legs. Elle devait la remercier pour son grand cœur et sa force tranquille.
Émue, mais toujours alerte, Aimée Boulos a remercié tous ceux qui ont contribué au succès de cette soirée disant avoir vu défiler sa « vie active, ou ma vie tout court ». Elle devait parler « des rencontres et des hasards qui déterminent les événements, mais qu’il y a toujours un fil conducteur tiré par des personnes qui se sont trouvés sur votre route. Ce sont ces personnes que je voudrais remercier. » Elle a raconté son amour pour le cinéma, son parcours, sa famille, elle encore.
Et conclut par un merci spécial à Maya de Freige rassurée de voir la Fondation LibanCinéma en de si bonnes mains.
Une cérémonie conviviale, émouvante et instructive à la fois tant par les allocutions que les projections de documentaires, témoignages ou portrait réalisés par d’anciens étudiants devenus des vedettes aujourd’hui. Et aussi par les deux intermèdes musicaux avec Aline Lahoud (encore une ancienne de l’Iesav) interprétant une chanson pour l’occasion, et la musique composée et interprètée par Nagi Boulos en hommage à sa mère.