Rechercher
Rechercher

Culture - Rencontre

Roula Safar, troubadour(e) des temps modernes

Elle chante depuis l’enfance. Guitare entre les mains, Roula Safar, troubadour(e) des temps modernes, accompagne des textes poétiques.

Une cantatrice mezzo-soprane éprise de poésie. Photo Hassan Assal

De la musique baroque aux compositeurs contemporains, son répertoire, à tonalités lyriques, en dehors de toute considération mélodique ou commerciale, est à ce qui touche le cœur. Rencontre avec Roula Safar, cantatrice mezzo-soprane éprise de poésie. Cheveux noirs, regards de Gitane pour des traits taillés à la serpe, discrets bijoux en argent aux doigts et à l’oreille pour un bustier mauve caché par une longue écharpe en cachemire turquoise ramagée. Arrivée au pays du Cèdre dans le cadre du «launching» du Centre du patrimoine musical libanais et pour deux concerts ( Freikeh et CCF de Tripoli), la compositrice a une histoire bien ancienne avec le chant et la musique.
Pour ceux qui s’en souviennent encore, dans les années 1972-1975, elle avait fait vivre à Beyrouth, de sa voix chaude et vibrante, la chanson à texte. Elle défendait alors Barbara, Brel, Joan Baez, Jean Ferrat... Et puis le fracas de la guerre, pour une jeune fille amoureuse de Beyrouth, a tout chamboulé. «Mon départ pour la France a été un arrachement. J’étais accrochée à mon pays comme un oursin à son rocher...»
Depuis 1976, vie parisienne et nouvelles ruptures, pour une quête identitaire. Approfondissement de la voix et de ses possibilités. Changement de registre aussi après une formation académique à Boulogne-Billancourt.
«Chanter, c’est ma manière de me retrouver et de communier avec les autres, dit-elle sans l’ombre d’un doute. La musique me réconcilie avec le monde. J’aime avancer et non revenir sur mes pas...»
Aujourd’hui, à part les oratorios qu’elle a chantés, les rôles qu’elle a campés sur les scènes lyriques (la messagère de l’Orfée de Monteverdi, la Didon de l’Enée de Purcell, le Ramiro d’un opéra de jeunesse de Mozart, la Sibel du Faust de Gounod et elle a créé un des personnages de Go-gol de Levinas), elle a gravé deux CD (Vergers d’exil, échos méditerranéens et Racines sacrées voix des origines de la Mésopotamie à la Méditerranée) édités chez Hortus et qu’on trouve au Centre du patrimoine musical libanais à Jamhour.
Ce sont des extraits de ces enregistrements qu’elle donne au public libanais, en s’improvisant femme-orchestre. Pour son tour de chant, elle s’accompagne d’une guitare, d’un tambourin, de cymbales, de crotales, de cloche et de clave. Pour déployer ces mélodies-harmonisation, arrangement de son cru et partitions d’autres compositeurs tel K. Haddad, les mots de poètes libanais. Et défilent des sélections des verbes de Schéhadé, Vénus Khoury-Ghata, Nadia Tuéni, Samia Toutunji, Andrée Chedid. Mais il y a aussi les voix d’Éluard, al-Hallaj, al-Hamdan.
Côté langue, il y a quelque chose d’universel et d’érudit dans le choix de Roula Safar qui a à son actif, en ménestrel au temps des ordinateurs, pour cerner les notes et les souligner, plus d’une dizaine de langues. Anciennes et modernes. Pour cette «babelisation» de l’expression, on saute de l’ougaritique à l’araméen, en passant par l’accadien, le sumérien, le chaldéen, le grec, l’arménien, le français, bien entendu, et l’arabe.
Des partitions de Frescobaldi et Caccini aux sonorités modernes, du baroque au moderne, de la musique profane aux chants sacrés, Roula Safar traverse les cultures, les siècles, les langues et les frontières, pour un message de paix, d’amour et d’émotion.
Treize ans qu’elle n’avait plus foulé le sol natal. Avec ces retrouvailles, elle déclare : «Je suis ravie d’être au Liban que je souhaite toujours multiculturel et multiconfessionnel...»
De la musique baroque aux compositeurs contemporains, son répertoire, à tonalités lyriques, en dehors de toute considération mélodique ou commerciale, est à ce qui touche le cœur. Rencontre avec Roula Safar, cantatrice mezzo-soprane éprise de poésie. Cheveux noirs, regards de Gitane pour des traits taillés à la serpe, discrets bijoux en argent aux doigts et à l’oreille pour un...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut