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Culture - Exposition

Ghassan Ghazal peintre de la « Tolérance »

Sous leurs couleurs joyeuses et leurs motifs fantaisistes, les nouvelles œuvres qu’expose Ghassan Ghazal à la galerie Janine Rubeiz restent dans la lignée de son travail conceptuel : construites et réfléchies.

« Ecchymoses », techniques mixtes sur toile (174 x 200 cm).

Il fait partie de ces artistes qui observent et s’interrogent. La dualité des choses et des êtres, les paradoxes qui les composent. Les appartenances identitaires, ses symboles et ses clivages. L’opposition du sacré et du profane, mais aussi leurs liens... Toutes ces questions interpellent l’artiste plasticien Ghassan Ghazal, qui aime repérer en toute chose ses contrastes. 

Voir dans l’obus meurtrier un objet «qui, lui aussi, se désintègre en atteignant sa cible». Faire des fils barbelés et des blocs de béton l’illustration métaphorique des «ecchymoses» de guerre et des bleus à l’âme. Évoquer cette dernière dans des représentations de nus féminins...
C’est en associant les opposés, en superposant les motifs, en jouant sur les contresens et les contre-emplois de matières que l’artiste exprime sa notion de la tolérance.
Fruit d’un travail de 2 ans, la douzaine de peintures ponctuées de trois sculptures qu’il expose, sous l’intitulé «(In)Tolérance», jusqu’au 22 septembre, à la galerie Janine Rubeiz, donne de prime abord une impression de fantaisie néopop. Mais sous les couleurs vives et les ornements en tout genre (perles, paillettes, papillons, fleurs, pastilles de velours et vieilles dentelles...) qui parent ses toiles d’une aura de fausse légèreté, les thèmes abordés par l’artiste restent dans la lignée de ses précédents questionnements «intello-existentiels».
L’identité, qui est l’un des principaux sujets de l’art de Ghazal, s’exprime par exemple dans cet accrochage de manière nouvelle, dans des compositions mêlant couleurs éclatantes et ironie subtile. On la retrouve dans Pluie d’obus où, sur un fond rose acidulé, émaillé de pastilles comme autant de bulles d’insouciance – ou seraient-ce plutôt des trous de mémoire? –, s’éparpillent ces symboles de guerre, devenus en quelque sorte une des facettes identitaires du pays du Cèdre revêtus de paillettes scintillantes, en référence sans doute à l’intrinsèque sens de la fête des Libanais!
Dans une série de trois toiles réunies sous le même intitulé de Profane et sacré, il superpose les silhouettes féminines, joue sur le voilé – dévoilé – qui signalent aussi selon lui les clivages sociaux, aborde les tabous religieux et sexuels, de manière symbolique, audacieuse: serrures, ceinture de barbelés pailletée et parfois même fleurie... Mais son Heaven on Earth (oiseaux sur fil barbelé) ramène encore et toujours à cette alliance des contraires qui fait le lit de la tolérance.
Servies par une grande maîtrise technique, les compositions picturales de cet artiste plasticien (il a à son actif un bon nombre de performances et d’installations), qui, après plus de 25 ans passés au Canada, est retourné en 2006 au Liban, mêlent recherches formelles et interrogations existentielles. Elles offrent plusieurs niveaux de lecture à qui veut établir des parallélismes et débusquer le symbolisme caché des éléments récurrents. Mais au-delà des rébus et charades, elles dégagent aussi un attrait esthétique indéniable.

* Galerie Janine Rubeiz, Raouché, immeuble Majdalani, rez-de-chaussée. Horaires d’ouverture : du mardi au vendredi de 10h à19h, samedi de 10h à 14h. Tél. 01-868290.

Il fait partie de ces artistes qui observent et s’interrogent. La dualité des choses et des êtres, les paradoxes qui les composent. Les appartenances identitaires, ses symboles et ses clivages. L’opposition du sacré et du profane, mais aussi leurs liens... Toutes ces questions interpellent l’artiste plasticien Ghassan Ghazal, qui aime repérer en toute chose ses contrastes. 
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