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Culture - Collectionneurs

L’héritage culturel au cœur des collections de Rami el-Nimer

« Une collection sans thème n’est pas une collection », affirme Rami el-Nimer qui, lui, accumule, à travers trois ensembles différents, des œuvres liées à son héritage culturel.

Rami el-Nimer dans son bureau : un banquier passionné d’art et d’histoire.  Photo Hassan Assal

À commencer par celui de sa terre natale, la Palestine, dont il recherche les précieux manuscrits, peintures, photographies d’époque et textes religieux anciens, d’une part... et les talents artistiques émergents, d’autre part. Ces derniers constituant une large fraction de sa récente collection d’art contemporain moyen-oriental et engagé. Mais c’est, sans doute, sa collection ottomane qui est au cœur de la passion pour l’art de ce banquier, président du conseil d’administration de la First National Bank, à la formation universitaire première d’historien.
Une fascination pour l’histoire qui remonte à la prime jeunesse de ce Libanais d’origine palestinienne, dont la famille possédait (et possède toujours) une ancienne demeure à Naplouse datant de 1810 et comprenant entre ses murs un musée d’objets et de documents anciens. «C’est de là qu’est né mon intérêt pour tout ce qui a trait à l’héritage historique et au patrimoine culturel.»
Imprégné de ce legs familial, Rami el-Nimer commence très jeune à acheter, «avec les moyens limités de mon argent de poche, de petites pièces d’antiquités, de petits couteaux, des monnaies anciennes... Des pièces sans grande valeur constituant une collection enfantine, mais que je conserve toujours, par nostalgie, en dépit des tentatives de ma femme de s’en débarrasser», dit-il, dans un sourire. C’est un peu plus tard, vers 22 ans, alors qu’il était étudiant à New York, à l’époque de la révolution iranienne, qu’il développe son goût pour la collectionnite et l’art islamique en particulier, au contact de marchands d’art iraniens expatriés aux États-Unis qui l’amèneront à fréquenter les galeries et salles de ventes de Christie’s et Sotheby’s où ils écoulaient les pièces de valeurs sorties d’Iran.
Du goût de l’histoire à celui de l’art il n’y avait donc qu’un pas que Rami el-Nimer a franchi en peaufinant son savoir, ses connaissances, la sûreté de son choix par la lecture, les conférences, les visites de musées et de galeries... Son intérêt se portant sur l’art islamique et ottoman de manière générale, au fil des ans et de l’expérience acquise, il va se concentrer plus particulièrement sur un thème, une période précise: celle de l’Empire ottoman du XVIIe siècle. «Une période glorieuse, entamée un siècle plus tôt avec Soliman le Magnifique et qui, comme toutes les périodes fastes, a été riche en réalisations artistiques diverses, explique le collectionneur. Ce dernier a réuni un riche ensemble de pièces de cette période: peintures, sculptures, calligraphies, textiles, porcelaine, cartes et manuscrits anciens, dont de précieux firmans de sultans... Une collection conjuguant l’art purement ottoman aux pièces imprégnées de savoir-faire et d’influences mogholes, safavides ou encore vénitiennes de
l’époque. Accrochée au-dessus de sa table de travail, dans son bureau à la banque, une grande carte représentant l’ensemble des territoires sous la domination de la Sublime Porte au XVIe siècle constitue un indice sensible de sa passion ottomane et de sa prédilection pour tout ce qui est document historique.» Les éléments d’archives sont-ils de l’art? «La question se pose. Mais certains le sont assurément, comme les firmans de sultans, ces manuscrits aux caractères calligraphiques tracés à l’encre et à l’or, souvent accompagnés de motifs et qui conjuguent valeurs historique et artistique.»

Manuscrits précieux
Cette série ottomane, pour l’instant précieusement conservée à l’abri, attend l’édification d’un musée que ce collectionneur, au regard plus proche de l’érudit que de l’esthète, envisage d’ouvrir à Beyrouth au sein d’une institution culturelle globale qui inclurait également une fondation pour la promotion des jeunes talents palestiniens et du Moyen-Orient porteurs d’un discours engagé.
Car sa seconde collection, entamée récemment, «grâce à ma fille, diplômée en art et qui m’a initié aux œuvres contemporaines», dit-il, est axée sur ces artistes-là, dont on peut voir quelques pièces ornant la salle de conférence jouxtant son bureau à la banque. À l’instar d’une fresque en tôle ondulée réalisée par le talentueux Palestinien, Abdelrahman Katanani, d’une œuvre murale en verre et maille de métal portant la signature d’une jeune artiste turque, Yasmine, ou encore d’une toile abstraite et colorée de l’artiste – reconnue elle – Samia Halaby...
Sensible à l’héritage culturel et au message humaniste véhiculé par l’art, Rami el-Nimer possède également une troisième collection, qui reste dans cette même veine, consacrée aux artefacts et documents anciens palestiniens. « Essentiellement des textes religieux, des icônes et des textiles des églises de Jérusalem ainsi que des manuscrits historiques... », révèle-t-il. Une centaine de pièces de grande valeur historique dont il veut faire don à un musée de Bethléem, mais qu’il voudrait publier d’abord et présenter dans le cadre d’une exposition itinérante, incluant Beyrouth, évidemment!
Une façon de transmettre aux autres le plaisir et l’enrichissement intellectuel que lui apportent ces collections. Car «si c’est la passion de la possession qui fait le collectionneur, c’est celle du partage des connaissances et de la joie des belles découvertes qui fait le véritable amateur d’art», estime Rami el-Nimer. Qui n’a pas fini, lui, de découvrir et de partager «cette chose vivante qu’est l’art à travers sa collection qui évolue au fil de l’expérience et de la vie».
À commencer par celui de sa terre natale, la Palestine, dont il recherche les précieux manuscrits, peintures, photographies d’époque et textes religieux anciens, d’une part... et les talents artistiques émergents, d’autre part. Ces derniers constituant une large fraction de sa récente collection d’art contemporain moyen-oriental et engagé. Mais c’est, sans doute, sa collection...

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