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Culture - Cimaises

Deux photographes de l’écurie Hamiltons chez Art Factum

En collaboration avec la très hype Hamiltons Gallery de Londres et son sémillant proprio Tim Jeffries, la Art Factum présente des photographies de deux artistes aux styles complètement différents : les clichés en noir et blanc de Tomio Seike, et les horizons perdus de Murray Fredericks.

Tim Jeffries a Beyrouth pour accompagner une exposition chez Art Factum.

Maya GHANDOUR HERT

 

Costume superblack, chemise blanche immaculément amidonnée, grosse montre en or de collection, mèche brushée, sourire ultrabright et bracelets en cuir sertis de crânes diamantés. Tim Jeffries n’a rien oublié de sa panoplie de golden playboy pour accompagner l’exposition qu’il présente à la galerie Art Factum.
Les spécialistes du marché de l’art le connaissent comme étant celui qui a proposé le cliché le plus cher au Salon Paris Photo de 2010: 477000 € pour un tirage d’Irving Penn.
Pour les amateurs de photographie contemporaine, il est le galeriste d’Alison Jackson et Erwin Olaf.
Pour ceux qui suivent l’actualité des stars, il a été l’un des fiancés de Claudia Schiffer et vu au bras de nombreuses stars comme Kylie Minogue, Elle MacPherson, Liz Hurley...
L’élégant Englishman à Beyrouth, sur une invitation de Joy Mardini (propriétaire de Art Factum), est donc, depuis presque trente ans, l’heureux propriétaire de la galerie Hamiltons à travers laquelle a su imposer le marché de la photographie en Angleterre, en misant sur Herb Ritts, Richard Avedon ou Robert Mapplethorpe. Organisateur de la célèbre fête estivale de la Serpentine Gallery, Tim Jefferies a aussi développé sa vie mondaine et sociale car, selon lui, «le pivot du business d’un galeriste est de sortir et de rencontrer des gens».
Aujourd’hui, à presque 50 ans, il regarde vers Hong Kong, dont l’énergie lui rappelle celle de New York des années 1980. Mais aussi vers le Moyen-Orient, un «nouveau marché» pour celui qui avoue sans fausses manières être «un businessman de l’art». «Cela ne veut pas dire que je n’aime pas ce que je fais, ni que je n’ai pas une grande admiration et un grand respect pour les personnes avec qui je travaille», ajoute-t-il cependant.
Le choix des deux artistes exposés à Beyrouth s’est parallèlement fait avec Joy Mardini sur des critères «commerciaux». «Nous ne sommes pas un musée ni une association caritative, affirment en chœur les deux galeristes. Il s’agissait de trouver deux photographes aux genres complètement différents, mais qui font des choses de bonne qualité, artistiquement compatibles avec les goûts des Libanais, tout en leur faisant découvrir de nouveaux horizons.»
Une manière, pour la Hamiltons, d’apporter son soutien à «une nouvelle galerie, implantée dans une région en voie de développement et qui s’intéresse à la photographie, un art encore émergent dans ce pays», selon son sémillant propriétaire. À Londres, des expositions photo sont régulièrement organisées dans les murs de la Hamiltons et sont ouvertes au public passionné de belles images sur papier glacé.
Tim Jeffries commente les nouveaux comportements de collectionneurs: «Le marché de la photographie augmente chaque jour. Le marché de l’art est devenu comme un “safe haven” (un emplacement sûr) pour les nouveaux collectionneurs qui cherchent à stocker des valeurs. Auparavant, par exemple, les pop stars collectionnaient des œuvres d’art comme symboles d’un statut social et culturel, d’une certaine éducation, mais aujourd’hui, la musique est liée à l’art, et les stars achètent des œuvres pour enrichir leur vie.»
Faut-il alors voir cette première collaboration avec Art Factum comme un ballon d’essai? «Les gens ici sont formidables, répond Tim Jeffries. L’énergie de ce pays est intoxicante. C’est un incubateur très riche pour les idées, le business et la créativité. J’aimerais bien faire venir des artistes de très bonne facture, le top du top.»
En attendant les grosses pointures, gargarisons nos pupilles avec les poèmes photographiques de Tomio Seike. Dans l’écurie Hamiltons depuis un quart de siècle, il présente dans Glynde Forge un essai photographique sur la poussière. Le photographe japonais a traqué les petites particules qui habitent l’espace grisâtre et rouillé d’une ancienne forgerie sur laquelle il est tombé par hasard en empruntant un chemin attenant. Sur ces clichés minimalistes, il explore toutes les nuances du gris, du poudreux au pointillé.
Diplômé de l’Académie photographique du Japon (1970), Seike travaille en indépendant. Depuis sa première exposition, Zoe, en Grande-Bretagne en 1985, il se consacre entièrement à la photographie. Depuis 1987, il vit entre Tokyo, Brighton et Paris. Un requiem en images pour célébrer la vie et la mort d’une forgerie artisanale perdue dans les fins fonds du Sussex, «par un artiste pointilleux sur la qualité de ses photos, qui ne les développe qu’au Japon, à cause de la qualité de l’eau qui lui rend de bons imprimés. Il produit trente photos par an et parfois, rien du tout», précise Jeffries.
L’exposition nous emmène aussi dans le désert australien avec Murray Fredericks. Au sud de l’Australie, au cœur d’une nature aride et magnifique, le photographe livre de sublimes images. Des images prises en time lapse (photo numérique par assemblage pour obtenir ces vues panoramiques à couper le souffle) entre 2003 et 2010, lors des dix voyages que Fredericks a entrepris afin de capturer l’essence des étendues désertiques du bassin du lac Eyre.
Salt, un documentaire court, réalisé avec le cinéaste Michael Angus sur ces voyages extrêmes et réalisés toujours en solitaire, les raconte avec subtilité, et un humour grinçant et doux. Un peu à l’image de ces horizons délavés à admirer à perte de vue.

Maya GHANDOUR HERT
 
Costume superblack, chemise blanche immaculément amidonnée, grosse montre en or de collection, mèche brushée, sourire ultrabright et bracelets en cuir sertis de crânes diamantés. Tim Jeffries n’a rien oublié de sa panoplie de golden playboy pour accompagner l’exposition qu’il présente à la galerie Art Factum. Les spécialistes du marché de l’art le...
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