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Culture - Festivals

Leila à la rencontre de Dyonisos

Clôture du Festival de Baalbeck avec le groupe pop-rock libanais Mashrou’ Leila, face à un public conquis d’avance.

Mashrou’ Leila distille sa poésie face à un public conquis. Press Photo

Dans le temple de Bacchus où s’est produit le groupe, on célébrait, il y a 2 000 ans, Dyonisos, le dieu de la vie. Et c’est un peu de cette ivresse de vivre que Mashrou’ Leila a communiqué aux festivaliers en ce dernier soir de festival.
Pour le public – la plupart des jeunes fans de la première heure – l’histoire de «Leila» est connue: en 2008, sept étudiants de l’AUB jamment le temps d’une nuit. Au fil des prestations scéniques, mais aussi du bouche-à-oreille et de la diffusion de leur musique via Internet, le «projet d’une nuit» se mue en phénomène, au Liban, ainsi qu’au-delà des frontières (le groupe est notamment apprécié en Égypte où il s’est produit plusieurs fois).
Dans l’écrin intime du temple à ciel ouvert, le public découvre, en début de concert, une série de nouvelles chansons : ambiance funky et déhanchés lascifs, l’heure est à la fête. La voix de Hamed Sinno, au timbre si particulier, fait vibrer l’audience et le violon de Haig Papazian confère aux mélodies une saveur entêtante. Avec ces nouvelles compositions, la volonté du groupe d’expérimenter et de mixer différents univers sonores demeure intacte : la basse d’Ibrahim Badr se fait groovante, les claviers d’Oumayma Malaeb flirtent du côté d’intonations très rétrokitsch. Sinno explore les possibilités de ses cordes vocales, en scattant, déclamant, et posant sa voix sur les variations d’un magnétophone qu’il active auprès de son micro.
L’interaction avec le public fait figure de déclaration d’amour. Le chanteur lance un « c’est fou ce que vous êtes beaux, ici, dans ce temple ». En retour, une rose est envoyée depuis le parterre à son attention. Des signes et des sourires sont aussi constamment échangés avec l’audience. Une belle générosité sur scène pour le groupe qui a titré son dernier album El-Hal Romancy.
Viennent ensuite les tubes à succès tels Fasateen, Raksit Leila, Imm el-Jacket, et, bien sûr Chemm el-Jasmin, qui leur a valu un duo avec le trompettiste Erik Truffaz lors du Liban Jazz Festival en juin. Le public connaît les paroles et couvre à plusieurs reprises la voix du chanteur. Marie-Elena, italienne assistant pour la première fois à un concert du groupe, ne comprend pas le sens des chansons, mais affirme que «c’est assez fascinant pour moi d’être touchée par cette musique, avec cette langue si étrangère à la mienne». Elle ajoute: «Il y a pourtant aussi quelque chose qui m’est familier, par rapport à un certain style de musique alternative que l’on peut entendre en Europe.» Et pour cause, l’univers du collectif est pluriel, leurs influences aussi diversifiées que le jazz, la musique balkanique, le tarab, la pop ou l’électro.
Au registre de ces inspirations, la reprise de Clint Eastwood du collectif anglais Gorillaz, bien connue du public. Autre moment agréable de la soirée, c’est lorsque le groupe revisite en arabe le classique Ne me quitte pas de Jacques Brel, une chanson en phase avec ses thématiques de prédilection, dont la poésie fait la part belle aux désillusions sentimentales.
Au bout de deux heures de concert, les festivaliers ont la tête dans les étoiles. Dans quelques jours, le groupe s’en ira distiller sa pop inclassable sous d’autres cieux – au Paléo Festival de Nyon, entre autres – avant l’enregistrement d’un troisième album prévu pour le mois d’octobre à Montréal.
Cet événement, souligne Nayla de Freige, présidente du comité, a été un tournant dans la vie du Festival de Baalbeck. En effet, un nouveau public, exclusivement jeune, découvrait pour la première fois aussi bien la ville du soleil dans laquelle il a déambulé en touriste que le temple lui-même éclairé de nuit.
Une initiative à suivre.

Hélène BAQUET
Dans le temple de Bacchus où s’est produit le groupe, on célébrait, il y a 2 000 ans, Dyonisos, le dieu de la vie. Et c’est un peu de cette ivresse de vivre que Mashrou’ Leila a communiqué aux festivaliers en ce dernier soir de festival. Pour le public – la plupart des jeunes fans de la première heure – l’histoire de «Leila» est connue: en 2008, sept étudiants de l’AUB...

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