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« Pure Nostalgia » : le Liban vintage à l’ère du numérique

Pure nostalgia : Assaleh Era » : malgré son intitulé, la page Facebook de Imad Kozem n’est pas une simple expression de nostalgie, en images, d’une époque révolue. Les geeks et les geekettes (mais aussi le commun des facebookeurs) qui ont pu visionner les véritables trésors mis en ligne par le créateur du groupe, puis occasionnellement par ses membres, vous le diront : les souvenirs, c’est comme le vin, ils se bonifient avec les années.

La collection de voitures miniatures conservée avec soin par l’informaticien nostalgique.

Il affiche plus de 3 000 adhérents au compteur. Depuis les premières photos postées le 23 novembre 2010, le groupe Facebook intitulé « Pure Nostalgia : Assaleh Era » (Nostalgie d’une époque où l’authenticité primait) ne cesse de s’étoffer. Imad Kozem, informaticien de son état, « jadis enfant unique, donc très gâté », a passé son enfance à collectionner les jouets. À l’adolescence, il commence à amasser, en vrac, des sacs de boutiques, des menus de restaurants, des cartes d’abonnement aux plages et autres clubs, des affiches de cinéma, des revues de bande dessinée... À l’ère de Facebook, il en poste quelques photos, sur sa page perso. Réaction immédiate et enthousiaste de ses amis. L’envie de partager ses propres trouvailles le pousse à créér un groupe qu’il intitule « Pure nostalgie, Assaleh Era », ou PN pour les intimes.
Sur cette page, l’on peut voir des centaines de petits bijoux de photos, allant de celle représentant Bab Idriss en noir et blanc, à une autre montrant un troupeau de vaches broutant un terrain vague du côté de Raouché, ou encore celle du cendrier rouge sang de l’hôtel St-Georges, des volets turquoise de la rue Allenby, du passage racé d’une Cadillac jaune rue des Martyrs, du balcon du café Hajj Daoud...
Chaque jour, un petit concours fait le bonheur des visiteurs virtuels. Ils doivent reconnaître, sur la photo postée par le maître des lieux, quels sont les personnalités ou les endroits qui y sont représentés.
La page compte également sur les ajouts des nostalgiques invétérés, comme Mohammad Beydoun ou Gaby Daher, le collectionneur et auteur du fameux ouvrage intitulé Le Beyrouth des années 30. Parmi les commentaires les plus fréquents : « Wow, ya reit byerja3o hall iyyem » (ah si ces jours pouvaient revenir) ou encore « Di3an hal balad » (quel dommage pour ce pays).
Mais ce n’est pas uniquement par sentiment de nostalgie envers une époque révolue que Imad Kozem a construit cette page Facebook. Il cherche surtout à immortaliser des traces d’un Beyrouth qui s’envole en poussières.
« Regardez autour de vous, la ville est en pleine mutation, affirme Kozem. Sur le plan urbain, mais aussi géographique, démographique et social. Ces vieilles demeures, ces endroits mythiques comme les cafés de la rue Hamra, les plages du St-Simon... Pourquoi efface-t-on si cruellement la mémoire de notre pays ? »
Tout cela a créé un sentiment d’urgence et de dégoût chez le jeune homme. « Le changement est irréversible, affirme-t-il. Je me suis mis alors en tête un challenge. Celui de montrer aux Libanais, d’ici et d’ailleurs, des générations passées et présentes, mais aussi à tous ceux qui y seraient intéressés, le vrai visage du Liban, avant la façon horrible dont il a été défiguré durant les années de guerre et qu’il subit encore et toujours, d’une manière sans doute plus impitoyable aujourd’hui. »
L’absence d’ouvrages sur la période dite « âge d’or », des années 60 et 70, l’a poussé à aller plus loin. À vouloir « construire » un ouvrage encyclopédique, de quelque 450 pages, répertoriant des images de l’âge d’or du Liban.
Un beau livre, de « coffee table », comme disent les Anglo-Saxons, dont les recettes de vente iront à Tamanna, une association caritative ayant pour but de concrétiser les rêves des enfants atteints de maladies graves.
Pour réaliser son objectif, Imad Kozem a écumé les archives des journaux, et notamment celles de L’Orient-Le Jour, de 1965 à 1975. « J’ai épluché les feuilles une à une. Les publicités, surtout, illustrant à merveille le way of life de l’époque. » Il a frappé à la porte du ministère du Tourisme et réussi à obtenir, à force d’assiduité et de persuasion, plusieurs documents valables, notamment de la collection de photographies réalisées par l’Italien Fulvio Roiter.
Mais Imad Kozem a été aussi sur le terrain. Il s’est infiltré dans les ruines des Caves du roi, dans les sous-sols de vieux hôtels en ruine, tel un détective flairant les indices. Il est allé chez des particuliers, des amis, des personnalités, des collectionneurs, des archivistes, des descendants de propriétaires d’anciens restaurants, hôtels ou cinémas... Résultat de la chasse aux souvenirs : 34 440 photos sur son disque dur.
« J’ai eu le même sentiment que les archéologues en fait, s’extasie Kozem, patron par ailleurs d’une grande boîte d’informatique. Celui de pénétrer un univers révolu, de retourner dans le temps. »
Idem pour les visiteurs enchantés de découvrir un Beyrouth, un pays disparu ou qu’ils n’ont jamais connu.
Il affiche plus de 3 000 adhérents au compteur. Depuis les premières photos postées le 23 novembre 2010, le groupe Facebook intitulé « Pure Nostalgia : Assaleh Era » (Nostalgie d’une époque où l’authenticité primait) ne cesse de s’étoffer. Imad Kozem, informaticien de son état, « jadis enfant unique, donc très gâté », a passé son enfance à collectionner les jouets....

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