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Culture - Vient de paraître

Poésie, théâtre et critique littéraire

Dynamisme à tout vent aux éditions Dar an-Nahar, qui publie un recueil de poésie, une pièce de théâtre de Wajdi Mouawad (en version bilingue avec traduction en arabe) et un luxueux coffret de six volumes relié de cuir rouge d’Antoine Kazan.

Place au Parnasse français d’abord avec Kassaed faransiya (Poèmes français, 211pages) où des poèmes divers, aussi bien d’inspiration que d’époque, sont sériés, choisis et traduits en arabe par Haytham al-Amine, au gré de ses coups de cœur. Ainsi on peut lire des pages d’une vingtaine de poètes, favoris de la plume du traducteur... Côte à côte on retrouve aussi bien Ronsard que Rimbaud, Apollinaire, Éluard, Soupault, Breton, Hugo, Racine, Baudelaire, Mallarmé, Verlaine, Georges Brassens et une femme, Anna de Noailles. Belle promenade en sous-bois aux sentiers bien diversifiés que cette randonnée entre les rimes et les vocables ayant pour unique toit l’ébouriffant vent de la poésie. Y est même bien traduit ce vers célèbre, par sa musicalité, de l’Andromaque de Racine où les serpents sifflent sur les têtes...
Monde aux vocables différemment poétiques mais aux personnages un peu surprenants avec la Journée de noces chez les Cromagnons de Wajdi Mouawad («Erss soukan al-kouhouf», 181 pages pour les deux versions française et arabe) toujours traduit par Haytham al-Amine. Des bombes, une famille et le mariage de Nelly. Tout cela pour croire que, malgré les horreurs de la guerre, l’exil et les dissensions familiales, le bonheur est possible. Aire scénique pour conjurer le malheur et faire échec à la violence des luttes fratricides interlibanaises. Un texte fort, émouvant et poignant. «Journée de noces chez les Cromagnons, confie le dramaturge, a été écrit en 1991 au cours de la dernière année de formation à l’École nationale de théâtre du Canada. La version éditée ici est stratifiée de toutes les corrections, réécritures et restructurations auxquelles j’ai procédé durant ces vingt années qui séparent sa rédaction de son édition. Ce travail s’est fait à l’occasion des différentes productions radiophoniques et des centaines d’avis dont m’ont fait part toutes sortes de personnes sur ce qu’il “fallait” couper, ce qu’il “fallait” que ce soit.»
Ainsi ce texte, dans sa brièveté et sa beauté, pour tous ceux qui ignorent la langue française, est disponible dans une version arabe. On cède à la tentation, comme pour un petit avant-goût de lire ces pages, de citer ce passage où Nelly, au fiancé qui tarde à venir, au pic d’un effroyable bombardement, parle en ces termes:
«Regardez! Que c’est beau! Ces soldats tout en noir comme des tulipes noires, comme des perles noires. Écoutez! La beauté fait chuter le ciel. Et si le ciel chute, où le soleil se promènera-t-il? Il chutera à son tour dans la mer et un requin le mangera. Un requin a mangé le soleil...»
Antoine Kazan, une figure de proue de la culture libanaise. Décédé en 1973 à l’âge de quarante-sept ans suite à une foudroyante maladie qui ne lui a même pas laissé le répit de quelques jours, il n’en reste pas moins vivant dans la mémoire des amis, des parents, des fins lettrés et des poètes. L’édition de ce coffret de six volumes rassemblant la plupart de ses écrits, allant de la poésie aux critiques littéraires, en passant par des études diverses où se marient savoir, philosophie, droit, réflexion et connaissance, atteste aujourd’hui de sa grande activité dans le monde de la culture libanaise, ainsi que des multiples facettes de sa personnalité. Une personnalité polymorphe où on le retrouve tour à tour orateur, homme de lettres, avocat, conférencier, présentateur et poète. Et chacun de ces volumes reste un vibrant hommage à son souvenir, à sa plume, à sa culture, à son érudition.
On retient surtout ici les pages d’une poésie (recueil de l’œuvre complète, 88 pages) à la métrique bien claire et au subtil emploi d’une langue arabe bien châtiée et saluée avec respect et amitié par Saïd Akl. De la contemplation de la nature aux considérations de la vie, en passant par les intermittences du cœur, le mot et les associations verbales ont ici l’alchimique magie de la combinaison d’images radieuses et de sonorités portées par une douce musicalité.

 

E.D.

Place au Parnasse français d’abord avec Kassaed faransiya (Poèmes français, 211pages) où des poèmes divers, aussi bien d’inspiration que d’époque, sont sériés, choisis et traduits en arabe par Haytham al-Amine, au gré de ses coups de cœur. Ainsi on peut lire des pages d’une vingtaine de poètes, favoris de la plume du traducteur... Côte à côte on retrouve aussi bien Ronsard...

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