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Culture - Festival al-Bustan

Clôture émouvante en hommage à Walid Gholmieh

Dernière soirée musicale de la XIXe édition en hommage à Walid Gholmieh. Mais aussi féerie du clavier avec Maurice Nader qui a interprété, avec brio, des partitions modernes d’Addinsell et Gershwin.

Maurice Nader a électrisé la salle par son jeu hypnotique. Photo Farès Jammal

L’année dernière encore, comme si la vie n’avait que des promesses heureuses, il était parmi nous, dans ces mêmes allées de l’auditorium Émile Boustany, lui qui était fondateur et vice-président du Festival al-Bustan. Mais le destin en a décidé autrement pour nos retrouvailles en ce printemps sentant déjà bon les cerisiers en fleurs. En juin 2011, subitement, Walid Gholmieh avait rendez-vous, à la consternation générale, avec une partition qui s’appelle la mort...
Au festival d’Abou Dhabi, il y a à peine quelques jours, en présence de son épouse Elham et d’un aréopage de personnalités du monde des lettres et des arts, libanaises et arabes, un vibrant hommage a été rendu à celui qui a fait renaître le Conservatoire national supérieur de musique, fondé l’Orchestre libanais de musique arabe et jeté les véritables assises de l’Orchestre symphonique libanais, devenu aujourd’hui l’Orchestre philharmonique libanais. Ce même orchestre qu’il a laissé en legs et qui a officié ce soir-là sous la houlette de Gianluca Marciano.
À tout seigneur tout honneur, ouverture du programme avec le dernier opus du maestro, la Symphonie n° 6 dite «al-Fajr» (L’aube). Suite somptueuse d’images sonores pour une fresque orientale habitée de rythmes, de cadences, de couleurs et de mélodies.
Quatre mouvements pour une narration torrentielle où, entre notes cristallines d’une harpe, plainte d’un basson, nostalgie d’une clarinette ou d’un hautbois, les cordes ont des déchaînements impétueux avec des pianissimos surprenants. Contrastes nuancés pour la richesse d’une écriture orchestrale aux accents graves et tendus, sans ignorer la douceur de l’aube qui pointe, cette étincelle d’espoir qui luit par-delà toute angoisse ou tourmente, pour tout être vivant.
Gholmieh, fin mélodiste, était un homme d’action et de foi. Sa musique, puissante, passionnée, empreinte parfois de tragique, mais aussi d’une certaine spiritualité toute levantine, reflète ce tempérament de feu, cette quête du meilleur. On le redécouvre aujourd’hui, à travers une partition aux richesses variées, grâce à l’excellente direction de Gianluca Marciano qui a tout le flair de la sensualité et de la sensibilité orientale. Une partition qui a toute la splendeur d’un émouvant message de réconciliation avec soi, d’amour et de paix.
Pause habituelle et place à la morsure d’accords rageusement plaqués sur les touches d’ivoire du clavier par Maurice Nader en costume noir et chemise blanche. Lyrisme échevelé à la Rachmaninov avec le célébrissime Concerto de Varsovie de Richard Addinsell. Chromatismes vertigineux, fougue et impétuosité pour une œuvre brillante tout en bravoure et contorsions de doigtés. Défi habilement relevé par un pianiste mexicain d’origine libanaise à l’interprétation qui a du tempérament et du punch.
En seconde partition, pour le piano, la non moins célèbre et brillante Rhapsody in Blue de George Gershwin. Délicieuse et adroite combinaison de musique classique et d’éclats de jazz pour cette œuvre (qualifiée par certains esprits amers, lors de son apparition, de musique de nègre et d’autres, moins racistes, de musique sans forme!) devenue depuis sa création, en 1924, non seulement un incontournable classique du genre, mais un moment favori des auditeurs. Avec des solos pour piano renversants de prouesse d’exécution, de rythme audacieux et de célérité.
Tonnerre d’applaudissements pour Maurice Nader, qui a électrisé la salle par son jeu hypnotique avant de conclure, orchestralement, avec le sémillant Mambo du West Side Story de Leonard Bernstein. Allez! Tous à la bougeotte, surtout lorsque le chef d’orchestre qui se trémousse aussi franchement sur le pupitre avec une baguette qui va dans tous les sens...
Ovation délirante et retour sur scène du maestro Marciano, cool et ludique comme on n’en verrait pas même dans un rêve, dans un tee-shirt «maradonien» rayé bleu-blanc, avec flanelle à manche longue... Encore quelques déhanchements «mambo» avant que le public n’applaudisse en finale une valse tout en glissando et tempête de notes superaccélérées sous les doigts agiles et magiciens de Maurice Nader.
L’année dernière encore, comme si la vie n’avait que des promesses heureuses, il était parmi nous, dans ces mêmes allées de l’auditorium Émile Boustany, lui qui était fondateur et vice-président du Festival al-Bustan. Mais le destin en a décidé autrement pour nos retrouvailles en ce printemps sentant déjà bon les cerisiers en fleurs. En juin 2011, subitement, Walid...

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