Rechercher
Rechercher

Culture - Festival al-Bustan

Ara Malikian à tous les modes et à tous les temp(o)s

Un diable en boîte qui a pris la musique pour refuge ? Un génie de la bouteille qui accomplirait vos désirs les plus secrets ? Ou simplement un virtuose du violon qui a offert aux festivaliers des instants inoubliables ? Ara Malikian était hier soir tout cela et plus encore.

Malikian, un violoniste qui vibre de tous les pores de son corps. Photo Farès Jammal

Il est sans aucun doute le violoniste le plus expressif et le plus original de sa génération. Accompagné de Fernando Egozcue Quintet (Egozcue à la guitare, Moises Sanchez au piano, Miguel Rodrigañez à la contrebasse et Martin Bruhns aux percussions), ce maître de l’archet au jeu enchanteur et magique a ouvert de nouveaux horizons d’écoute.
Né au Liban d’une famille arménienne, mais ayant quitté tôt le pays, Ara Malikian a commencé à jouer en public à l’âge de douze ans. Remarqué à 14 ans par le maestro allemand Hans Herbert Joris, il obtient une bourse pour étudier à Hochschule für Musik und Theater Hannover. À quinze ans, il est le plus jeune élève admis à cette grande école. Il rejoint par la suite la Guildhall School of Music & Drama à Londres et travaille avec d’éminents professeurs. Mais Malikian est insatiable. Il veut tout embrasser, tout savoir. Il approfondira les différents aspects de la musique et ira à la découverte de ses racines arméniennes.

Un cocktail explosif
Ce trublion de la musique, parti d’un milieu académique et classique, mélangera les harmonies de ses ancêtres aux tonalités orientales et tziganes, en y ajoutant les timbres de la musique «Klezmer», un zeste de flamenco espagnol, de tango argentin, de rumba cubaine et offrira ce soir-là un cocktail détonant, explosif. Ses multiples «legato» (liés) suivis avec aisance et dextérité par des «staccato» (martelés), des sauts et des ricochets, titillent les muses et susurrent à l’oreille des dieux. Ange déchu du paradis (ce n’est pas pour rien que son nom a comme étymologie Malak) pour s’amuser avec les terriens, Ara Malikian devient, lors de cette soirée sous la coupole transparente du Crystal Garden, un véritable trait d’union entre les différentes cultures et classes sociales.
Chez lui, la musique n’est pas guindée ou collet monté. Vêtu d’un «sirwal» et d’un gilet exhibant ses bras nus, le derviche non tourneur mais sauteur vibre de tous ses pores, de ses muscles et de toutes les fibres de son corps. À cloche-pied, se pliant, s’agenouillant, sautillant et trépidant de joie, Malikian est ému de jouer dans son pays natal et de retrouver parmi le public des personnes qui manient le portugais en toute aise. Il est heureux comme jamais de partager ces moments avec Fernando Egozcue, tout comme lui établi à Madrid et avec qui il a créé cet ensemble de musiciens qu’il considère comme «les meilleurs d’Espagne». Entre les morceaux qu’il interprète de cet album intitulé With Closed Eyes et signé Egozcue, le violoniste s’arrête pour raconter son parcours, ses rencontres, «le passé de Fernando devenu un jour très important, dit-il, puisqu’il a été élu président des locataires de son immeuble». Le public rit, applaudit, intervient pour répondre aux questions. La musique devient un repas convivial en partage et Ara Malikian l’offre en toute générosité. Les titres se succèdent en une sorte de farandole rapide: joyeux comme Manu, composition dédiée à l’enfant d’Egozcue, d’autres plus nostalgiques comme Saudade (spleen portugais) ou Lejos (très loin).
Si Ara Malikian a visité plus de quarante pays et parcouru tous les continents, sa visite au Liban restera inoubliable. «Si on joue aussi bien et aussi spontanément, dira-t-il humblement au public en liesse, c’est parce que nous sommes portés par votre énergie.» Pour sa part, ce public sait tout aussi bien que c’est ce musicien brillant et fabuleux qui l’a transporté ce soir-là... tout près des étoiles.
Il est sans aucun doute le violoniste le plus expressif et le plus original de sa génération. Accompagné de Fernando Egozcue Quintet (Egozcue à la guitare, Moises Sanchez au piano, Miguel Rodrigañez à la contrebasse et Martin Bruhns aux percussions), ce maître de l’archet au jeu enchanteur et magique a ouvert de nouveaux horizons d’écoute.Né au Liban d’une famille arménienne, mais...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut